Bienvenue à bord

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Célia retomba sur le plancher du neuvième wagon, soutenue par plusieurs agents du CIO qui venaient de lui ouvrir la trappe plafonnière afin de lui permettre de prendre pied à bord du train.

– Merci, leur dit-elle, un peu échevelée en raison de l'action qu'elle venait d'accomplir.

Les hommes ne répondirent rien, mais elle vit dans leur yeux que sa manœuvre n'avait pas manqué de les impressionner.

Elle se releva en se massant le genou droit, qui l'avait élancé d'une douleur.

– La prochaine fois, faudra que je pense à m'échauffer avant, dit-elle encore.

– Est-ce que cela va ? demanda un des hommes.

– Oui, merci, vous pouvez reprendre votre perquisition.

Ce qu'ils firent. Il y avait cinq agents à bord. Ils n'avaient eu le temps de vérifier l'identité que des passagers du wagon précédent, le dixième et dernier, avant que le train ne redémarre et qu'ils ne viennent récupérer Célia.

Cette dernière attacha rapidement ses cheveux dans une queue de cheval improvisée, ôta son émetteur auriculaire dans lequel, en raison de la distance qui la séparait de la gare et de Darno Warren, elle n'entendait plus que des grésillements, et contacta l'agent par téléphone en remettant son kit filaire en place.

Celui-ci répondit dès la première sonnerie.

– Si vous vouliez mon attention, dit Darno Warren, vous l'avez.

– Je pense que le psychokinésiste, le... télépathe...

– Dites "le tueur"...

– Oui, je pense que le tueur est à bord, il peut peut-être commander au train, ou plus probablement, c'est le conducteur qu'il contrôle mentalement. Je propose de laisser vos hommes poursuivre la fouille exhaustive des wagons, pendant ce temps, je vais me rendre à l'avant du train.

– Emmenez au moins un de mes hommes, intervint Darno Warren.

– Oui, d'accord. Combien ai-je de temps avant l'arrivée en gare de Sotchi ?

– Quinze minutes environ, il roule au ralenti sur cette portion urbaine. Je vous rejoins là-bas, mais j'arriverai bien après vous.

A ce moment, le bruit du train changea, et la lumière décrut.

– Qu'est-ce qui se passe ? s'inquiéta Célia tout haut.
– Vous allez entrer dans les tunnels, nous allons être coupés. Je vous récupère dès que vous sortez. J'imagine qu'il est inutile de vous conseiller d'être prudente ?

– Je ferai de mon mieux, l'assura Célia.

La communication fut interrompue. La lumière du dehors avait été remplacée par celle, artificielle, de l'intérieur du train. Les parois des souterrains défilaient à l'extérieur, en produisant un bruit sourd sur les côtés.


Célia avançait entre les rangées de voyageurs, accompagnée par un agent du CIO qui lui emboîtait le pas. Les passagers étaient agités, ils semblaient troublés par ce qui s'était passé à la Station de l'Aéroport, ce qui se comprenait. Ils avaient assisté à une scène de fouille, de poursuite, à l'extérieur, puis le train avait redémarré sans attendre, et quelqu'un répétait même qu'il avait entendu prononcer les mots "attentat terroriste".

Si bien que nombre de passagers à présent étaient debout, ou retournés vers d'autres, se questionnaient, s'inquiétaient. A tout moment, l'on interrompait Célia et son agent de soutien pour les interroger sur les risques encourus, du fait qu'ils portaient l'insigne du CIO. La jeune femme avait d'abord tenté de rassurer ces personnes, en comprenant leur angoisse, mais cela lui faisait perdre beaucoup de temps ; or, le train qui devait soi-disant aller lentement, semblait au contraire rouler à bonne vitesse. Si bien que Célia ne pouvait se permettre de prendre du retard. Elle devait mettre la main sur Volkov avant le terminus de Sotchi.

Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] en  coursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant