Pélagie aussi !

42 / La femme parfaite ressemble à Grâce Kelly

Faust avait accepté l'invitation pour dépanner son frère, Siegfried Wagner-Smith - Oui, ses parents ont effectivement beaucoup d'humour. Bien caché, cela dit -, qui se trouvait bloqué au States pour deux jours encore. Or, cette soirée était importante pour sa femme, Miléna, dont le travail dans le caritatif n'est pas juste une façade. Elle s'investit beaucoup. Donne beaucoup. Notamment aux orphelins du monde entier.

Quelques années plus tôt, Miléna avait appris qu'elle n'aurait jamais le bonheur d'avoir un enfant. Au lieu de s'effondrer totalement, elle avait décidé d'adopter tous les enfants du monde. Un cœur généreux. Une femme splendide aussi.

Faust savait qu'en entrant à son bras, personne ne le verrait autrement que comme le chanceux qui avait l'honneur de l'accompagner. Cela ne le gênait pas. Enfin, jusqu'à ce qu'il aperçoive le visage de Clotilde, tout sourire.

Si la blondinette était là... Pélagie ne devait pas être loin. Merde ! Sa couverture allait en prendre un coup. Mais il ne pouvait pas s'éclipser. Il avait promis à son frère de rester avec Miléna tout au long de la soirée.

Siegfried était assez jaloux. Ce qui pouvait se comprendre quand on voyait sa femme. Mais il ne lui reprochait rien à elle. Il savait juste qu'inévitablement, en son absence à lui, certains tenteraient leur chance, même si elle ne cessait de repousser les prétendants, telle Pénélope en son temps. Ce qu'il voulait éviter, ça n'était pas qu'elle succombe - il avait une confiance aveugle en elle - mais qu'elle soit importunée par de sombres crétins.

— Il y a un problème Faust ?

Ah, oui ! Miléna est aussi très sensible à son entourage. Il est assez difficile de lui cacher quoi que ce soit.

— Je ne te cache pas que je viens de voir quelqu'un que je ne pensais pas rencontrer ici...

— Une femme ? demande Miléna en souriant.

— Une femme de la société que j'espionne en ce moment. J'ai peur que ma couverture ne fonde comme peau de chagrin.

— Il suffit que nous soyons coordonnés pour éviter cela. Je sais que tu t'es forcé à venir pour faire plaisir à ton frère, je ne voudrais pas que cette soirée te fasse perdre plusieurs semaines de travail.

— Miléna ?! Je suis content d'être avec toi ! C'est juste... mais de toute façon, ça n'a pas vraiment d'importance. Je finis le « stage » dans quelques jours. Je sais qui est à l'origine des fuites d'argent. Je vais pouvoir retourner à ma vie...

— On dirait que tu le regrettes.

— Absolument pas.

— Hum... Tu vas rester pour Noël quand même ? Tu ne viens pas souvent en France... ce serait bien que les deux frères soient au repas de famille. Pour une fois...

— Je ne sais pas comment tu le supportes tous les ans ? Mais oui. Je peux envisager de rester jusque-là.

— C'est gentil. Tu sais tes parents ne sont pas aussi... sévères qu'ils le prétendent.

— Et toi, tu es bien trop gentille. Mais je verrai tes parents avec grand plaisir.

— Eux aussi seront contents. Parfois, je me demande s'ils n'auraient pas préféré que je t'épouse toi, plutôt que ton frère.

Faust éclate de rire... La blague est un rituel, les deux frères ayant un physique très proche. Leur caractère par contre...

— Miléna ! Je te le dis ! Ça n'aurait pas collé entre nous. Tu es beaucoup trop parfaite. Siegfried est fait pour toi et réciproquement.

La jeune femme n'a jamais eu de doute là-dessus. Elle accompagne son beau-frère en riant à son tour.