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Trottinant avec le capitaine, j'essaie de comprendre pourquoi Soon nous aurait menti sur les soldats. Peut-être qu'il voulait simplement dresser le prince contre moi et que c'est l'excuse qu'il a trouvée pour lancer la discussion. Je n'en sais rien et la peur me noue les entrailles. J'ai peur pour Lya et j'ai aussi peur de devoir tuer mon frère.

Le sentier est étroit et nous ne pouvons plus avancer de front. Tan ouvre la marche, je fixe son dos, avant de le voir violemment me venir dessus. Je freine, mais pas assez promptement et il me percute. Je chute, mais lui se jette sur le côté pour éviter une attaque. Devant nous, avec sa balafre et un sourire victorieux se dresse Pyun.

— Yep ! nous salue-t-il avant de fondre sur le capitaine.

Tan roule dans le bord broussailleux pour échapper à la mort. Quant à moi, je fais une pirouette arrière, avant qu'un couteau ne trouve ma gorge. Pensant que c'est la fin, je stoppe le moindre mouvement, une tristesse infinie pour mon échec me serrant la poitrine.

— Tue-le ! hurle Pyun.

L'acier tremble contre ma peau, je saisis ma chance, j'écarte le bras en m'emparant de l'arme et la pivote contre mon adversaire. Avant de le voir, je sens que le couteau ripe contre des côtes au lieu de s'enfoncer, ma cible est plus petite que je l'imaginais, puis la vérité me frappe en même temps où je me retourne.

— Hwon ! crié-je horrifié.

L'adolescent grimace, la main contre son flanc se recouvrant de rouge.

— Mun ! m'avertit le capitaine, mais trop tard.

Pyun m'est tombé dessus, son sabre traverse mon épaule de part en part et m'épingle au sol contre Hwon.

Abandonnant son arme dans ma chair, la nouvelle Ombre de Soon s'extirpe de sa position pour éviter un assaut de Tan, mais je ne vois rien, tout se passe dans mon dos. La douleur me vide de mes forces. Mon souffle haché rencontre celui de l'adolescent sous moi, ses yeux exorbités reflétant la panique qui l'habite.

— Ça va aller, lui murmuré-je. Parviens-tu à respirer ?

Hwon se contente de hocher la tête. Aucun sang ne marque sa bouche, son teint livide est une conséquence du choc pas de la gravité de sa blessure. Je n'arrive pas à savoir, mais je crois que Pyun ne l'a pas touché quand il m'a immobilisé.

Les grognements des deux hommes dans mon dos me rappellent que selon l'issue du duel, je suis condamné. Puisant dans mes forces, je tente de me redresser, mais mon bras gauche est inutile, bouger le moindre doigt m'arrache des geignements et tout mon corps me semble fait de coton.

— J-je dois te tuer, bredouille Hwon.

— C'est ta chance, lui dis-je. Mais ça te hantera toute ta vie.

L'adolescent se contorsionne pour se glisser au sol et quitter ma masse. Sauf que me ressaisissant, je réalise que je ne peux pas le laisser faire et abandonner maintenant. Dans un effort pénible, je place mon avant-bras droit contre sa gorge pour l'immobiliser et y fait peser mon poids. Les larmes me montent aux yeux autant de douleur que de percevoir la détresse dans ceux de Hwon. Je me dégoûte, il se débat, augmentant la douleur de mon épaule. Il est trop jeune, pas assez musclé pour avoir une chance de me bouger. Ses râles me retournent l'estomac et... Et c'est plus fort que moi, j'arrête, je ne peux pas.

Hwon hoquette piteusement en reprenant son souffle.

— Fuis. Ne gâche pas ta vie.

Hwon s'agite à nouveau pour quitter la prison de mon poids et je le laisse faire, conscient que je condamne peut-être Lya. Mais que puis-je faire d'autre ? Devenir le meurtrier d'un gosse pris malgré lui au milieu d'enjeux qui le dépassent ? Il tente seulement de survivre.

Frères EnnemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant