Faust ne peut pas être discret. Pas avec un chien comme le sien. Pourtant, il fait en sorte de ne pas se laisser distancer, et ce, sans se faire remarquer. La filature a commencé un quart d'heure plus tôt et semble plaire à Hercule qui se prend pour un limier en reniflant le sol devant lui. Comme s'il était nécessaire de retrouver une piste, alors que la silhouette de l'inconnu est bien visible devant eux, tout comme ses traces de pas dans la neige fraîche qui se dépose sur le trottoir.
Quoiqu'il en soit, qui est-il pour briser les rêves de gloire de son corniaud de chien qui passe ses journées couché sur le canapé, alors que ça lui est formellement interdit, et qui, à l'heure du retour de son maître, va se poser sur son tapis personnel comme s'il n'avait pas laissé des traces de son passage coupable sur le mobilier défendu ? Hercule dans toute sa splendeur. Un « poney » qui pense avoir la légèreté d'une plume.
Toutefois, Faust devait bien reconnaître que, même si tout ceci tenait grandement du hasard, sans son chien, il ne serait pas sorti faire cette promenade nocturne sous la neige et n'aurait pas découvert ce mystère à élucider.
Quand ils avaient débuté leur promenade, Faust n'avait aucunement l'intention d'aller du côté de chez Mlle Cervin. Absolument pas. Pourquoi aurait-il fait ça ? Vraiment ? C'était donc un pur hasard s'il s'était retrouvé à longer sa rue par les jardins Vauban, en guettant la lumière de son appartement. Troisième étage à gauche.
C'était aussi un pur hasard s'il avait remarqué l'homme qui patientait près de son immeuble en fumant tranquillement, alors qu'il faisait un froid à pierre fendre. Et c'était par pure curiosité que Faust s'était mis à le suivre une fois que la jeune femme était apparue au coin de la rue.
Il avait trouvé son comportement étrange. Pourquoi attendre et partir au moment où elle arrivait ? Est-ce qu'il la surveillait ? Avec ce qui était arrivé à la voiture de Pélagie, Faust s'était demandé, si la jeune femme n'était pas en danger. À moins que l'inconnu ne soit un flic ? Mais à sa connaissance, on ne met personne sous surveillance ou sous protection après une plainte pour dégradation.
Même s'il n'a vraiment aucune raison de s'intéresser à ce problème - vraiment aucune -, puisque Pélagie Cervin n'est pour lui qu'une employée d'une société qui va être rachetée par ses patrons, et, surtout, ne l'intéresse d'aucune manière, « que les choses soient claires, Hercule », Faust a décidé d'en savoir plus. Il a donc pris sur lui de suivre l'inconnu avec la ferme intention de découvrir au moins son identité, sinon son but. Et tout ceci uniquement pour satisfaire sa curiosité. Uniquement. « Que les choses soient claires, Hercule ! ».
L'homme s'engouffre dans une entrée d'immeuble moderne et sans attrait. Faust attend quelques minutes pour voir si ça s'illumine quelque part. Bingo ! Deuxième étage. Deux fenêtres sans rideau. Faust s'approche alors de l'entrée et examine le panneau des sonnettes avec les noms des locataires.
Première surprise : l'immeuble est principalement occupé par des entreprises. Deuxième surprise : au deuxième, Faust a le choix entre une agence de recherche et un diamantaire. Il élimine la seconde option presque immédiatement, et prend la première. Mais qu'est-ce qu'un détective privé peut bien vouloir à Pélagie Cervin ?
C'est avec cette question en tête que Faust Wagner-Smith réintègre son domicile. Une énigme pour laquelle il n'a pas de réponse, mais qu'il compte bien éclaircir. Même si Pélagie Cervin n'est rien pour lui. Absolument rien. Son attitude n'est motivée que par l'impact que pourrait avoir sa découverte sur le rachat de l'entreprise Compact Communication. « Que les choses soient claires, Hercule ! ».
VOUS LISEZ
Pélagie aussi !
ChickLitPélagie est une fille énergique et protectrice. Très protectrice ! Surtout quand il s'agit de sa meilleure amie pour la vie, Clothilde. Alors quand Clo se trouve en danger à cause de son cœur d'artichaut, elle n'hésite pas une seconde. Elle fonce ! ...