Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] en cours

L'Incident

A bord de l'hélicoptère qui était venu le chercher sur la plage, Milan tenta de joindre Célia avec le téléphone de Sergi. Mais cette fois, c'est sa compagne qui ne répondit pas. Peut-être était-elle hors réseau.

Ils étaient trois dans l'hélicoptère. Todor Kirilov avait accepté de piloter, même en sachant qu'il transporterait un vampire du nom de Milan Lazsco à son bord. Sergi était venu lui-même en renforts. Milan profitait de leur habitacle pour se rechanger, sans toutefois avoir donné la moindre explication sur son état d'humidité ni ses récentes activités.

Sergi ne lui en tint pas rigueur, il était obnubilé par leur nouveau problème : les raisons pour lesquelles Irina avait été convoquée par Furam, et les risques qu'elle courait.

Le QG du CIO, à Rosa Khutor, se situait dans les montagnes, juste au sud de Krasnaïa Poliana où s'étendaient les infrastructures consacrées aux épreuves à ski. Or, tout comme la zone de Krasnaïa Poliana, Rosa Khutor était interdite à tout véhicule aérien non homologué. L'hélicoptère, offert à Milan par Roman Benedict quelques jours plus tôt, disposait de ses propres plans de vol, avec l'autorisation de circuler dans des voies aériennes précises. Il pouvait se déplacer au-dessus des montagnes et de la mer notamment. En revanche, il devait obtenir des autorisations supplémentaires pour approcher Rosa Khutor. Et connaissant les autorités russes, mieux valait être en règle, car elles n'hésiteraient pas à faire parler la force en cas de viol de leurs espaces aériens.

Les relations de Milan, de par sa position hiérarchique à la tête de l'empire Angel Corp, lui permirent d'obtenir les approbations nécessaires, mais cela au détriment d'un temps précieux. A présent, il approchaient de la luxueuse station de ski alors que le soleil était couché depuis plus d'une heure. Des barres d'immeubles, des bandes de chalets, morcelaient le paysage autrement peu enneigé. Seules les pistes de ski étaient blanches, entretenues à grands renforts de canons à neige ou d'importation de neige, issue de régions de la Russie mieux fournies. Les dernières remontées mécaniques fermaient.

Le complexe du CIO semblait presque éteint, peu de lumières ne venaient le mettre en valeur. Dans son dernier message, Darno Warren leur avait indiqué qu'il était entré avec Irina dans le centre décisionnel. Mais cela datait de presque deux heures plus tôt, et depuis, les retardataires n'avaient plus aucune nouvelle.

Milan et Sergi s'équipèrent de micro-émetteurs auriculaires. L'hélicoptère atteignait enfin la piste héliportée. Cependant, au moment d'atterrir, des vigiles accoururent aussitôt pour les en chasser. Ils n'avaient plus le droit de se poser, semblait-il, en dépit des autorisations obtenues précédemment. Les vigiles leur faisaient signe de remonter impérativement, deux d'entre eux avaient même porté la main sur leurs armes.

– Bon sang, gronda Sergi à ce constat. On s'est fait damer le pion.

– Qu'est-ce que je fais ? s'enquit Todor Kirilov, qui n'aimait pas s'en laisser conter. Je me pose en force ?

– Nous n'aurions rien à gagner à déclarer la guerre au CIO, dit Milan. Non, il faut remonter. Contourne le bâtiment du CIO. Vous attendrez en vol stationnaire un peu à l'écart.

– "Vous" ? s'inquiéta Sergi à ces paroles.

– Oui, vous, répéta Milan en ouvrant grand la porte de l'hélicoptère en train virer de bord, tout en reprenant de l'altitude. Moi je descends.

Et il sauta de l'engin volant dans une bourrasque de vent.