Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] en cours

Le Chat et la Souris

Célia et Sergi Guerra sortirent de la Zone d'Accès Restreint de la patinoire olympique après un périple qui avait presque fait oublier à la jeune femme ses interrogations.

Le journaliste n'avait pas son pareil pour aborder les personnalités du monde sportif. Quels que soient leurs rôles, il semblait à l'aise avec tous, connaître le nom de chacun, au point de leur parler avec familiarité parfois. C'était presque épuisant rien que de suivre ses pérégrinations. Mais Célia devait reconnaître au personnage qu'il avait tout fait pour exaucer ses souhaits : ils avaient pu rencontrer non seulement les sportifs, mais aussi leurs entraîneurs et les équipes de soigneurs. Célia avait les yeux remplis d'étoiles.

Cerise sur le gâteau, la jeune femme avait pu obtenir un autographe de l'ancien champion Wayne Gretzky, qui était probablement le Hockeyeur le plus primé de l'histoire !

Après être sortis des coursives intérieures, ils émergèrent dans le grand espace de la patinoire, laquelle s'était considérablement vidée depuis la fin du match, même s'il restait encore ici autant de supporters que de personnalités issues de divers horizons sportifs.

Célia repéra rapidement, grâce à ses facultés particulières, la présence de Milan dans les tribunes officielles, en haut des gradins. Entre les loges VIP et les salles de presse, son compagnon semblait en grande conversation avec un personnage d'une soixantaine d'année. L'interlocuteur cachait sa calvitie avancée sous un bonnet qui contrastait avec la dignité raffinée, un peu anachronique, du reste de sa personnalité.

  – Qui est-ce ? se renseigna Célia auprès du journaliste, en les désignant tous les deux.
  – L'homme qui parle avec Milan ? Stefan Pavnic, je crois. Un membre du Comité International Olympique, une ex ponte de la délégation russe.
  – Dans quelle discipline ?
  – Le patinage.

Ils furent interrompus au moment de sortir de la zone tampon. Même si les contrôles étaient moins importants à cet endroit qu'à l'entrée de la zone d'accès réservée, qui plus est moindre encore dans le sens de la sortie, ils furent néanmoins arrêtés.

Deux gardes s'étaient portés à leur hauteur en exhibant les écussons du CIO sur leurs épaules. Ils étaient à peu de chose près vêtus comme les autres agents de sécurité, si ce n'est qu'ils étaient plus intimidants et austères.

  – Nos badges sont en règles, s'empressa de déclarer Sergi Guerra. Ils ont été vérifiés plusieurs fois.
  – Le vôtre oui, dit l'un des deux hommes en consultant les informations sur une volumineuse tablette numérique. Mais celui de madame ne comporte aucune identification physique.
  – C'est normal, c'est un badge invité, expliqua le journaliste.

  – Même les badges invités ne désignent qu'un nombre restreint de personnes, et madame ne figure pas sur cette liste.
  – Allons... messieurs... fit le journaliste, en prenant un air grand seigneur. Vous croyez que madame est une terroriste ? Je m'en porte garant, vous pouvez vérifier, je suis...

  – Attendez, Sergi, intervint Célia, en avançant vers les deux hommes. Je m'en occupe.

Le journaliste se laissa écarter, un peu surpris. La jeune femme ouvrit son plus grand sourire et déclara aux deux gardiens en les fixant d'un regard intense.

  – Tout va bien, messieurs, soyez sans crainte, vous pouvez nous laisser passer.

Les deux hommes froncèrent les sourcils devant cette voix ensorcelante. Ils dévisagèrent Célia et le plus causant répondit :

  – Je regrette, mais c'est non. Attendez ici la fin de notre vérification.

Célia, un peu déstabilisée par cette réaction, se retourna vers le journaliste, lequel était quelque peu surpris lui aussi.