Attraper des arthropodes venimeux n'est pas une mince affaire, alors qu'avant l'exercice je pensais que j'aurais plus de mal à les dénicher qu'à les capturer, j'ai vite déchanté.
Avec le tissu de ma tunique, je me protège les doigts et glisse les scorpions mécontents dans une boîte individuelle. Immanquablement, ma technique étant bancale, je me fais piquer par l'un d'eux. La douleur intense me brûle comme si je laissais ma main au-dessus d'un feu. Ma seule chance a été que l'accident arrive alors que c'était le cinquième individu que j'emprisonnais. Et je l'ai eu ! Mince victoire, alors que je me sens dévoré par un incendie qui va crescendo et se répand par vague dans mes membres. Je m'interdis d'échouer et me le martèle pour donner de la vigueur à mes muscles qui s'endolorissent. Même si le mal est lancinant et me prend une énergie folle, accompagné de sueurs poisseuses, je me dirige vers la capitale.
Le chemin en pente me facilite tout juste la tâche. Chancelant, mon corps s'alourdit et à plusieurs reprises je rencontre le sol de la forêt, mais me redresse. L'héritier compte sur moi.
Ma détermination vacille à l'image de la traitrise de ma chair qui refuse de faire ce que je lui ordonne. Lever le pied devient une lutte de chaque instant. Mon cœur cogne mes os et recouvre tous les sons, même les gémissements qui m'échappent exponentiellement.
L'idée que je vais peut-être mourir dans les bois, dévoré par une bête si jamais je rends les armes ne m'inquiète pas, l'épuisement est trop présent.
De plus en plus tremblant, rongé par une fièvre impitoyable, je finis par capituler à l'orée de Pyo. Roulé en boule, je me maudis, mais je n'ai plus de force. Ma tête tambourine comme si un fou de guerre marquait le rythme d'une bataille impossible.
Excentré du sentier, dans un petit ruisseau sec durant cette saison chaude, je somnole. J'ouvre un œil quand une once d'énergie me revient, mais la flamme s'éteint vite pour me plonger dans le noir à nouveau.
— Bwan, attends ! On sait pas tout de ce qu'il fait Vyn !
Des voix fortes me sortent de ma torpeur, sans pour autant me donner le coup de fouet nécessaire pour me manifester.
— Merde, mais je te dis que j'ai un mauvais pressentiment ! Le Pyun, il est pas net. Il a peut-être buté Vyn sur le sentier.
— Il y a plusieurs entrées à la cité, Vyn n'est peut-être pas rentré par celle que tu surveillais. On vient à peine d'arriver dans la ville. Sans déconner, préoccupe-toi un peu plus de nous !
— Pour la quinzième fois, je t'oblige pas à m'accompagner, merde !
— Bwan, mais attend ! Marche moins vite au moins, tu me fais te courir après depuis tout à l'heure.
— Un truc cloche, merde, je sais vraiment plus comment te le dire.
Un blanc succède à la phrase et pendant un instant, j'ai cru rêver cet échange. J'ai tenté de me redresser pour voir, mais je grelotte et mes muscles semblent fait de cotons.
— T'as entendu ? s'inquiète Lao. Putain, y'a des bandits ! On rentre !
— Ils font un bruit chelou tes bandits, si tu veux mon avis.
La voix de Bwan se rapproche et il finit par me voir, me rassurant tout à fait.
— Merde ! Vyn ! Vyn ! Qu'est-ce qui t'a fait ce connard ? Où est-ce que tu es blessé ?
— J-j'ai ét-té piq-qué par u-un scorp-pion do-doré, bredouillé-je en tremblant comme une feuille.
— Merde, je savais qu'il avait des ennuis ! s'enorgueille Bwan en se tournant vers Lao.
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Frères Ennemis
AksiSe réveillant sans la moindre idée de qui il est. Vyn va croiser des usuriers dont il fait apparemment parti. Perdu entre sa morale et la dure réalité de la vie, il va vite apprendre que sans violence il ne fera pas long feu. Quand, petit à petit...