41.

18 1 0
                                    

Les ministres ne sont pas restés au palais, ils ont rejoint leur villa. Ils n'ont même pas conservé de garde personnelle, juste quelques domestiques qui fuient à mon approche. Je n'ai plus qu'à faire ma sale besogne devant ces pourritures abandonnées de tous. L'aisance avec laquelle je tue tous ces traîtres me donne la nausée. J'ai le sentiment d'être un dieu de la mort et de me rendre de maisons en maison pour faucher des vies qui se défendent tout juste.

Tout est là pour me faciliter la tâche, elles sont toutes regroupées dans la partie riche de la ville, certaines ont leurs habitations mitoyennes. Au lieu de sauver leur existence à tout prix, ils sont tous revenus dans leurs pénates récupérer leur pactole et leur bien précieux. Ils n'ont, semble-t-il, pas la même définition de l'urgence que le commun.

Devant les cris, les yeux écarquillés et traumatisés de leur famille, je les tranche, tous.

Le corps du dernier tombe. C'est le ministre du Budget Law. L'horreur qui s'est peinte sur son visage quand il m'a vu valait le détour. Il a essayé de m'assassiner à tant de reprises que je suis content de l'avoir gardé pour la fin, c'est une maigre consolation.

Sa famille, ses domestiques, tout le monde abandonne la cour de la maison et la charrette qui était en train d'être remplie de leurs effets. C'est bien tard pour fuir, mais leur sort ne m'intéresse pas, je suis sûr que l'empereur Yun trouvera un moyen de les contraindre où il enverra quelqu'un les éliminer.

Tan par exemple.

— Ne profitez-vous pas que je sois de dos ? demandé-je.

— Mon gars, pourquoi tu ne tentes pas de partir ?

— Parce que mon existence rendra le prince défiant envers Lya et la mettra en danger. Nous lui avons assez pourri la vie comme ça.

— J'aurais préféré que tu te fasses tuer en t'occupant des ministres, avoue le capitaine.

Avec un sourire ironique, je me tourne enfin vers lui.

— La finalité serait la même. Puis, je suis fatigué de tuer et c'est la seule chose que je sais faire.

— Lève ton sabre.

— Si ça allège votre conscience.

Imitant sa garde, je le charge. Pris de court, il place son arme pour anticiper la trajectoire de la mienne, il est vif, plus en forme que je ne le suis, tant mieux. Nous échangeons quelques passes, il est méfiant, il sait de quoi je suis capable. Une nouvelle fois, je fonds sur lui pour le forcer à parer. Sauf qu'au dernier moment, je dérobe mon acier et la peau fine de mon cou rencontre le tranchant du sien. L'effet de surprise, c'était ma meilleure chance, me voilà enfin allégé de tout.

Le sang jaillit, chaud, mes genoux ne tardent pas à ployer.

— Mon gars...

Le capitaine accompagne ma chute pour m'éviter qu'elle soit trop rude.

— Lya ne doit pas savoir, dis-je.

— Yun me l'a déjà dit. Officiellement, tu as disparu après tes méfaits et je ne t'ai jamais retrouvé.

— C'est moins douloureux que ce que j'imaginais. Mais j'ai drôlement froid.

Machinalement, le capitaine me masse les bras pour essayer de leur offrir la chaleur qui me fuit.

— Veillerez-vous sur elle ? demandé-je alors que mon corps s'engourdit et que la peur d'avoir fait une erreur vient titiller mon esprit embrumé.

— Je te le promets. Ma vie servira à défendre la sienne jusqu'au bout.

— Même... contre l'empereur ?

— Oui, il a promis de prendre soin d'elle, s'il manque à sa parole, je m'occuperai de sa sécurité. Part en paix mon ami, je suis certain qu'il tiendra sa promesse.

— Bien.

Mes yeux se ferment, le froid disparait, la moindre douleur aussi, mon esprit et mon cœur enfin en paix, je m'endors définitivement.

Frères EnnemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant