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Avec le capitaine Tan, nous nous sommes éloignés de Pyo et nous sommes installés dans un renfoncement près d'une cascade pour prendre un peu de repos.

La journée a été longue et j'ai énormément de questions qui tournent dans la tête, le capitaine Tan ronfle depuis un moment quand je cède enfin au sommeil.

D'un pas souple, je saute à bas du mur que je viens d'escalader, mon couteau au clair, je me rends derrière un premier vigile et l'égorge avant de faire le même sort au second qui ne m'a pas repéré avant le dernier instant.

Les deux corps inertes se retrouvent à mes pieds, je commence à me baisser pour tirer le premier et l'éloigner du passage que des pas cadencés troublent la nuit. Une patrouille de cinq gardes arrive avec des torches, moi qui pensais pouvoir entrer et régler l'histoire rapidement, me voilà coincé, je parviens à me cacher de justesse. Évidemment, l'alerte est lancée quand ils découvrent les cadavres. Une cloche ne tarde pas à sonner, rameutant tous les soldats présents dans le petit baraquement qui dessert le domaine.

Le ministre Seon aboie des ordres avec des accents de panique. Si je reste immobile, je suis un homme mort, ils vont me trouver et m'acculer. Je pourrais partir, mais j'aurai encore plus de mal les prochaines fois pour approcher ma cible, de plus, je ne peux pas me permettre de lui laisser le temps d'arriver au bout de ses magouilles contre le prince héritier Yun.

D'un bond, je me précipite sur les trois gardes qui fouillaient un recoin non loin. Je parviens à planter mon couteau dans l'épaule de l'un d'eux – sans réussir à le récupérer – puis d'un geste souple je libère mon sabre. Il me faut peu de passes pour venir à bout de ces trois, heureusement, car je dois rester mobile pour garder un semblant davantage.

Distribuant, coups de pied et de poings, tout en tranchant, je glisse au milieu des hommes qui se sont agglutinés dans la cour. Impossible de tout éviter, je prends volontairement une attaque de taille sur le bras pour achever un adversaire.

La furie ennemie redouble au fur et à mesure qu'ils voient leur mort se profiler, leurs offensives n'ont plus rien de discipliné. Ils hurlent plus qu'autre chose et s'agitent pour ne rien tenter de probant.

Mon acier ressort de l'abdomen du dernier homme. Je n'ai que quelques égratignures, je suis toujours apte à mener ma mission à bien. Le ministre des armées Seon n'est pas resté, il s'est caché dans sa demeure. Avec précaution, je rentre dans le long couloir qui dessert toutes les pièces que j'ouvre une par une. Je tombe sur quelques domestiques, sur sa femme et enfin je le déniche dans sa chambre, vêtu de sa robe bordeaux de ministre. Il n'était pas seul, son invité hurle et tente de fuir, je tranche sans réfléchir.

Le ministre des armées Seon pleurniche, implore à genoux. Je lève mon arme pour l'abattre, mais mon instinct me pousse à vriller sur le côté, juste à temps pour intercepter un sabre tenu par un homme habillé de noir, je ne discerne pas son visage, mais il bouge vite. Il a brisé le bois de la fenêtre coulissante sans même ralentir.

Fatigué, j'ai du mal à suivre et me fais entailler la joue et découvrir le visage. Comprenant que je suis dominé et avec aucune échappatoire, je fonce au contact de son arme et me perce le flanc dessus, malheureusement, dans la manœuvre, j'ai lâché mon sabre. Je délivre donc un puissant coup de tête qui nous fait reculer tous les deux. Gardant mon objectif de vue, je me jette sur mon acier, mais à la place de me lancer à nouveau dans une lutte que je ne peux pas gagner, je me précipite sur le ministre et lui tranche le cou.

Haletant, je me retourne pour faire face à l'homme masqué, étonné qu'il ne m'ait pas encore tué. Il me fait face, lâchant son arme et portant la main à la gorge, arrachant son masque. Ses yeux me capturent de par leur détresse, le gauche est souligné par un grain de beauté qui étrangement me marque en cet instant. Puis, je note sa bouche ouverte dans un O muet, avant qu'il ne me crache du sang au visage en s'étouffant. Sans force, il s'effondre à mes pieds. Derrière lui, l'arme dégoulinant de vermillon, Soon qui me lance un regard meurtrier.

Frères EnnemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant