𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 31 - 𝓛𝓪𝔃𝓪𝓻𝓸

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Pendant les deux semaines qui ont suivi le suicide de Lina, le bar est resté clos à la demande des danseuses. Juan a accepté, parce qu'il savait qu'elles n'auraient pas la tête à danser si elles venaient tout de même.

Elles ont toutes assisté à l'enterrement de Lina, auquel ses deux plus proches amies ont parlé. J'avais beau avoir vu Evie dépourvue d'émotions quand je l'ai connue, son visage était complètement fermé. Elle n'est pas venue à ma recontre et j'ai respecté son deuil. Je ne l'ai pas forcée à me parler depuis l'incident.

Juan avait été en garde-à-vue pendant vingt-quatre heures, mais avait été relâché pour faute de preuves. Il n'y avait aucune trace de lui sur le corps de la jeune femme. Il a été relâché, mais au fond de moi, je sais qu'il n'y était pas pour rien.

Aujourd'hui a lieu la réouverture du bar. La soirée est totalement dédiée à Lina, qui a demandé à tout le monde dans ses lettres de vivre leur vie à cent pourcent.

Je ne sais pas dans quel état je vais retrouver Evie. J'ai peur que cette perte l'éloigne brusquement de moi, mais je le respecterai si c'est le cas. Elle en aura sûrement besoin. Ce serait pareil pour moi si je perdais un de mes plus proches amis.

Alejandro a été dévasté de perdre l'amie qu'il considérait comme sa petite sœur. Il avait été touché par son histoire et ses confidences. Kenna a fait en sorte de l'aider pour remonter la pente au mieux, mais il n'ira pas dans le bar de sitôt.

Rio et moi avons décidé d'y aller, pour rendre un dernier hommage à Lina sur le lieu de son suicide. Au fond de moi, je me demande ce qui l'a poussée à faire tout ça, mais jamais je ne poserai de question à Evie à propos de la lettre qu'elle a lue, et encore moins à Alejandro.

Je rentre sur le lieu en saluant rapidement les hommes en costume qui assurent la sécurité des danseuses. Juan tient un discours à tenir debout sur l'incroyable danseuse qu'était Lina. Elle méritait bien mieux que des mots sortis de la bouche de Juan.

Les danseuses, qui étaient assises à deux tables, rejoignent enfin les hommes. J'aperçois Selena avec sa mine triste, mais elle est seule lorsqu'elle rejoint son ami. Peut-être qu'Evie ne viendra pas ce soir.

Je décide de demander directement à Selena si elle a des nouvelles d'Evie. Sa mine devient plus sombre et je redoute le pire. Faîtes qu'il ne lui est rien arrivé de mal...

-Vous n'êtes pas au courant ? Me demande-t-elle en baissant les yeux.

-Non, je n'ai eu aucune nouvelle d'Evie. Qu'est-ce qui se passe ?

-Elle est partie de Mexico City pour toute une année.

-Comment ça ?

-Vous ne saviez vraiment rien sur le courrier qu'elle a reçu il y a quelques semaines ?

-Selena, dépêche-toi de parler. Je n'ai pas parlé à Evie depuis ce soir-là. Où est-ce qu'elle est ? Elle est seule ?

-Non, ses parents seront avec elle. Elle est repartie sur la base militaire dans laquelle elle a grandi. Evie a accepté sa demande de remobilisation.

-Sa demande de remobilisation...?

-Oui... Je suppose qu'elle n'aurait pas aimé que je vous en parle, mais je me dois d'être honnête. Evie est d'une famille de militaires. Elle s'est elle-même engagée dès qu'elle a eu la majorité après le service militaire qu'elle avait fait à seize ans.

-Où est sa base ?

-Elle n'est pas très loin d'ici, elle est à Zumpango de Ocampo, dans l'état de Mexico.

-Mais elle ne peut pas rejoindre l'armée, elle a une prothèse !

-Elle avait besoin de changement. L'armée prend le dessus sur les contrats qu'elle a signé ici. Vous la reverrez sans doute l'année prochaine, si elle vous intéresse toujours.

Je lui lance un regard en coin alors que j'avance dans le bureau de Juan. Il est paisiblement assis sur son fauteuil, faisant comme s'il n'y avait jamais eu de suicide dans cette pièce.

J'attrape Juan par le col de sa chemise et la plaque contre le mur, sans qu'il n'ait le temps de réagir. Il a un mouvement de recul lorsqu'il me voit et grimace de peur.

-J'ai rien fait jefe ! S'exclame-t-il. C'est pas de ma faute si Evie n'est plus là !

-Tu savais qu'elle ne reviendrait pas et tu ne m'as rien dit ?

-J'ai essayé de la retenir, mais elle est partie le lendemain de son appel. J'ai voulu me rendre chez elle, mais elle n'était déjà plus là.

-Tu ne savais pas m'appeler quand elle t'a prévenu ?

-Elle ne voulait pas ! Elle savait que vous viendrez l'empêcher ! Elle a signé un nouveau contrat quand elle est venue !

-Tu viens de me dire qu'elle t'avait appelé !

-Et elle est venue, juste cinq minutes ! Elle a accepté de revenir danser pour vous l'année prochaine, vous avez juste à signer si vous êtes d'accord !

-Tu crois vraiment que je vais attendre un an qu'elle revienne ? En bon petit toutou ? Evie reviendra avant, et je ne la laisserai pas revenir ici !

-Mais on avait un accord, qu'elle dansait pour vous !

-Cet accord, c'était juste pour me rapprocher d'elle. Il n'y a plus d'accord qui compte maintenant qu'elle est partie.

Je le plaque une nouvelle fois contre le mur et le relâche pour qu'il s'écrase au sol. Je m'éloigne de lui et repars à ma voiture pour me rendre chez moi.

Merde, depuis quand Evie est une militaire ? C'est sans aucun doute de là qu'elle tire toute sa force.

Je ne suis pas prêt à rester un an sans la voir, mais je ne vais pas non plus faire sauter une base militaire pour le récupérer. Je peux tout de même tenter d'aller lui rendre visite, mais ce serait complètement con. El Padrino qui se rend à l'armée, ils n'attendent que ça.

Je la retrouverai, mais le jour où je la récupérerai, je ne la lâcherai plus jamais.

The Golden Cage - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant