Le Faiseur de Tempête

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– Eh ! Toi ! Oui, toi. Le faiseur de tempête !

Le technicien météorologue, qui s'était présenté sous le nom de Nikolaï dans le refuge auparavant, se retourna vers la créature qui l'interpellait dans la clairière.

Sortant de la tempête pour pénétrer dans l'œil du cyclone, Nikolaï vit avancer vers lui une créature à la fois effrayante et impressionnante. Ses canines disproportionnées exhibaient férocement sa nature de vampire, dévorant un visage autrement imprégné d'une beauté hors d'âge.

Le technicien en revanche était vêtu de sa longue salopette beige défraîchie, parcourue de bandes de signalisation rouges. Pourtant, en dépit de la jeunesse de son visage, il ne semblait pas redouter cette confrontation.

– Tu marches sur mes plates-bandes, pitoyable créature, gronda le vampire. Remballe ton matériel blasphématoire.

Le vampire déploya ses talents de fascination pour faire obéir cet intrus. Mais à ce moment, il comprit que l'équipement scientifique en arrière l'avait abusé. Ce n'était pas les machines qui produisaient la tempête. Elles n'étaient qu'une couverture... Les ondes d'énergie tourmentées venaient de l'individu lui-même !

– En général, je n'ai rien contre les vampires, répondit le technicien sans se désarçonner. Vous restez dans les villes... à nettoyer la vermine, et moi ici. Mais aujourd'hui, c'est toi qui marche sur mes plates bandes.

Comprenant qu'il avait affaire à un adversaire d'un autre acabit qu'il ne l'avait imaginé, un sorcier probablement, Radu Basarab abandonna ses tentatives d'emprise mentale, pour attaquer directement. Il n'avait pas la capacité de se téléporter, mais de se transformer, l'espace d'un instant, en un souffle de vent, en ombre intangible, capable de glisser à travers l'espace comme un murmure. En l'espace d'un instant, il se retrouva dans le dos du faiseur de tempête et planta ses crocs dans sa nuque.

L'attaque ne fut pas du goût de sa victime... Brusquement, les crocs du vampire furent comme repoussés en dehors du cou, avant même que le prédateur ait pu goûter à la texture de la chair. La peau du technicien avait durci comme une carapace, aussi solide et rugueuse que l'écorce d'un vieux chêne. Sa morphologie changea en même temps. Il grandit, tandis que ses bras grossissaient, s'allongeaient, comme des branches. Ses vêtements se déchiraient par endroits.

Radu Basarab avait déjà lâché prise, ne comptant pas se mesurer à telle créature. Ce n'était pas un simple sorcier qu'il avait face à lui, mais un esprit ancien et puissant, une force pure de la nature. Lorsque le "technicien" acheva sa transformation, il ne conservait plus guère que sa tenue de semblable à sa précédente apparence humaine. Son visage était déformé par d'épaisses cornes de cervidé. Son nez avait presque disparu au profit d'espèce de naseaux. Ses dents avancées lui donnaient un air prédateur et malsain. Deux sabots dépassaient de son pantalon désormais trop court, rendant ses chaussures inutiles.

Le vampire désormais faisait face à une créature bien plus puissante que lui, qu'il avait considérablement sous-estimée, qu'il ne se serait jamais attendu à trouver ici. Il est vrai que la pleine nature n'était pas l'environnement habituel des vampires, comme l'avait dit la créature, les villes constituaient leur territoire. Si bien que leurs connaissances sur les mystères du Caucase étaient par trop insuffisantes. 

L'Esprit de la Forêt toisa le vampire depuis toute sa hauteur, dépassant désormais les deux mètres. 

– Ne t'avise plus JAMAIS de venir me déranger, gronda-t-il d'une voix caverneuse. Ni toi ni aucun des tiens.

Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] en  coursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant