43 / Dans la famille Wagner-Smith, je voudrais la...

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« Oh ! Mon dieu ! Elle rit divinement ! Mais qu'est-ce qui n'est pas parfait chez cette femme ? » se demande Pélagie alors que son cavalier, monsieur Constantin Delakis, l'entraîne plus loin au gré de la valse qui s'élève dans la salle.

— Vous vous intéressez à Mme Wagner-Smith ?

— Mme Wagner-Smith ?

— Oui. La magnifique blonde que nous venons de dépasser.

— Je... non. J'admirais sa robe.

— Ah ! Oui. Toujours parfaite en toute occasion. C'est un credo. Je pense ne jamais l'avoir vue en tenue décontractée.

— Vous la connaissez bien ?

— Moins que je le souhaiterais.

— Pardon ?

— Son mari est un cerbère, dit Delakis en offrant un énorme sourire à sa cavalière qui accuse le coup.

Donc le grec aimerait bien se taper la naïade, qui est la femme... de Faust ! Pélagie ne sait pas si elle doit vomir tout de suite ou attendre un peu. Elle décide d'attendre la fin de la valse pour rejoindre Clotilde. Elle doit partir d'ici au plus vite.

***

Faust a failli avaler de travers en voyant Pélagie au bras du grec, qui n'a de grec que le nom, puisqu'il est né à Berlin. C'est un Don Juan notoire. Et si ses souvenirs sont bons, Siegfried avait failli en venir aux mains avec lui à cause de l'assiduité avec laquelle il poursuivait Miléna un an auparavant.

— C'est cette femme ? demande Miléna en buvant elle aussi une gorgée de champagne.

— Heu... oui, c'est elle.

— Tu ferais mieux d'aller la sauver. Parce que sinon, elle va servir de casse-croûte à Delakis. Et c'est un déplaisant personnage. Tu le sais. Très déplaisant.

Devant l'hésitation de Faust, elle ajoute :

— Je vois les Delagrave près du bar. Je vais les rejoindre.

Faust agit donc presque instantanément. Il s'approche du couple de danseurs et force de manière polie Delakis à ralentir, afin qu'il puisse libérer sa cavalière. Pélagie semble étourdie, mais accepte de danser avec son « Vieux Stagiaire ». Est-ce qu'elle a compris que le grec était un piège à loup ? Peut-être. Pour autant, elle ne remercie pas Faust de son intervention. Elle commence par lui écraser les pieds, alors qu'il la mène aussi bien que le grec, et le fixe avec une certaine froideur.

— Je peux savoir ce que nous faisons, M. Wagner-Smith ?

— Et bien, il me semble que nous dansons, même si je reconnais que j'espérais mieux de votre part.

— Vous espérez beaucoup trop de moi, M. Wagner-Smith. Mais n'avez-vous pas peur que cela jase ?

— Pardon ?

— Et bien, vous dansez avec une femme plutôt voyante et vulgaire en laissant votre femme si parfaite au bar... ça n'est pas très correct surtout dans ce milieu.

— Ma femm... Oh ! Mais vous n'y êtes pas du tout... J'adore les scandales.

— C'est pour cette raison que vous faites un stage alors qu'à priori, vu que vous êtes à cette soirée, vous avez les moyens de racheter l'agence...

À peine l'idée a-t-elle franchi ses lèvres qu'elle fait son chemin dans son cerveau, mais Faust ne lui laisse pas le temps d'y réfléchir plus.

— Mais je suis peut-être un pique-assiette, comme vous et vos amis.

— Mes amis ne sont pas des pique-assiettes. Nicolas est manifestement de la haute. Il a une invitation.

— Donc, un pique-assiette comme vous, Mlle Cervin.

La jeune femme hausse les épaules. Elle se rend compte qu'il l'a habilement amenée vers le bar. Il s'arrête devant la beauté blonde. Sa femme.

— Mlle Cervin, je vous présente, Miléna Wagner-Smith, ma... belle-sœur. Miléna, Pélagie Cervin, ma... collègue.


Pélagie aussi !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant