Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] en cours

Le Croque Mitaine

Adler - Radisson Lazurnaya Hotel

14 février 2014
3:15 AM

– Un Croque-Mitaine ?
– C'est une figure d'épouvante qu'on invoque pour faire peur aux enfants et les inciter à obéir...
– Je sais ! Mais quel... espèce de rapport avec notre histoire ?

Milan observait les deux compères qui se disputaient déjà comme de vieilles connaissances : Célia Vingam et Sergi Guerra, devant lui, aux abois, prêts à tout pour en savoir plus.

– Peut-être effectivement qu'il est question d'enfants pas sages dans cette histoire, fit-il, pensif. Célia, tu as pu faire les recherches que je t'ai demandées au sujet d'Irina ?

– Milan ! s'exclama avec réprobation la concernée, n'ayant non seulement pas eu suffisamment de temps pour effectuer lesdites recherches, mais surtout brûlant d'en savoir plus et refusant les réponses superficielles de son compagnon.

– Pardon, je me disperse. Le Croque-Mitaine, c'est un terme un peu fourre-tout, pour désigner les créatures que l'on ne parvient pas à identifier. En plus, celui-là en a bien l'apparence.

– Peut-être Esra pourra-t-elle nous aider, il peut s'agir d'une créature issue du folklore local, dit Sergi Guerra en sortant son carnet pour noter les indices. Quelles étaient ses caractéristiques ?

Célia pour sa part n'avait pas besoin de carnet, sa mémoire étant pratiquement infaillible. Aussi se contenta-t-elle d'écouter avec attention les données que Milan leur transmit.

– Il était rapide, puissant. Enveloppé dans des loques, imprégnées d'une odeur caractéristique de pourriture. Les morceaux de tissu que j'ai pu attraper sont tombés en poussière. Je n'ai pas pu distinguer son visage, ni même sa peau. Tout bien compté, il donnait une étrange impression de... vide. Comme s'il n'y avait qu'une enveloppe de vêtements, mais rien de tangible à l'intérieur.

– Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

– C'est plus une impression qu'une certitude. Ses couches de vêtements, ses gants, tout son fatras d'écharpes et de bonnets, bougeaient les uns sur les autres. Le fait qu'il ait disparu quand je l'ai acculé près de la sortie. Ce n'était pas à la manière de Jas'on ou d'un téléporteur... j'ai cru au début que c'était un passe muraille, mais je n'ai pas retrouvé sa trace de l'autre côté de la paroi. C'est plutôt comme s'il s'était effacé de l'ardoise.

– Un fantôme, alors ? s'enquit Sergi Guerra.

– Non, il n'avait pas cette aura glaciale que les fantômes amènent avec eux. En outre, il a pu me frapper, et ce n'était pas avec une forme d'énergie psychique. C'était bien palpable.

– Comment peut-il être à la fois intangible et solide ?

Milan fit la grimace et s'avachit sur le canapé de la Suite.

– Bah... c'est un Croque-Mitaine, répondit-il sur un ton évasif qui en disait long sur son impuissance.

Célia répondit par la même grimace puis tenta de remettre de l'ordre dans leurs priorités.

– Où peut-il être parti ? Comment on peut le retrouver ?
– Je ne me fais pas trop de souci pour ça, il va revenir de lui-même. Quel que soit son objectif réel, je suis quasiment sûr que ce n'était pas de faire des trous dans la glace.

– Et tu penses pouvoir l'affronter ?
– Tu en doutes ? répondit Milan avec morgue.
– Eh bien, c'est à dire que la première manche ne s'est pas vraiment soldée à ton avantage.