Pélagie aussi !

20 / Rapprochements et truffe humide

Le policier qui s'est occupé de cette affaire de vandalisme de voiture voit avec soulagement tout le petit groupe partir du commissariat. Il s'assoit aussitôt et soupire. Il en voit passer des dingues par ici... mais alors là, c'était quand même le pompon !

Bon, en dehors de ça, l'affaire paraît simple. Ce Damien Dumoulin est dans la merde comme qui dirait. Parce que si la voiture était bien garée à un endroit où il n'y a pas de caméra de ville normalement. Il se trouve que plusieurs caméras au croisement juste avant l'entrée de la rue, l'ont filmé lui et deux de ses potes avec battes de baseball et barre à mine. La coïncidence est trop importante pour que ces trois là ne soient passés par là que par hasard. Sans compter qu'il doit bien avoir un ou deux témoins qui ne se sont pas manifestés. Des vieux probablement. Ça allait être du gâteau cette affaire.

***

Clotilde est repartie avec Nicolas, laissant à Pélagie et Faust le soin de régler leur compte tranquille avec Hercule comme seul juge. La jeune femme connaissant déjà l'allégeance du corniaud, elle ne s'attend donc à aucun soutien.

— Je suis désolé, dit alors Faust alors qu'ils marchent côte à côte, le chien entre eux.

— J'espère que votre témoignage ne va pas m'enfoncer. Sinon, il va falloir vous attendre au pire...

— Genre ? Vous allez défoncer mon nouvel appart à coup de batte ? réplique-t-il d'un air amusé.

— La batte est réservée pour les cas sérieux.

— Et je ne suis pas un cas sérieux.

— Non... Hé ! Attendez ! Votre nouvel appart ? Dites-moi que vous habitez à l'autre bout de Lille ?

— Question : combien de temps ai-je mis pour arriver jusqu'au commissariat après votre appel ?

— Pas longtemps... Ah ! Misère ! Vous habitez pas loin !... Ah ! Non ! Je n'ai pas compté le side-car...

— Le side-car n'a pas été mis à contribution. Je m'apprêtais à l'utiliser pour emmener mon « poney de concours » se dégourdir les pattes dans un endroit digne de lui.

— Donc vous n'êtes pas loin, lâche Pélagie d'un air sombre.

— En effet.

— Où ?

— Allons, Mlle Cervin ! Je ne vais pas vous donner mon adresse.

— Il me suffit d'aller au RH pour la connaître, vous savez ?

— Certes. Mais je ne crains rien de ce côté-là. Si vous faites ce genre de recherche, des rumeurs ne tarderont pas à courir. Or, je suis à peu près sûr que vous n'avez pas envie que ça arrive.

— Ok. Je m'en fiche de toute façon. Du moment que c'est pas dans ma rue.

— Ça n'est pas dans votre rue.

— Comme vous savez que... Vous êtes allé au RH ? Vous avez demandé mon adresse ?!

— J'ai été beaucoup plus subtil que ça, Mlle Cervin !

— Vous êtes insupportable.

— Je me préserve de coups de batte intempestifs. Rien de bien étrange !

— Comme si vous aviez craint quoi que ce soit. Avec votre « poney », sûr que personne ne vient vous chercher des noises.

— En dehors des chats, Hercule est une vraie pâte molle, vous savez. Il passe son temps à dormir et ne court que si je viens avec lui.

— Tu m'étonnes ! Moi aussi, ça me fatiguerait d'avance d'avoir à remuer une telle carcasse.

Hercule approuve d'un « wouf » amical, ce qui fait sourire Faust.

— Je crois qu'il vous aime bien.

— Pas moi, réplique la jeune femme alors que le « poney à poil long » se tourne vers elle.

Elle pourrait jurer qu'il lui lance un regard peiné. Ça peut se vexer un chien ?