Societas Arcanum

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Societas Arcanum : c'était la mention affichée sous le tableau que contemplait Milan Lazsco, dans la chapelle du Château médiéval de Szilvár. Une représentation magnifiée des temps héroïques dans lesquels Angel Corp puisait ses racines, alors qu'elle n'était encore qu'une société secrète en devenir.

Sur le Tableau, révéré depuis des générations par les membres successifs du Conclave, se tenaient deux personnages dont on avait préféré taire le nom, de crainte de faire surgir des histoires supposément enterrées. Le premier que nous appellerons le Moine, était simple et idéaliste, rempli de la foi divine. Il avait compris l'essence paradoxale du monde et souhaitait ouvrir l'esprit de l'humanité à sa nature ambivalente. Le second que nous nommerons l'Ecclésiaste, était une figure déjà reconnue et autoritaire à l'époque. Il penchait quant à lui pour le secret et la régulation des phénomènes surnaturels. La légende voulait qu'ils aient les premiers recherché les Reliques Sacrées telles que le Saint Graal ou l'Arche de l'Alliance, par soif de connaissance et volonté d'accroître leur potentiel.

Ensemble, ils avaient fondé la Societas Arcanum, afin d'étudier les phénomènes surnaturels et ainsi pouvoir s'en défendre. Mais leurs désaccords profonds avaient fait d'eux des rivaux. Le Moine voulait encourager une nouvelle forme de civilisation, alliant les peuples de la nuit à ceux du jour ; l'Ecclésiaste préférait dissimuler la vérité aux peuples du jour et lutter sans relâche contre leurs ennemis nocturnes. Ainsi, l'Ecclésiaste avait quitté la Societas Arcanum pour établir les fondements de la future inquisition catholique, au sein même de la religion chrétienne. Le Moine quant à lui n'avait échappé à la destruction qu'en se fondant dans l'anonymat.

Cela s'était déroulé longtemps avant la naissance de Milan Lazsco. Longtemps avant celle de Béla Szilvár. Ce n'étaient que des mythes, en réalité, nul ne savait ce qui s'était réellement passé. Des Confréries plus puissantes que la Societas Arcanum avaient fini par disparaître, comme les illustres Templiers. Il n'y avait pas de place pour un adversaire aussi visible et influent. Mais la Societas Arcanum avait survécu, dans l'ombre.

Le Moine était devenu l'Oracle. Toujours présent, jamais apparent. Dans l'ombre, il recrutait ses disciples, depuis des éons. Il veillait à les avertir des dangers et des opportunités dont le monde recelait. En raison de la nécessité d'anonymat, d'abord face aux instances inquisitrices, puis face à l'émergence de la souveraineté des peuples, ils avaient mis du temps à s'organiser. Cela ne les avait pas empêchés de peser dans nombre de révolutions, et sur les idées émancipatrices de l'humanité, comme celles des Lumières. Ils avaient trouvé de l'aide en cela auprès d'une autre congrégation secrète, aujourd'hui éteinte.

Jusqu'à ce que l'ère moderne accouche de l'industrialisme, dans lequel ils avaient découvert un terreau favorable à l'éclosion de ce qu'ils savaient faire le mieux : innover, créer, bâtir. Ils s'étaient prodigieusement enrichis au cours du dix-neuvième siècle. Ils avaient pu recruter les plus talentueux individus dans chaque discipline, depuis la gestion de placements financiers jusqu'aux chasseurs de trésor, aux scientifiques débridés. Ils avaient été les pionniers dans de nombreux domaines, profitant chaque fois d'une avance considérable sur leurs rivaux.


Milan en était à ces pensées, lorsque Roman Benedict pénétra dans la Chapelle. Cet endroit, s'il était avant tout un lieu de méditation, était également une sorte de havre, dans lequel la vigilance du Protector ne pouvait parvenir. Béla Szilvár était née en des temps où la religion chrétienne était le plus grand ennemi des vampires. Elle en avait conservé des séquelles aussi bien physiques que mentales.

Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] en  coursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant