Большая ледовая арена

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Sotchi - Russie
12 février 2014


Une atmosphère festive remplissait l'esplanade de la station balnéaire d'Adler. La nuit était illuminée de lumières vives et colorées, baignée de musiques entraînantes. La foule se pressait avec engouement entre les allées et les constructions monumentales.

C'est ici, sur les bords de la Mer Noire, dans cet espace côtier en lisière de la ville de Sotchi, que battait le coeur de cette entité fabuleuse fondée par la civilisation humaine. La région accueillait pour une durée éphémère, rien moins que les Jeux Olympiques d'Hiver, un des événements les plus renommés et médiatisés des temps contemporains. 


L'ouverture des Jeux d'Hiver avait eu lieu cinq jours plus tôt, dans l'imposant Stade Ficht. Les épreuves et les festivités ne faisaient que commencer mais le parc olympique était rempli de supporters et de visiteurs. Des dizaines de drapeaux flottaient au vent, arborant les couleurs des pays participants.

En ce début de soirée, la foule se pressait tout particulièrement autour du Palais des Glaces Bolchoï. C'est ici en effet dans l'immense patinoire bâtie pour l'événement, que les Jeux accueillaient les très attendues compétitions de Hockey sur Glace.

Le Palais des Glaces était reconnaissable grâce à son architecture conçue toute en courbures, ses façades blanches et vitrées. Il ressemblait à une gouttelette d'eau gelée, ou disait-on à un œuf de Fabergé. Mais la nuit, sa structure d'aluminium, recouverte par des milliers de LEDs, s'allumait comme une guirlande en éclairant l'esplanade, permettant ainsi d'afficher les résultats des matchs en cours.


Ce soir, le Palais Bolchoï recevait les équipes de Tchéquie et de Suède, la seconde figurant parmi les favorites du tournoi. Ses 12 000 places étaient combles, il montait de l'intérieur une clameur gonflée par les harangues des commentateurs et le brouhaha général de la foule.

La compétition était intense, les gradins remplis de supporters vêtus aux couleurs de leurs pays, qui scandaient des slogans bruyants. On tapait des mains et des pieds, on criait, on congratulait ou huait selon les dispositions. Des étendards s'agitaient en tous sens.

Sur la glace, les athlètes se déchaînaient en rivalisant de virtuosité. Dans un camp, les joueurs en bleu menaient la danse, tandis que les rouges couraient après le score.

Trois colosses aux épaules disproportionnées se télescopèrent dans un formidable craquement. Leurs casques s'entrechoquèrent, du sang macula la visière de l'un d'entre eux. Emportés par l'élan, ils percutèrent la paroi transparente délimitant le terrain. Des cris, des insultes, résonnèrent dans les tribunes. Les arbitres se précipitèrent pour intervenir en vrillant la salle de leurs sifflets.

La partie reprit sous les huées et les acclamations mêlées. Toujours plus vite, toujours plus fort. Chaque tentative de débordement se soldait par des soulèvements dans les gradins ; et, sur le terrain, par de rudes empoignades contre les bandes de sécurité.

Soudain, comme une attaque échouait de quelques centimètres devant les cages de l'équipe rouge, manquant d'aggraver le score en leur défaveur, en provoquant une nouvelle rixe sur les côtés, une spectatrice située derrière les vitres protectrices aux toutes premières loges se mit à hurler :

  – Bon sang vas-y, cogne-lui dessus, te laisse pas faire, éclate-lui la tête !

Puis tandis que la mêlée se dispersait, la jeune femme qui venait de hurler ces paroles se retourna vers son compagnon, le visage enfiévré.

Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] en  coursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant