Chapitre XXVI : « Il est vivant. »

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Six mois. Ça faisait la moitié d'une année que je pourrissais entre quatre murs de claques pièces de ressemblant de plus en plus.

Je n'avais pas vu Elisa depuis trois jours, n'ayant pas de mal à fausser mon mal-être.

Physiquement, j'étais dans un piteux état.

Je ne parvenais pas à savoir si l'on était le matin, ou bien le soir. Mais le même docteur venait toujours me  tirer de mon sommeil, pour me garder éveillée durant des heures interminables.

Depuis deux jours, j'avais le droit à un bien meilleur repas. L'eau qu'ils me donnent avait même un goût assez spéciale. Elle était sucré.

Les entraînements avaient ralentis, eux aussi.

Un bruit alertait mes oreilles, quand je m'assisse dès que le docteur rentrait.
C'était le docteur Fang. Celui que je rêvais de tuer. Ce simple scénario réussissait à me réjouir d'avance.

-Debout, Nuralessa.

Nuralessa ?
Docteur Fang venait de m'appeler par mon prénom ?

Personne ne m'avait donnée la possibilité de me considérer comme une vraie personne, hormis Elisa. C'était la première fois qu'on me respectait un minimum, ici.

-Tu vas pouvoir te laver.

Me laver. Ça faisait cent quatre-vingt-cinq jours que mon corps n'avait pas été en contact avec de l'eau. Je redoutais alors la réaction qu'il aurait.

Leur eau était-elle la même que celle de la grande bleue, ou encore du lac d'Arem ?

La grande bleue est acide pour les humains, ils ne peuvent pas s'y aventurer sans cesse. Leur corps en subira les conséquences, autrement.

Ma peau me grattait, me démangeait au pire endroits. Elle était sèche, comme mes cheveux tout emmêlés.

J'avais tellement été considéré comme une moins que rien, qu'un traitement de faveur si soudain n'éveillait pas le moindre soupçon chez moi.

Au contraire, je pensais même qu'avec toute la crasse accumulée, leurs prises de sang étaient sûrement faussées par ça. Que tous leur test effectués pouvaient s'avérer bien souvent négatifs par la faute de cette négligence.

Deux avatars vinrent me détacher, tenant chacun un de mes bras. Mes pieds n'avaient plus à supporter le poids des chaînes, qui ne perturbaient même plus mon sommeil.

J'y était habitué, c'était horrible de penser comme ça.

-Emmenez la en salle de soin. Et doucement, son médicament arrive.

Logiquement, Elisa reviendrait avec cette plante dont je lui ai parlé. Je l'espérais, le trajet n'était pourtant pas long. Peut-être avait ils du mal à la trouver.

La salle de soin, ça me faisait penser à la maison des soins.

Il me manque terriblement.

Le petit corps de l'homme devant moi, à qui énormément de cheveux manquait, nous emmenait jusqu'à cette fameuse salle que je n'avais encore jamais vu.

Les hommes ne sont pas comme nous, ils peuvent avoir le crâne lisse, sans rien dessus. Et des cheveux beaucoup trop fins.

Une porte s'ouvrait, sur une pièce entièrement blanche, avec des carreaux au sol et au mur. Le blanc me rendait folle. Je voulais de la couleur, je n'en pouvais plus. J'avais peur de finir par mal dissocier les couleurs, à force d'être trimballé dans ce manque de vie.

Seule une large vitre donnait sur une autre pièce, où deux autres médecins se trouvaient.

-Les recherches avancent, Nuralessa. Bientôt, tu pourras retrouver les tiens.

Le don d'Eywa | NETEYAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant