Le Submersible répondant au nom d'Abyss Explorer s'éleva hors de l'eau porté par une bulle de lumière. Il flottait librement à l'intérieur de cette sphère dont la paroi semblait aussi fine que du savon, affranchie des lois physiques, qu'il s'agisse de la pression marine ou de la gravité.
A quelques encâblures se trouvait le navire cargo Neptune Quake, avec à son bord toute l'équipe scientifique. Lentement, la bulle contenant le submersible s'en rapprocha.
Le jeune ingénieur aux commandes de l'appareil sous-marin, Luka Stoyanov, avait conservé ses protections de cire, suivant en cela le conseil de Milan Lazsco. Plusieurs fois, il avait été tenté de les ôter ; mais il s'était fait violence, et ne regrettait pas de les avoir gardées.
Sans cela, sûrement qu'il n'aurait pas vu ce ballet féerique, dans les profondeurs de la Mer Noire, ces Serpents géants, aux traits de visage incroyablement humains en dépit de leur aspect de dragon. Il n'aurait pas vu toute cette faune aquatique, attirée par les lumières, tournoyer autour de son engin mécanique. Il n'aurait pas vu les sirènes, ni tous ces mirages qui accompagnaient son retour à bord.
Prisonnier de la bulle, il n'avait ressenti aucun des paliers de décompression habituels, lors de la remontée. A présent, il regagnait par la voie des airs, mais sans besoin de grue, le pont principal du bateau.
La vision du Neptune Quake elle-même était irréelle : le cargo semblait voguer à vive allure, en témoignait l'inclinaison et l'aspect des chevelures des membres de l'équipage, ainsi que les drapeaux de bord. Cependant, il était parfaitement immobile, comme figé dans le temps en pleine avancée.
Une fois sur le pont, le submersible perdit sa bulle protectrice, déversant sur les grilles de métal les hectolitres d'eau qu'elle contenait. Luka Stoyanov quant à lui descendit de l'engin en proie à un roulis qu'il ne comprenait pas.
Il observait avec effroi le navire immobilisé dans le temps, et la Sirène qui l'avait ramenée. Elle lui apparut comme une femme brune d'une indescriptible beauté, farouche, et lumineuse à la fois. Elle n'était pas seule : deux autres se tenaient un peu loin, en arrière. Mais l'ingénieur ne voyait qu'elle.
La créature se tenait en face de lui, flottant légèrement au-dessus du pont, sans avoir à produire le moindre effort pour cela. Elle portait un doigt sur ses lèvres ordonnant par ce geste au jeune homme de se taire. L'ingénieur comprenait qu'elle lui intimait de garder le silence sur ses visions. Cet ordre était à la fois impérieux, et très doux. Le jeune homme fut tenté encore une fois, d'ôter ses bouchons de cire, et de faire un pas en direction de la créature, juste de la toucher, l'effleurer, un instant. Il se demandait pourquoi elle-même ne lui retirait pas sa protection de cire.
Il ne fit rien d'autre cependant qu'acquiescer à la demande de la Sirène. Alors, en l'espace d'un instant, elle s'évanouit dans les airs, en pleine suspension. Et en conséquence à sa disparition, d'un coup, le bruit de la mer frappa les tympans du jeune pilote ; de même que le vent fouetta sa peau, donnant l'effet de le réveiller d'un rêve extraordinaire.
Le temps avait repris son cours. Le Neptune Quake voguait sur les flots comme il avait coutume de le faire. Rien ni personne à bord n'avait eu conscience du miracle auquel Luka Stoyanov venait d'assister. Milan Lazsco n'était pas revenu, il ne reviendrait jamais, et nul à bord ne savait qu'il était venu, pas plus que les raisons de son expédition sous-marine.
Luka Stoyanov comprit à cet instant que ce serait son secret. Nul ne le croirait jamais. S'il tentait de le dévoiler, il s'évertuerait à convaincre des ignorants, dans le vide, comme le faisait jusqu'à aujourd'hui leur capitaine.
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Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] en cours
ParanormaleVous connaissez Milan. Il va, il vient... des fois il disparaît ; mais il revient toujours. Ce que je me demande, c'est la véritable raison qui l'amène à Sotchi, là, maintenant, en plein Jeux Olympiques d'Hiver... (Toute ressemblance avec des événem...