60 / Épilogue

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Pélagie s'est assise au pied du sapin pour mieux lire les étiquettes des petits paquets qu'elle distribue aux enfants. Ils sont dix. Dix orphelins comme elle. Dix petits protégés de l'Institut envoyés par Mère Marie-Hortense.

C'est étrange, car Pélagie se souvient parfaitement de ces après-midis de noël. Elle aussi est allée dans les familles de mécènes, mais jamais chez les Wagner-Smith, ni chez les Werther. Elle s'en serait souvenue. Les premiers, parce qu'elle y aurait sans doute vu les deux frères. Impossible de passer à côté. Les seconds, parce qu'une déco pareille, ça restait collé à la rétine un paquet d'années.

Bref, elle aussi avait eu droit de manger des friandises chez des gens qu'elle ne connaissait pas. Elle avait eu droit aux petits cadeaux. Souvent des choses inutiles, mais qui restaient dans le cœur. Les siens, elle les stockait dans une boite en carton qu'elle avait récupéré à la lingerie de l'institut. La plupart des autres enfants les mettaient sur la petite étagère au-dessus de leur lit. C'était leurs trésors, qui parfois donnaient lieu à d'âpres tractations et à des échanges.

Alors, cette distribution de cadeaux était comme un baume. Un retour vers l'enfance qui, loin d'avoir été malheureuse et solitaire, lui avait donné la force et la détermination d'avancer dans l'existence sans craindre le pire.

La veille quand elle avait fait la connaissance du frère de Faust et des parents de Miléna, elle avait sauté à pieds joints vers un chemin de traverse. Un autre. Et elle ne s'en était pas trouvée étourdie ou hésitante. La main de Faust dans la sienne, la chaleur des sourires, la bienveillance des paroles étaient autant de cordes pour assurer son ascension.

Pélagie jette un œil à Miléna assise de l'autre côté du sapin. Elle croise son regard. Lui sourit. Elles se sentent sœurs parmi les exclamations de joies et de surprise des enfants. C'est un lien inexplicable, mais savoureux.

***

— Je crois qu'on n'est pas mal, là, commence Siegfried, confortablement assis dans un fauteuil, une tasse fumante à la main.

— Tu as raison. On est pas mal, répond Faust, assis sur l'accoudoir du même fauteuil.

— On les a bien choisies.

— Tu es sûr ? demande Faust amusé.

— Sûr d'avoir bien choisi ?

— Sûr qu'on les ait choisies et pas l'inverse.

Sur cette réponse évidente, la tête d'Hercule, jusqu'ici couché au pieds de Siegfried, se redresse et émet un « wouf » approbateur.

— Hercule est d'accord.

— Et Hercule a toujours raison.


** Bon, Je sais ! C'est un peu court... mais c'est une histoire de noël écrite à la va vite ! Peut-être que je la remettrai en forme dans quelques temps quand j'aurai fini de tordre le destin des soeurs Bennet 😉 **

Pélagie aussi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant