29.

5 1 0
                                    

Le prince n'est pas dans sa chambre quand j'y arrive, me dissimulant dans un coin, je patiente. Il ne tarde pas à m'y retrouver et renvoie son eunuque dès qu'il m'a repéré.

— Je ne pensais pas que tu viendrais ce soir, m'explique-t-il. La délégation du prince Anyl n'est pas partie, le général Chawn gère tout tout seul, je me demande si d'avoir écarté le diplomate ne l'arrange pas, au final. Tu as eu à nouveau des ennuis ?

— N-non, bredouillé-je conscient qu'il va sûrement mal prendre que je prenne des risques pour nous deux pour un sujet personnel. J'ai une question.

— Je t'écoute. Mun, je te trouve bizarre, tu n'as jamais eu aussi peu d'assurance.

— Est-ce que vous connaissez une dénommée Lya ? Elle serait rentrée à votre service il y a plus ou moins cinq ans.

— Évidemment que je connais ta sœur, s'amuse-t-il.

Je ne sais pas ce qui me perturbe le plus ; qu'il sache qui elle est – et aussi vite – ou qu'il pense qu'elle est ma sœur.

— Où est-elle ? m'enquiers-je le cœur au bord de la liquéfaction.

— Dans ses appartements, qu'elle drôle de question. Tu avais oublié Lya avant aujourd'hui ?

— Ses appartements, répété-je bêtement.

— Oui, je viens de chez elle à l'instant. Elle se porte bien si ce qui t'inquiète. Elle me tient toujours autant tête, mais c'est ce qui m'a charmé, comment lui en vouloir.

Impossible que nous parlions de la même, mais pourtant tout colle. Pourquoi a-t-elle fait ça ? Qu'est-ce qui m'échappe ?

— J-je...

— Elle ne sait pas que tu as survécu, je ne le lui ai pas dit. Elle se débrouillerait pour prendre le risque de te voir et elle nous demanderait à tous les deux que tu ne te mettes plus en danger.

— Je comprends, murmuré-je.

— Tu me sembles surtout perdu. Tu es sûr que tu vas bien, Mun ?

— Je ne me souvenais pas de tout ça, avoué-je. Je la pensais morte.

— Non, elle se porte bien, ainsi que nos deux enfants. Elle est toujours opposée à ce que je les envoie ailleurs étudier. Elle sait pourtant qu'ils sont en danger ici, mais elle préfère les protéger elle-même.

— Elle sait se défendre, dis-je pour faire bonne figure.

— Je sais bien, de toutes mes épouses, c'est bien celle pour laquelle je m'en fais le moins. En tout cas, si j'avais su que tu étais affligé par sa mort, je t'aurais rassuré plus tôt.

Me reprenant, je lui parle de mes recherches chez Soon qui sont infructueuses, mais que j'ai trouvée un coffre que je pense pouvoir ouvrir la prochaine fois.

— Soon était au palais, m'informe le prince. Il s'est entretenu avec Lya. Que quelques instants, je m'en suis mêlé dès que je l'ai vu. Elle ne m'a pas dit la teneur de leur échange, mais elle était très en colère. J'ai toujours peur qu'il essaie de l'embrigader dans ses plans. Elle tient à lui et comme elle pense qu'il est la dernière famille qui lui reste en dehors de ces murs, je la pense capable de commettre une folie.

— Vous avez bien fait, dis-je d'une voix atone.

Je reste calme, mais j'ai envie de tuer Soon, il arrive encore à voir Lya et il m'a fait croire qu'elle était morte ! Il va falloir que je lui touche deux mots ! J'essaie de ne pas juger Lya pour le choix qu'elle a fait d'épouser le prince. Surtout qu'elle ne l'a peut-être pas eu. Mais malgré ma bonne volonté, je me sens trahi. Mon cœur vient d'être arraché et jeté aux loups.

Frères EnnemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant