Iceberg Arena
16 février 2014
21H30
Dans le Temple du patinage, dédié aux Dieux du Stade de l'ère contemporaine, les fidèles vibraient au rythme des prestations de leur icônes. Les drames et les catastrophes n'étaient pas oubliées, mais la résilience des foules n'avait d'égale que leur imprévisibilité. Tous n'étaient ici que pour s'enflammer devant le spectacle.
La glace accueillait les compétitions de Danse courte, offrant aux athlètes l'occasion de briller par leur grâce et leur performance. Des musiques exaltées accompagnaient cette fantasmagorie, faisant à chaque instant frémir ou palpiter les milliers d'âmes serrées dans les gradins.
Sergi Guerra, en sa qualité de reporter sportif, possédait suffisamment d'entrées dans le milieu, pour bénéficier d'une place en bord de piste, comptant parmi les rangs des correspondants d'illustres chaînes télévisées ou groupes de presse.
En voyant surgir son compagnon de mésaventure de la matinée, le grand officier du CIO Darno Warren, sur le bord de leur section, délimitée par une barrière grillagée, il se rapprocha discrètement de lui.
Darno Warren se tenait moins droit qu'à l'accoutumée, ce qui diminuait un peu la taille de sa grande silhouette, réduisant l'écart avec la taille plus modeste du journaliste. Son bandage à l'épaule ne se voyait pas, en revanche, une attelle et des pansements recouvraient son mollet gauche. Il boitait légèrement, et bien qu'il ne soit pas homme à prêter attention à des blessures superficielles, elle n'en constituait pas moins un handicap passager.
Le matin même, ils avaient eu la folie de commettre une incursion en territoire hostile, dont ils s'étaient sortis uniquement grâce aux capacités mystiques de leur alliée, à laquelle s'ajoutait la décision prudente de fuir et une bonne dose de chance.
Ils étaient sortis peu avant midi des catacombes, Sergi aidant comme il pouvait son grand compagnon à marcher. Ils s'étaient rendus dans les locaux des Sentinelles, Sergi considérant désormais, avec ce baptême du feu, Darno Warren comme un allié - même si toutes ces entorses à leur règlement de sécurité intérieure n'avait pas plu à l'ingénieur Pavlo Kovalenko. Ensuite, ils avaient rapidement reçu un message rassurant envoyé par Milan, très succinct, leur disant que Célia et lui-même étaient en lieu sûr, et leur donnant la consigne de protéger Irina Loubrovna à sa place.
C'était tout ce que contenait le message de Milan Lazsco : pas de détails sur la manière dont ils s'étaient tirés d'affaire, sur l'état dans lequel ils étaient, sur l'endroit où ils se trouvaient, sur leurs plans, ou même sur l'estimation de la date de leur retour. Rien non plus sur Irina et le Croque-Mitaine.
Juste "Protégez Irina".
Sergi rageait en son for intérieur, retrouvant bien là les manières cachottières de son vieux collaborateur. Il lui en voulait un peu, étant donné qu'ils avaient tous mis leur vie en danger pour le tirer d'affaire, il aurait espéré meilleure gratification en retour.
Darno Warren quant à lui était davantage un soldat. Il avait l'habitude de recevoir des ordres sans explication, aussi il fut moins perturbé par la consigne de Milan Lazsco. Son objectif était devenu extrêmement clair : il désirait protéger les patineuses, et par là même découvrir le mystère qui se cachait derrière elles. Pour cela, l'aide de Célia Vingam et Milan Lazsco paraissait indispensable. Il était prêt à se ranger derrière eux, d'autant plus qu'il continuait de douter de sa propre hiérarchie.
Il n'avait donc pas été difficile à Darno Warren de reprendre en main les rennes de la protection de Irina Loubrovna. A présent, il avait décidé de se charger lui-même de sa surveillance, 24H sur 24, tant que Milan Lazsco ne serait pas revenu. En outre, il avait avec lui une escouade de pas moins de six agents qui le suivaient. Compte auquel Sergi avait rajouté l'aide tactique, plus éloignée mais bienvenue, de l'unité de gardes du corps engagée plus tôt par Milan. Les cinq vigiles avaient vu leurs accréditations renouvelées et complétaient la surveillance des agents du CIO. Ils se fondaient dans la masse, à la fois celle des spectateurs et des autres vigiles comme eux. A part peut-être la grande femme, Masha, qui passait difficilement inaperçue avec son mètre quatre-vingt cinq et son regard sévère.
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Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] en cours
ParanormalVous connaissez Milan. Il va, il vient... des fois il disparaît ; mais il revient toujours. Ce que je me demande, c'est la véritable raison qui l'amène à Sotchi, là, maintenant, en plein Jeux Olympiques d'Hiver... (Toute ressemblance avec des événem...