– C'était un bel assaut... murmura Milan à sa sauveuse. Mais c'est trop tard. Tu dois sauver ta peau, maintenant...
– Jamais, répondit Célia.
Les vampires avançaient de nouveau. En plus de Luwan Mbenga et ses sbires, certains se trouvaient sur les côtés, et d'autres encore derrière eux. Leurs proies étaient cernées. Pourtant, Célia puisait dans ses dernières forces de Stryge pour créer une barrière mentale retenant leurs pulsions vengeresses. Les vampires ne parvenaient pas à pénétrer dans le dernier carré de défense. Cet exploit était un peu comme si, à sa manière, elle contenait un raz de marée par la force de sa pensée.
Célia tremblait sous l'effort, les mâchoires crispées comme si elles allaient exploser. Milan sentait que la situation atteignait son paroxysme et suppliait mentalement la jeune stryge de partir, en utilisant ses dernières forces pour se soustraire à la vision des vampires, et fuir...
– Tu crois peut-être que je vais laisser mourir le prince en détresse, souffla la jeune femme en guise de réponse, trouvant la force surprenante de lancer ce trait d'humour en un pareil moment. Je ne suis peut-être pas le chevalier conventionnel, ajouta-t-elle en pesant chacun de ses mots. Mais j'ai de la suite dans les idées...
Milan se mit à douter. Cessant de reculer, il jeta un regard méfiant à Célia. Il n'avait certes pas oublié ces paroles, qui résonnaient comme un écho à celles qu'il avait lui-même prononcées, il lui semblait un siècle plus tôt, pour la sortir du Sanctuaire de la Ruche de Soura Baïa...
Sauf que c'était lui, à cette époque, qui était venu secourir la jeune femme.
Dans le même temps, Célia dressa sa main ankylosée par la lutte contre le médium psycho-pathe : or, il y avait une chevalière au doigt de la jeune femme. Une chevalière d'argent, avec le signe Epsilon gravé à l'intérieur !
Luwan Mbenga avait profité de la baisse de concentration de la Stryge pour avancer. Il n'était pas seul : deux autres vampires étaient entrés dans le cercle protecteur. Célia dressa sa main en brandissant son annulaire à la vue de tous.
– Il est temps de faire appel à un ami, déclara-t-elle, à bout de souffle.
Elle pressa sur la chevalière.
Il se produisit alors un sifflement dans la luxueuse salle, qui retint les vampires. Brusquement, des éclairs remplirent l'espace vide devant Milan et Célia. Une sorte de sphère immatérielle, à la rotondité inégale, entourée d'anneaux de lumière rotatifs, surgit de nulle part. En même temps, l'air s'électrisa, des étincelles jaillirent autour de l'anomalie.
Les vampires reculèrent face au phénomène. Un certain nombre d'entre eux s'étaient partiellement remis des attaques de la Stryge, mais ce nouvel événement les effraya au reste.
La sphère immatérielle lança un dernier flash aveuglant dans sa rotation, repoussant ce qui restait de vampires à une distance prudente. Puis elle se matérialisa en accouchant d'un cocon de fumée, au sein duquel émergea une silhouette humaine. Un homme, seul, sans arme, ni armées. Seulement vêtu d'un costume.
Cinq heures plus tôt, cet homme se trouvait dans le domaine de Szilvár, au coeur d'un château médiéval situé dans le comtat de Barova en Hongrie, en pleine nature, à quelques kilomètres de la frontière sud du pays.
Le château portait le même nom de Szilvár. Il était perché sur une colline désolée, ses tours et ses flèches s'élevaient jusqu'à des cieux perpétuellement assombris. Ses fondations se perdaient au coeur de brumes épaisses, lui donnant l'impression de survoler les vallées alentours. Nul homme ni animal ne l'approchait. La seule présence de vie, des lieues à la ronde, étaient ces arbres dépouillés par le vent. Tandis que derrière les étroites fenêtres des hauts remparts, jamais aucune lueur ne perçait.
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Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] en cours
ParanormalVous connaissez Milan. Il va, il vient... des fois il disparaît ; mais il revient toujours. Ce que je me demande, c'est la véritable raison qui l'amène à Sotchi, là, maintenant, en plein Jeux Olympiques d'Hiver... (Toute ressemblance avec des événem...