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— Allons-nous réellement rester jusqu'à ce que nous mourrions ? demandé-je au capitaine.

— Je ne te retiens pas si tu trouves un moyen de fuir.

— Nous ne sommes plus que soixante-quatre à pouvoir nous battre !

— Nous perdons moins de cinq personnes par jour depuis trois jours. Nous avons notre rythme, nous pouvons tenir encore...

— Je suis là depuis une neuvaine, le prochain soutient doit arriver dans cinq. Nous ne tiendrons pas. Quand nous serons moins de quarante-cinq, nous nous ferons submerger, avec des archers ou non.

— Tu as étudié l'art de la guerre ? demande-t-il au lieu de rebondir sur le sujet.

— Je ne sais pas, pourquoi ?

— Parce qu'en effet, quarante-cinq c'est notre seuil critique pour tenir le goulot, mais il ne me semble pas te l'avoir communiqué.

— J'ai dit ça... comme ça, expliqué-je sans y croire moi-même.

— Tu te bas aussi bien que Soon, tu t'y connais en guerre. Si ce jeune idiot avait pu m'envoyer vingt gars comme toi...

— Capitaine Tan ! m'énervé-je.

— Seul, une nuit noire, tu pourras peut-être fuir par la falaise. Mais ce n'est pas le camp adversaire qu'il te faudra le plus craindre, c'est le nôtre. Les déserteurs encourent la peine de mort sans procès.

— Venez avec moi !

— Normalement, nous devrions avoir du soutien plus proche que tu ne le crois.

— Vous me l'avez dit vous-même, ils ne nous envoient même plus à manger !

— Ah oui, c'est vrai, soupire-t-il laissant transparaître sa lassitude.

Excédé par son comportement, je quitte sa tente. J'aide certains qui m'invitent à aller terminer de dépouiller le champ de bataille, c'est notre rituel. Quelques archers restent postés pour nous couvrir, mais en face ils n'ont pas l'air de vouloir nous stopper, même si nous ne nous risquons jamais à dépasser la limite de notre terrain. Le plus important est de récupérer les flèches, car comme la nourriture, nous ne sommes plus réapprovisionnés. Surtout que le camp adverse n'utilise pas ses archers puisque nous ne nous rapprochons pas assez donc chacun de nos projectiles nous est précieux – au moins la pointe.

Quand je reviens au milieu de nos tentes, le capitaine Tan sort avec vivacité de la sienne.

— Appelez les archers ! aboie-t-il.

— Qu'est-ce qui lui arrive ? murmure un blessé.

— Va savoir, répond un autre.

Sans prêter plus attention, je me mets dans un coin à nettoyer ma lame en attendant de rejoindre l'équipe qui doit aller chercher de l'eau. Sauf qu'on ne me laisse pas tranquille.

— Vyn ! hurle le capitaine.

— Oui ?

— C'est vrai ou pas ?

— De ? m'enquiers-je perdu.

— Que tu es bon avec un arc.

— Non.

Le capitaine me regarde, puis porte son attention sur Joh, un de ceux arrivés avec moi.

— Je vous jure que c'est vrai ! Il a fait les meilleurs tirs lors de notre évaluation.

Furibond, le capitaine Tan avance jusqu'à se planter devant moi et me tire par le col pour me relever.

— Alors ?

Frères EnnemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant