Chapitre XXIV : « C'est notre chance, je t'en pris. »

1K 64 23
                                    

Cent vingt-deux jours, vingt-trois heures, trente-six minutes et quarante secondes.

Ça faisait exactement quatre mois que j'étais ici. Les jours se confondaient. Si Elisa ne venait pas me voir discrètement, lorsque tous dormaient, j'en perdrais la notion du temps.

Depuis quelques jours, j'avais l'autorisation de me reposer une fois la nuit tombée.

Le bruit des lumières au dessus de nos têtes me rendait folles, elles n'étaient jamais éteintes. Leur grésillement en devenait insupportable.
Les démons souhaitaient me rappeler que dans mon court repos, ils auraient toujours une longueur d'avance.

Qu'ils parviendraient toujours à avoir leurs mains sur moi.

Le lit pile à ma taille était inconfortable.
Mon hamac me manquait, je me sentais en sécurité dedans, lorsque Tsireya m'assurait de s'endormir après moi.
Lorsque Ao'nung veillait sur nous.

Lorsque mon père caressait le sommet de mon crâne, jusqu'à ce que je parvienne à fermer les yeux et relâcher la pression.

Tout ça me manque. Le bruit de la grande bleu abritant mondes et merveilles, lorsque le vent soufflait.
Les exclamations de joies quand la pêche avait été excellente.

La voix de Neteyam.

-Je le sais, qu'il est vivant.

Je murmurais, laissant mes cuisses repliés contre le haut de mon corps me réchauffer comme elles le pouvaient.

Dans toutes les pièces que j'ai pu visiter, y compris celle-ci, ils actionnait une petite chose révolutionnaire qu'ils appelaient "la climatisation".

C'est ce qui leur permettait de ne jamais avoir trop chaud, et même froid, souvent. C'était débile.

Avoir chaud était agréable, ça détendait le corps et apaisait les esprits.

Mais l'air était aussi froid que leur corps.

-Ton coeur le sent ?

Elisa découpait un fruit, beaucoup plus grand que ses mains, tant bien que mal. Les miennes étaient toujours liées, devant mon corps cette fois.

Je ne pouvais aller jusqu'à elle, ils avaient pensées a liés mes pieds par de lourdes chaînes, au barreaux du lit fixé dans ce sol froid.

Alors, l'humaine me nourrissait depuis la veille, en cachette. Elle n'avait que très peu de temps, avant que l'un de ses collègues ne débarque, en pleine ronde.
S'assurant, comme beaucoup d'autres, qu'aucun soucis ne pointeraient le bout de leur nez jusqu'à nous.

Que leur solution miracle restait bien sage dans sa cage.

Que je me tenais à carreau.

-Il ne sent que ca.

Un léger sourire se dessinait sur son visage. J'avais offert ma confiance à cette femme, qui ne l'avait jusqu'ici pas trahit.

Je lui avais parlé de ce qui me faisait tenir, que mes anciennes habitudes que je trouvais banals, désormais je les chérissais plus que tout maintenant.

Qu'embêter mes frères et sœurs si naturellement, était quelque chose que jamais je n'aurais pensé me marquer autant.

Que ces soirées passées à rigoler jusqu'à tard avec Tsireya, nous faisant gronder par ceux du marui à côté créaient un vide dans mon coeur.

Et surtout, je lui parlais dès que je pouvais de Neteyam. J'avais peur d'oublier tous ces souvenirs avec elle, qu'un jour, ma mémoire vienne à se détériorer tant les jours ici étaient éprouvants.

Le don d'Eywa | NETEYAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant