Chapitre II : « Je te déteste ».

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-Honnêtement ?

Les anciens du villages laissaient fièrement leur corps s'agiter, devant les énormes flammes nous réchauffant à une dizaine de mètres.

Les rires se mêlaient aux cris de joie. Quelques enfants couraient non loin, nous distrayant du spectacle.

-Honnêtement.

Aang, l'adolescent de cette île le plus doué en chasse mais surtout meilleur ami d'Aonung, venait de faire griller du poisson qu'il avait fraîchement attrapé  cette après-midi.
Il attendait, accroupit face à moi, sous le regard peu convaincu d'Aonung assit sur le tronc d'arbre à mes côtés.

-Tu préférerais ne pas savoir.

Aang adorait me montrer ses talents, et il excellait dans de nombreux domaines. Celui de la cuisine, en revanche, c'était autre chose.
Souvent, Aonung fuyait quand il devait tester ses poissons peu cuits ou encore les fruits, trop mûres, pressés dans une coupe en bois.

-Si tu veux être ma femme, tu dois au moins faire semblant d'aimer ce que je te prépare.
-Mais je ne veux pas l'être, Aang.

Je ne le regardais pas une seule fois dans les yeux, son expression allait me faire rire autrement.
Aang était comme ça depuis notre enfance. S'il devait choisir une femme, je serais la première vers qui il se tournerait. Il n'en restait pas moins un bon ami.

Il a plusieurs fois tenté des techniques d'approche, mais je n'étais pas réceptive à ses avances. À vrai dire, depuis Eonit, son grand frère, je le fuyais.

C'était la fierté du village. Même si mon ami à côté serait un jour proclamé chef de ces terres, s'assurant à veiller sur la sécurité de son peuple, Tonowari n'hésiterait pas une seule seconde à en faire son successeur.

-Je vais rejoindre Tsireya, moi. Aonung se levait, se retenant de rire.
-Non !
-Non ?

Il penchait la tête sur le côté, pas du tout au courant que sa soeur n'était qu'à quelques mètres plus loin sur la plage, en compagnie de Lo'ak.
Je me doute qu'elle ne lui apprenait pas à respirer avant de plonger. Ça, c'était prévu pour demain.

-Non, tu l'as vu toute la journée. C'est à mon tour maintenant.

Même si Tsireya n'était pas ma soeur, elle l'était dans mon coeur. C'était ma meilleure amie, et on a tous besoin de voir sa meilleure amie. Au minimum cinq fois par jour. En fait, toute la journée.

-Vous dormez ensemble, Nuri, je dois aller l'embêter ou j'aurai l'impression d'être un mauvais frère.
-Non, moi d'abord !

Je me levais en même temps que lui, plaçant mes bras droits devant son torse.

-Tu restes ici, sois gentil et aide Aang.
-L'aider à m'intoxiquer ? Il se tournait vers le concerné, sans vouloir t'offenser.
-Non, t'empoisonner. Lui répondit Aang.

Super.
Ils allaient tous deux partir dans une embrouille futile et se réconcilieront dans à peine quelques secondes. Ce qui me laisse le temps de rejoindre Tsireya.

Je laissais les garçons qui débattaient maintenant de la cuisine du plus vieux, et m'avançait prudemment jusqu'au duo.

Posant mes doigts sur le stipe du palmier, mon dos se cambrait naturellement, alors que le haut de mon corps se penchait. Je cachais du mieux que je pouvais mon visage. Leurs regards ne trompaient pas, ces deux-là ne parlaient pas de la pluie et du beau temps.

Ils étaient clairement en train de se charmer, l'un l'autre.

-À mon avis, tu devrais éviter de les rejoindre.

Le don d'Eywa | NETEYAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant