𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 46 - 𝓔𝓿𝓲𝓮

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Mes rapports avec Lazaro ont bien évolué depuis le dernier coup de gueule que j'ai gagné. Tout ce que j'ai demandé a été exécuté. Il passe du temps avec moi, je peux sortir de la villa et il dort même avec moi.

J'ai découvert pourquoi ça le dérangeait tant de dormir avec une femme : Lazaro fait énormément de cauchemars qui le réveillent en sueur au beau milieu de la nuit. C'est assez épuisant de vivre ça en pleine nuit, mais c'est traumatisant de le voir dans un tel état.

Il vient encore de faire un horrible cauchemar, et j'ai préféré le réveiller au vu de son état de panique. Je lui tend une bouteille d'eau qu'il saisit avant de boire tout son contenu. Je lui tend ensuite une petite serviette et il frotte ses cheveux en soupirant.

-Tu devrais... Commencé-je avant qu'il ne me coupe.

-Ça passera.

-Lazaro, c'est presque tous les jours. Depuis combien de temps ça dure ?

Il détourne le regard et se laisse retomber dans le lit.

-Tu dois te reposer.

-Tu n'esquiveras pas cette discussion.

-Pourquoi on devrait parler de mes cauchemars, et pas de toi ? Je suis avec une femme qui a une jambe en moins, Evie. C'est pas n'importe quoi.

J'ai un léger mouvement de recul, et je décide de me rallonger dans le lit et me tourner dos à lui. C'est bien trop dur pour moi de parler de ça, très peu de personnes savent, elles se comptent sur les doigts d'une main.

-Ça va faire treize ans, lance finalement Lazaro au bout d'un moment. Treize ans que je passe mes nuits à faire des cauchemars et crois-moi, ce n'est pas une partie de plaisir. J'avais à peine dix-huit ans quand je me suis fait avoir en voulant être honnête.

Mes yeux s'ouvrent en grand sous la surprise. Je suis surprise que cela dure depuis autant de temps, mais surtout surprise qu'il m'ait avoué cela.

-Je venais de m'engager dans l'armée mexicaine depuis six mois, quand j'ai été touchée ici, à Mexico City. Ça a été la désillusion de devoir arrêter. J'ai été dans le coma, et je me suis réveillée avec une jambe en moins et un rêve envolé. C'était tellement dur pour moi que je ne faisais pas d'efforts pour marcher avec une prothèse, au début, et j'ai eu un déclic. Je devais me reprendre en main pour mes camarades qui n'ont pas survécu.

-Tu as perdu des gens que tu connaissais ?

-Je préfère ne pas en parler pour le moment. C'est encore plus dur pour moi que le fait d'avoir perdu une jambe et mon rêve.

-Très bien. Viens là.

Je me tourne face à lui et me réfugie contre son corps à moitié nu. Il enroule ses bras autour de moi et embrasse mon front avant de me dire de me rendormir, ce que je fais rapidement.

Lorsque je me réveille, je suis seule dans le lit. Lazaro est sans doute déjà parti travailler. Aujourd'hui, j'ai prévu de me reposer avant le grand rush : l'ouverture de la boutique éphémère et de la boutique en ligne de Kenna.

Elle est surexcitée à l'idée d'enfin se lancer et j'ai hâte que ça ait lieu. Grâce à mes apparitions publiques avec ses tenues, la presse mexicaine a repéré la future marque de ma belle-sœur qui s'annonce prometteuse.

Après avoir déjeuné, je décide de rejoindre Lazaro dans son bureau pour voir comment il se porte après cette lourde nuit. Je frappe à la porte et Lazaro la débloque, me laissant entrer dans le lieu privé. Je découvre que Kenna est présente, complètement en pleurs avec Lazaro, derrière son bureau, qui ne sait pas vraiment comment réconforter sa sœur. À son regard, je comprends que je soulage Lazaro d'être arrivée pile au bon moment.

-Qu'est-ce qui se passe ? Demandé-je doucement.

-Tiens regarde ça, me montre Lazaro en me tendant son téléphone. Elle panique.

-Je ne panique pas ! S'exclame Kenna. C'est foutu !

Je prends le téléphone et lis un article qui a pour sujet Kenna. Elle dévoile des photos très sensuelles de Kenna et Alejandro, montrant que Kenna a beau faire la parfaite mannequin qui veut lancer sa marque, elle a bien fait des erreur pendant sa jeunesse.

-Ça va nuire à mon image tout ça, je ne sais même pas comment ils ont eu ces photos que j'avais fait disparaître !

-Qu'est-ce que ça peut leur faire que tu aies fait des photos pareilles ? Tes clients attendent avec impatience ton travail depuis des semaines entières, ça ne va pas tout remettre en question. Tes followers te suivent pour la femme que tu es devenue, pas l'adolescente que tu étais.

-Tu crois ?

-J'en suis sûre ! Kenna c'est ton rêve, tu ne dois pas tout remettre en question à cause de ça, tu m'entends ? Tu vas réaliser ton rêve, tu vas vendre tes vêtements et si ta marque ne décolle pas directement, alors on trouvera des alternatives ensemble !

-T'es trop gentille pour travailler avec moi, je ne te mérite pas.

-On est de la même famille maintenant, pas vrai belle-sœur ?

Elle lâche un rire et essuie ses larmes avec un léger sourire.

-J'ai hâte que vous vous mariiez et ayez des enfants. Merci Evie, sincèrement, merci pour tout.

Elle me prend dans ses bras et sort du bureau en appelant Alejandro. Je fais le tour du bureau et rejoins Lazaro. Je m'installe sur le meuble et Lazaro ouvre son tiroir pour me montrer une pile de photos de Kenna et Alejandro.

-Kenna adore en glisser sous ma porte quand je fais quelque chose que je n'apprécie pas.

Je glousse et le regarde les ranger dans le tiroir. Je fronce les sourcils en voyant un dossier intitulé "Isis Gonzalez". Je sursaute lorsqu'il ferme brutalement le tiroir qui claque et il me détaille longuement du regard.

-Merci d'être arrivée à ce moment-là. Je ne sais pas comment je m'en serais sorti avec elle si tu ne l'avais pas réconfortée. Elle a vraiment hâte de tenir sa boutique avec toi, vraiment hâte même.

-Je suis contente de bien m'entendre avec ta sœur, c'est une très belle rencontre.

The Golden Cage - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant