Rosa Khutor
19 février 2014
10H
En dépit de l'incident du CIO, la Gare de Rosa Khutor donnait l'impression de fonctionner normalement. Le trafic restait intense, et s'il n'était la présence renforcée de l'armée russe, toutes les lignes de chemin de fer circulaient.
Milan Lazsco, Sergi Guerra, Darno Warren et Todor Kirilov se trouvaient dans la grande cafétéria voûtée de la gare, au milieu des touristes. Après avoir été libérés, ils rentraient en train, comme de simples voyageurs. Leur hélicoptère avait été confisqué, c'était comme si on les avait remis en liberté avec seulement une petite tape sur la main signifiant "et qu'on ne vous y reprenne plus !".
Le quatuor faisait un peu discordant dans ce lieu rempli de voyageurs : ils n'avaient pas de bagages et leurs barbes ainsi que leurs vêtements de deux jours leur donnait une allure passablement négligée.
Sergi et Todor avaient été libérés en même temps que Milan, sans même subir d'interrogatoire. Il paraissait évident aux yeux des autorités que Lazsco était le véritable meneur de la bande, et que ces deux là ne comptaient guère. Seul Darno Warren dut montrer patte blanche pour espérer sortir. Il dut signer une déposition extrêmement précise, dans laquelle il reconnaissait ne rien savoir de l'incident du CIO, et incluant une clause indiquant qu'il niait connaître la venue de Irina Loubrovna et Stefan Pavnic au CIO le soir du 17 février.
Mais surtout, il dut présenter sa démission concernant ses fonctions au sein du CIO et rendre son badge.
Tandis qu'ils prenaient un verre en attendant leur train pour Sotchi, l'agitation autour d'eux dans la gare semblait n'avoir été en rien touchée par l'incident du CIO. Les populations étaient rassurées en réalité par la présence de l'armée russe. Les terroristes djihadistes injustement accusés de "l'attentat" avaient été arrêtés, les autorités garantissaient qu'à partir de maintenant, tout se passerait bien. La propagande du général Popov avait fait son effet. Que l'on soit touriste, spectateur, sportif, businessman, ou simple résident de la région, les affaires reprenaient...
– Je me demande pourquoi ils font ça, dit Darno Warren en désignant les patrouilles de soldats russes. Popov sait que rien n'est résolu. Ce mensonge n'en est qu'un de plus à ajouter à la liste, le danger est toujours réel. Qui que soit le responsable de ce danger, il risque de frapper, n'est-ce pas ?
Milan acquiesça doucement.
– Vous avez raison, dit-il, le danger va frapper. Et très fort.
Ce n'était pas sans raison que Milan portait cette vision pessimiste sur les événements à venir. Cette série noire de patineuse avait déjà fait deux morts, si l'on comptait la patineuse décédée sur le lac Ladoga en Russie, et la patineuse coréenne ayant soi-disant mis fin à ses jours. Sauf à supposer qu'il s'agissait d'événements fortuits, sans lien avec la série noire, cela suffisait en soi à les accabler. Cela sans même parler des désistements : on avait appris la veille qu'une autre patineuse vedette déclarait forfait sous le prétexte d'une blessure, alors que les conditions de la blessures paraissaient pour le moins confuses. Mais en outre, l'entité des jeux olympiques elle-même avait subi des assauts répétés, d'abord la patinoire, puis le QG, cela en dépit de la protection supposée inviolable des 5 Cercles. La violence du dernier incident laissait entendre que le phénomène croissait en intensité.
– Alors pourquoi ferment-ils les yeux ? demanda Darno Warren. N'est-ce pas reculer pour mieux sauter ?
– Quand on n'a pas l'outil pour résoudre un problème, on le supprime. Surtout si on sous-estime son importance. Vu de l'extérieur, hors du cadre magique, les indices qui nous paraissent évidents peuvent être minimisés.
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Milan Lazsco : La Dette [E4 Quadrilogie du vampire] en cours
ParanormalVous connaissez Milan. Il va, il vient... des fois il disparaît ; mais il revient toujours. Ce que je me demande, c'est la véritable raison qui l'amène à Sotchi, là, maintenant, en plein Jeux Olympiques d'Hiver... (Toute ressemblance avec des événem...