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Lao nous a vite fait quitter le sentier commun pour emprunter des passages de chasseurs.

— Tu veux pas faire une pause, Vyn ? Sans déconner, j'ai l'impression que tu vas crever d'un moment à l'autre.

— Pour la énième fois, non. Nous avons vécu pires toi et moi, je suis simplement essoufflé.

Mon camarade se contente de hausser les épaules.

La fatigue me gagne au fil de la tension qui baisse, l'urgence n'est plus immédiate, même si une peur primaire me serre les viscères. Je chute et grommèle, Lao ne se tourne pas.

— T'ai-je vexé ? demandé-je.

— Non, si t'es pressé de mourir, c'est ton problème, c'est pas comme si tu allais être le premier cette nuit.

Mon esprit embrumé s'éclaircit et la nausée me prend à l'idée qu'il vient de soulever.

— Combien d'hommes restaient-ils avec Tan ? osé-je.

— Vingt-six, en me comptant et en comptant le capitaine.

— Et des soldats du prince ?

— Vingt-et-un.

Obnubilé par l'avenir de Lya et mes échappatoires, je n'ai pas essayé d'estimer les morts et les blessés dans la cour.

— Et Bwan ? m'enquiers-je devinant déjà la réponse.

— Mort.

— Je suis désolé.

— C'était ton ami aussi, non ? À moins que tu aies fait semblant.

— Je n'ai rien feint avec vous. Je ne me souvenais pas de qui j'étais.

— Je te crois. Comment je dois t'appeler alors ?

— Mun, mais Vyn ne me dérange pas... Merci, d'avoir gardé confiance.

Lao m'offre la moitié de son visage où je devine l'esquisse d'un sourire. Il continue à avancer dans cet environnement qui me devient étrangement familier.

— Est-ce qu'on se dirige vers une cabane abandonnée ? lancé-je.

— Ouais, celle qui se trouvait pas trop loin du campement.

— M-mais... La femme de Tan devait mener Lya à l'ancien pavillon de chasse de la famille du capitaine, commenté-je perdu.

— Ouais, c'est là-bas, c'est pour ça que je sais où Tan et le prince sont allés. Une fois que je t'ai escorté, je rejoindrai les autres.

— Comment ça ?

Trop d'informations me parviennent en même temps et mon esprit fatigué ne sait plus à quoi penser.

— Le capitaine nous a congédiés, son dernier ordre a été de prévenir ceux restés au campement et d'aller nous cacher.

— Pourquoi ?

— Il a dit que c'était pas notre combat.

— Avez-vous accepté ? demandé-je en essayant de cacher mes intonations de reproche.

— Non, mais il nous a dit que pour la partie à venir, ils avaient besoin d'être discrets et de réduire l'effectif. Sans déconner, ça se tient, ils vont devoir se cacher et nous aussi. Les recherches seront plus compliquées s'ils ne savent pas dans quel groupe est le prince.

— Il a raison, dis-je me reprenant. Va rejoindre les autres, je connais le chemin.

— Vyn...

— Lao, prends soin de toi, dis-je pour couper court à toute possible objection.

Frères EnnemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant