La nuit est tombée et Soon n'est pas là. Ses gardes ne sont pas très disciplinés. Il y a trois groupes de deux qui marchent autour du bâtiment central. Ils discutent et l'espacement de leur ronde n'est pas régulier.
J'ai de la chance, il fait sombre, un orage de chaleur a éclaté non loin et il va sûrement se déplacer par ici. Il faut que je pénètre à l'intérieur avant d'être mouillé pour ne pas laisser de trace et j'espère que la chance sera avec moi jusqu'au bout et que les éléments se déchaîneront pendant ma fouille pour couvrir mes éventuels bruits. Il reste les servants de Soon chez lui, le couloir et la pièce où ils vivent sont éclairés, mais je crois qu'ils profitent de l'absence de leur maître pour se reposer.
Après avoir décelé une opportunité, je descends de mon perchoir pour m'infiltrer.
Le gravier dans la cour ne facilite pas la discrétion et je finis par devoir me replier derrière un des piliers qui soutiennent l'auvent de l'enceinte. Retenant ma respiration, j'attends que les hommes passent, ils ont accéléré et se sont approchés plus vite que ce que j'avais escompté.
Cette fois, je fais fi de la discrétion, il y a du vent, j'espère qu'il couvrira mon avancée. Une fois les hommes passés, je m'élance.
Le corps crispé par la peur d'être découvert, j'arrive néanmoins sans encombre sous l'alcôve de l'entrée de derrière. Je suis vulnérable à cet endroit, je tends l'oreille et espère qu'aucun domestique ne se tient prêt à accueillir Soon – même s'il a peu de chance de surgir par ce côté, mais sait-on jamais.
Le hasard me sourit, le couloir est bel et bien vide. Je n'ai aucun souvenir de l'intérieur de cette habitation, je n'y suis peut-être jamais venu et la dernière fois Soon m'a reçu à l'extérieur, je vais devoir explorer à l'aveugle. Heureusement que durant mes surveillances Soon ouvrait parfois les portes-fenêtres pour profiter du beau temps, car j'ai une idée assez claire d'où est sa chambre qui lui sert aussi de bureau.
Je m'y rends et m'y enferme avec précaution. La lumière du couloir filtre au travers du papier du panneau de la porte. J'aurais du mal à lire, mais c'est assez pour savoir où je mets les pieds.
Méticuleusement, je décide de fouiller en commençant par le premier meuble à ma droite. Il contient des affaires pliées avec soin. Je regarde avec application entre chacune et même dans leurs plis s'il quelque chose est dissimulé. Mais rien.
À l'extérieur, le vent a redoublé et des flashs lumineux déchirent les ombres à intervalle de plus en plus rapproché.
Dans le second meuble sont entreposés des romans. Certains me sont familiers, Tulan nous les a fait lire. Faisant preuve de zèle, je les ouvre tous et les feuillette au cas où une feuille ou des notes seraient fondues à l'intérieur du texte. Le travail est long et fastidieux. Mais la pluie c'est mise à tomber dru à l'extérieur, les gens ordinaires attendraient que ça se calme pour retourner dans leurs pénates, j'espère que Soon est de cet acabit.
Ma recherche ne donne rien. J'ouvre les tiroirs tout proches, ils contiennent des sceaux de l'encre, des papiers vierges, des bijoux, des dés et quelques brouillons de portraits.
J'ouvre une haute armoire dans laquelle se trouve le futon de Soon ainsi que quelques habits suspendus. Je ne laisse rien au hasard et je tâte tout ce qu'il y a. Tant pis si je dois revenir une autre nuit pour terminer de fouiller l'entièreté de la maison, comme je ne sais pas ce que je cherche au juste, je ne peux rien laisser au hasard.
Rien.
Une autre armoire, jumelle de celle que je viens de faire se tient de l'autre côté de la pièce, elle n'échappe pas à l'inspection.
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Frères Ennemis
ActionSe réveillant sans la moindre idée de qui il est. Vyn va croiser des usuriers dont il fait apparemment parti. Perdu entre sa morale et la dure réalité de la vie, il va vite apprendre que sans violence il ne fera pas long feu. Quand, petit à petit...