Ma nuit fut courte et remplie de moments passés fugaces, dont certains du prince héritier Yun. De ses soldats en livrées vertes, d'entraînement à l'escrime avec certains d'entre eux. J'ai envie de croire qu'il m'a dit la vérité, sauf que ce dont je me souvenais avant collait aussi avec ce que me racontait Soon. Je ne sais vraiment pas qui je suis. C'est plus perdu que jamais que je me dirige à l'extérieur de la ville rejoindre les denrées que Soon nous offre.
Sans surprise, aucun garde ne surveille l'entrée, Soon a dû les soudoyer pour ne pas avoir de compte à rendre sur ce qu'il allait faire transiter.
À mon arrivée, au milieu des hommes et des sacs, se trouvent Pyun et Hown.
— Vyn ! m'interpelle l'adolescent. T'es vivant !
— N'es-tu pas trop déçu de me voir revenir ?
— Non, t'es un aimant à embrouilles, mais t'es un grand chanceux. Oh, il est trop classe ton nouveau sabre !
— Tu as un certain don pour toujours te retrouver avec des armes peu banales, commente Pyun.
— Pourquoi ? Celle-là aussi tu sais à qui elle appartient ? demandé-je avec aplomb.
— Non, mais le bois de la garde est de qualités.
— J'en ferai bon usage, alors.
Pyun reste sur ses gardes à mon sujet, c'était déjà le cas avant, mais il le cachait mieux. Son regard perçant me donne froid dans le dos. Je suis content de devoir ouvrir la marche pour me débarrasser de la gêne que j'éprouve.
Pendant que nous cheminons, Hwon me raconte toutes les choses géniales que lui a apprises Pyun. Même si je me méfie de cet homme, je suis réellement heureux de voir Hwon si épanoui.
La route est longue et un caprice m'a donné une envie folle de bifurquer pour aller où je vivais avant, mais n'oubliant pas mes responsabilités, je n'en ai rien fait.
Ma fatigue me pèse tout le trajet et une fois arrivés, c'est sans complexe que je m'affale. Le capitaine Tan n'est pas là et le sergent Shaun s'entretient avec Pyun, je tends l'oreille, mais n'apprend rien.
Plusieurs de mes camarades viennent me remercier d'avoir apporté de l'aide, leurs sourires me ragaillardissent, mais je peine à rester éveillé.
— Bien joué, mon gars ! me réveille le capitaine Tan alors que je ne m'étais même pas senti partir.
— Cap- Tan, dis-je en me relevant en sursaut.
Désabusé, il ne commente pas et m'entraîne à sa suite, sous prétexte de me montrer l'avancée des installations.
Les chantiers sont abandonnés, tout le monde est en train de se goinfrer. Quand nous nous retrouvons seuls sous les abris en constructions, le capitaine ne prend pas de détour :
— Tu as vu Yun ?
— Oui, j'ai vu le prince héritier Yun. Il m'a dit qu'il avait besoin de réfléchir à la situation. Et vous ? Vous savez ce que vous veut Soon ?
— Non, mon gars. Son homme m'a expliqué qu'il avait voulu éviter le gâchis de ma perte. Et il accepte de prendre en charge tout le monde ici pour un an. Si tu veux mon avis, il compte nous garder sous le coude pour une guérilla quelconque. Je suis parti depuis trop longtemps pour savoir ce qui se passe, mais je suis certain que nous aurons à souiller nos sabres pour lui.
— Je suis navré, dis-je par automatisme.
— Tu n'y es pour rien, mon gars ! On serait tous morts si on n'avait pas fui. Nous sommes des soldats, c'est notre boulot de mourir, mais autant le faire pour quelqu'un qui nous nourrit.
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Frères Ennemis
ActionSe réveillant sans la moindre idée de qui il est. Vyn va croiser des usuriers dont il fait apparemment parti. Perdu entre sa morale et la dure réalité de la vie, il va vite apprendre que sans violence il ne fera pas long feu. Quand, petit à petit...