Chapitre III : « Nous somme des guerrières, ma 'itetsyìp »

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-L'eau me donne la nausée.

Ronal n'avait pas pour habitude d'admettre ses faiblesses si facilement. Sa grossesse nous surprendra toujours.

La femme, assise près du feu de la veille, me tressait les cheveux. Du moins, elle essayait, recommençant à chaque fois.

Elle avait du mal, depuis que son prochain enfant s'était habitué à lui donner quelques coups de pied sans prévenir. Ce qui lui faisait toujours lâcher les mèches aux mauvais moments.

Des femmes du village s'attelaient au repas de ce soir. La pêche avait été bonne aujourd'hui, et plus tôt dans l'après-midi, j'avais suivi Tonowari et sa troupe à la chasse.

Je n'étais peut-être pas d'une grande aide dans l'eau, mais sur terre, c'était différent.

-Comment c'est possible ?
-Le mouvement. C'est trop brusque.

Je souris, sachant pertinemment qu'elle me ferait promettre de n'en parler à personne. Et c'est ce qu'elle fit juste après.

-Sermi te salue. Je lui ai rendu visite. Elle pense à toi. Déclarât-elle.

Sermi, la doyenne de ces terres, prenait souvent de son temps pour tresser mes cheveux. Elle adorait s'en occuper, ça lui rappelait sa fille lorsqu'elle avait mon âge, qu'elle disait, et qu'elle pouvait la chouchouter.
Depuis quelque temps déjà, elle se reposait auprès des siens, souffrante.

Vu son âge, c'est une période à laquelle notre esprit s'était préparé. Mais le mentale ne suivait pas, et je me retrouvais malgré moi à me convaincre que ce n'était pas son dernier souffle, chaque fois que je l'entendais cracher ses poumons.
Sermi était la grand-mère que je n'ai jamais eue.

Elle ne souhaitait pas que je la voie dans cet état, j'étais donc obligée de me tenir à l'écart. Je l'avais pourtant convaincu que je m'améliorais dans ce dont Eywa m'avait fait cadeau, la guérison.

-Moi aussi, je pense fort à elle.

Les doigts de Ronal perdaient de leur intensité sur mon crâne, mes cheveux étaient de moins en moins tirés.

Malgré tout ce qu'elle pouvait prétendre, la grossesse la fatigue énormément. Et elle ne s'était pas reposée de la journée, depuis son réveil. Je le sais, car Tsireya a passé la matinée avec elle.

De mon côté, je ne m'endormais que très tard. Depuis qu'Eonit était parti, un stress constant me rongeait de l'intérieur.
Celui de perdre encore un être chère à mon coeur.
Alors je restais là, réveillé devant l'entrée de notre maison, à m'assurer que l'île dorme en paix chaque soir.

Tsireya avait plusieurs fois tenté de me tenir compagnie, et c'est dans ses moments là qu'on retournait à l'eau. Comme il y a quelques jours, pour admirer les étoiles.

Et dans ces moments sombres, Ao'nung nous rejoignait. Malgré son trait de caractère qui lui donnait l'air de n'en avoir rien à faire de tout, et ses paroles parfois tranchantes, le garçon me considérait comme sa petite sœur.

Il m'est arrivé de prendre peur au moindre bruit trop suspect, et courir jusqu'à Tonowari pour le prévenir, tremblante. Me remémorant la mort de celui dont je pensais être tombée amoureuse.

Le don d'Eywa | NETEYAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant