37 / Les « profanateurs de sépultures » sont parmi nous

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— Putain ! Vous êtes qui, à la fin ! Vous la surveillez ! Vous la protégez ! Vous êtes son garde du corps ? Un flic ?

— Vous... Vous me surveillez ? lâche Pélagie incrédule en fixant mini-« Hutch » déçue.

— Je ne suis pas flic. Pas garde du corps non plus. Mais on m'a obligeamment demandé de garder un œil sur la demoiselle pour s'assurer qu'elle reste en un seul morceau. Alors...

— Alors vous n'y êtes pas allé de mainmorte, dit Pélagie en s'approchant de Faust avec un regard contrit.

La jeune femme voit parfaitement la zone où le poing a rencontré l'os. Une chance que le « Vieux Stagiaire » soit solide. Il aurait pu avoir besoin d'aller à l'hosto.

— Qui vous a demandé de veiller sur moi ? demande-t-elle en attrapant de la neige pour la compacter avant de la mettre dans son écharpe et de la placer sur la blessure de Faust qui la laisse faire un peu stupéfait de l'enchaînement des évènements.

— Ça, c'est top secret, chérie.

— Chérie ? Non, mais vous vous croyez dans quelle série, là ?! Vous allez dégager fissa ! Et pas la peine de continuer votre boulot. Dites à votre employeur, qui que ce soit, que je ne crois pas une seconde au bobard concernant la voiture. Et que s'il ne se montre pas très vite, je ferai mon possible pour le débusquer. Non, mais sans blague ! J'en ai marre de toutes ces conneries ! finit Pélagie en attrapant Faust par le bras pour le faire entrer dans l'immeuble à sa suite.

— De rien ! lance mini-« Hutch » en souriant avant de disparaître.

Faust ne sait pas trop quoi penser. Immobile près de Pélagie dans l'ascenseur qui monte vers les étages, il se demande ce que tout cela veut dire. Manifestement, la jeune femme n'a pas beaucoup plus de réponses.

Elle le fait rentrer dans son appart sans rien dire, et fonce vers le congélateur pour attraper un paquet de petit-pois surgelés qu'elle met dans un torchon propre avant de lui tendre.

— Merci, dit-il en lui rendant son écharpe trempée de neige fondue.

— Vous avez fait une bataille de boule de neige avec des cailloux planqués dedans ? demande alors une voix guillerette derrière lui.

Clotilde émerge du couloir qui mène aux chambres. Elle est en pyjama rose pâle imprimé de milk-shake . Une merveille! Avec ses deux couettes, on dirait qu'elle a douze ans.

— Je croyais que tu voyais Nicolas aujourd'hui ?

— Plus tard. Alors ?

— Choc latéral avec un poing inamical.

— Tu lui a envoyé une droite ?!

— Non. Pas moi. Mini-« Hutch »

— Mini quoi ?

— Mini-« Hutch » ! Je te jure, c'était trop bluffant. Je crois que ma vie n'est pas une madeleine ratée, Clo ! C'est un putain de film de série Z où les « profanateurs de sépulture »* sont en train de transformer le monde pour le faire ressembler à « Starsky et Hutch » ! Ou alors je deviens folle !

— Je penche pour la seconde option... parce que sinon, c'est trop bizarre...

— Et pourtant, dit Faust en s'asseyant finalement sur l'un des tabourets du comptoir.

— Vous êtes d'accord avec elle ?

— Pas sur les profanateurs, mais sur le fait qu'il avait l'allure d'un mauvais acteur de série des années soixante-dix.

— Hé ! Ne dites jamais de mal de « Starsky et Hutch » ! Jamais ! Malheureux !

Le regard de Faust passe de Pélagie à Clotilde avec une certaine stupeur. Elles sont sérieuses ? Elles sont sérieuses...


* L'invasion des profanateurs de sépultures ou Invasion of the Body Snatchers, est à l'origine un film de 1955, réadapté en 1978. ça parle d'extraterrestre qui remplacent des humains en s'appropriant leur corps... "Charmant" et très amusant à voir aujourd'hui. Je recommande ;-)


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