Faust avait vu juste. Là, entre les lignes, il constatait l'anomalie infime. Indétectable pour qui ne cherchait rien. Mais indubitablement là. Il relève l'erreur et passe au bilan suivant.
Quand la multinationale américaine pour laquelle il travaille avait décidé de s'implanter en Europe par l'intermédiaire d'une agence de com, les recherches s'étaient d'abord portées sur les entreprises dans les capitales. Mais rien ne convenait. Soit surévaluées, soit insignifiantes, la chasse avait tourné court.
C'est Faust qui avait eu l'idée d'élargir les recherches à la périphérie. Et il était tombé sur une campagne qui l'avait emballé. Une campagne rondement menée par Compact Communication. Sans être gigantesque, cette société lilloise menait sa barque habilement avec des bureaux à Paris, Toulouse et Lyon. Ce qui lui permettait de rayonner sur la zone Europe sans aucun problème.
Des équipes dynamiques, un esprit innovant et audacieux. Une perle qu'entendait s'approprier les patrons de Faust. Sauf que voilà, en s'intéressant de plus près aux finances de la société, le trentenaire était tombé sur un os. Pire ! Une couille dans le potage !
Les comptes n'étaient pas justes. Il manquait des sommes importantes envolées de manière discrète, mais constante. C'était un coup à faire foirer le rachat... ou à le favoriser. Mais dans un cas comme dans l'autre, il fallait que Faust ait toutes les cartes en main.
C'est lors d'une réunion particulièrement houleuse où certains des collaborateurs avaient essayé de tirer la couverture à eux en accusant Faust d'avoir bâclé le dossier avant de le présenter, que l'un des big boss avait simplement émis la sentence suivante : il leur fallait plus d'informations. Le second big boss ajoutant que pour se faire, il leur fallait un espion.
Résultat : Faust Wagner-Smith se retrouvait « stagiaire » en reconversion chez Compact Communication. Lui qui, grâce à un parcours d'étude brillant, un travail acharné et une volonté indéniable, avait réussi à s'élever à tout juste trente ans, au prestigieux et enviable rang de bras droit des deux patrons de cette multinationale.
Quand la décision avait été prise, il avait tiqué. Était-ce une punition comme certains de ses collègues pensaient ? Ou bien une façon de lui montrer qu'il était le seul à pouvoir faire ça, le seul à qui on pouvait confier une mission de confiance de ce genre ? Il avait opté pour la seconde solution - il n'avait pas mentionné le fait qu'il avait indéniablement des origines françaises -. C'était plus gratifiant. D'autant que la mission était loin d'être aussi difficile qu'il l'avait cru en premier lieu.
Faust pense maintenant que l'auteur du détournement ne s'attendait sans doute pas à ce qu'une multinationale américaine s'intéresse à eux. Résultat : le maquillage était grossier, et la fraude facile à décortiquer. Restait à savoir qui exactement était l'heureux bénéficiaire des fonds dissimulés ça et là. Qui s'organisait en douce une retraite dorée ?
Faust s'étire le dos en grimaçant. Il faut qu'il se dégourdisse les jambes et le corps. Et s'il en croit le regard suppliant d'Hercule, il va devoir le faire sous la neige qui a commencé à tomber. Il se lève en soupirant, abandonnant son PC portable sur le canapé au milieu des dossiers et fichiers qu'il était en train d'étudier. Son salon ressemble au bureau d'un comptable en plein contrôle fiscal.
Il attrape son manteau sans que le chien ne réagisse. Couché sur le tapis du salon, la bestiole ne perd, cependant, pas une miette de ce qu'il fait. Faust s'amuse. Il prend son bonnet, met son écharpe lentement et extrait ses gants de son sac du boulot. Il met ses bottes. Puis dans un beau jeu d'acteur, il fait semblant de chercher la laisse dans le vestibule en se questionnant tout haut.
Après avoir fait mine de farfouiller partout, il se tourne vers le salon et découvre Hercule sagement assis derrière lui, la laisse dans la gueule, et le regard remplit d'espoir. Comme quoi, son « poney à poil long » est capable de discrétion quand il le veut. Un vrai ninja.
— Tu es sûr de toi ?! Hein ! Parce que ça caille dehors ! Pas question de juste faire un petit pipi vite fait devant la porte ! Je ne ressors pas avant demain matin...
Le chien ne bronche pas.
— Qu'est-ce qui me prend moi ? Comme si tu pouvais me comprendre ?
Le chien lance un « wouf » indigné. Bien sûr qu'il comprend !
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Pélagie aussi !
ChickLitPélagie est une fille énergique et protectrice. Très protectrice ! Surtout quand il s'agit de sa meilleure amie pour la vie, Clothilde. Alors quand Clo se trouve en danger à cause de son cœur d'artichaut, elle n'hésite pas une seconde. Elle fonce ! ...