Je n'ai quasiment pas touché à la batterie depuis le décès de papa. C'est ridicule, je le sais bien, mais je n'ai jamais réussi à y jouer depuis, comme si j'en étais devenue subitement incapable. C'était grâce à papa que je m'y étais mise, c'est lui qui m'avait acheté ma première petite batterie d'enfant, lui qui m'avait appris les bases, qui m'avait fait écouter tous ces classiques, me rendant complètement fan de cet instrument. Simon savait aussi y jouer, et il aimait plutôt bien, mais n'avait jamais pris autant de plaisir que moi, son truc à lui c'était le piano, et ça aussi, ça venait de papa.
Alors je ne sais pas, peut-être que c'est justement ça le problème; peut-être que ça me rappelle trop papa. Les premières fois où j'ai essayé de me défouler en jouant quelques semaines après sa mort, je m'y étais installée et, une fois les baguettes en main, m'étais écroulée. Depuis, chaque fois que j'essaie de jouer, je fonds en larmes avant même d'avoir taper une fois.
Et c'est horrible, parce que mon unique façon d'évacuer n'est visiblement plus une solution, alors que j'en aurais bien besoin, après toutes les émotions que j'ai ressenties depuis le retour du seul homme que j'ai aimé.
Je m'étais souvent demandé si Simon avait continué à jouer du piano ou non. Après tout, il avait mis pause à sa vie, il avait complètement changé, je ne serais pas étonnée si lui aussi n'avait pas joué depuis deux ans.
Mais, il est neuf heures du matin, et j'entends une douce mélodie remplir la maison. Mon cœur ne peut s'empêcher d'accélérer à l'entente du son du piano, son que je reconnais comme étant celui de Yiruma.
Apparemment, il n'a donc pas arrêté de jouer. Et vraisemblablement, il n'est pas aussi idiot que moi et ne s'effondre pas avant même d'avoir appuyé sur ses touches.
Bien-sûr qu'il y a un piano dans cette maison-ci également, ainsi qu'une batterie. Nos parents savaient qu'on y jouerait encore même en faisant nos études. Il y a une pièce spéciale pour nos instruments, comme notre ancien chez nous, comme chez nos parents, parce qu'ils avaient tout prévu, comme toujours...
Et évidemment, Simon n'a pas tardé à se souvenir que cette pièce existait, puisqu'il y est actuellement.
Je réalise soudain que je suis dans le canapé. Le plaid couvre tout mon corps, et je suis allongée, preuve que je m'y suis endormie. Une bouffée d'angoisse m'envahit: est-ce que j'avais dormi collée à Simon? Bordel, je prie pour que ce ne soit pas le cas.
Je ne parviens pas à m'empêcher de me relever, et mes jambes avancent d'elles-mêmes. Sans même me contrôler, je me retrouve appuyée au chambranle de la porte, fixant le dos de Simon. Cette fois-ci, puisqu'il ne peut pas me voir, je ne me prive pas de le reluquer.
Il n'a jamais été très sportif, hormis le basket et le skateboard , il ne pratiquait aucun sport, surtout pas de la musculation, pratique qu'il a toujours détestée. Ce qui, comme beaucoup de choses, a dû changer, car je ne reconnais pas tellement ce corps que j'ai pourtant tant de fois admiré et touché.
Son dos est plus large, sans trop l'être, et est incroyablement bien dessiné. Je vois certains de ses muscles rouler sous les mouvements de ses mains, et je ne peux empêcher un frisson de me parcourir.
Il est divin.
Je n'aurais jamais cru pouvoir autant désirer un homme uniquement en voyant son dos, c'est tout bonnement ridicule.
Il a toujours été désirable et magnifique, je l'ai toujours trouvé incroyable, mais, son corps a évolué, il est devenu le corps d'un homme, il n'a plus celui d'un adolescent.
Bordel, je donnerai tout pour m'approcher de lui et le toucher, l'embrasser.
Tu ne peux pas. Tu le détestes, t'as encore oublié ?

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Et plus encore
RomanceLa famille d'accueil de Joy l'a adoptée quand elle était encore enfant, elle a donc grandi avec le fils de ses parents adoptifs. Ils devraient se considérer comme frère et sœur, pourtant Joy développe des sentiments tout sauf fraternels envers Simon...