Chapitre XXI : « Fais ce que tu veux de moi. »

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-Tu n'es pas dans le rythme !

L'éclipse nous offrait la possibilité d'admirer les nuances de couleurs du ciel étoilé. Le feu éclairait le village, animé ce soir.

Ao'nung faisait son entrée dans sa seizième année, aujourd'hui.
Il était l'héritier du titre de olo'eyktan.

Ce soir, on n'a pas hésité à le charrier dessus, avec Tsireya. Il y a encore quelque temps, notre père pensait déléguer son titre à Aang. Lui qui avait fait ses preuves auprès du clan.

Mais le chef du clan avait vu les notables efforts de Ao'nung, notamment sur l'aide qu'il avait fourni au Sully, une fois tous ces conflits réglés avec leur enfants.

Tsireya tentait désespérément de faire danser notre héritier, lorsque nos amis metkayina tapaient en rythme sur leurs instruments faits de bois et de tissues.

Ma sœur adorait ce genre de fête, elle répétait que tout était si joyeux quand les esprits étaient à la fête. Que ça emplissait son petit coeur d'une joie immense. Et même si notre frère la charriait dessus, il partageait cet avis.

Je ne disais rien, mais j'étais la seule à avoir remarqué nos parents admirant les deux frères et sœurs s'embêter mutuellement. Ils étaient pudiques là-dessus, mais je savais plus que quiconque qu'ils étaient fiers de leurs enfants et ce qu'ils devenaient.

Et j'espérais qu'ils me considéraient de la sorte, aussi.

-Eh, viens !

Ksonug tapait sur l'épaule de Ao'nung, l'entraînant avec lui, sous le regard hilare de Rotxo. Ce dernier tapait dans ses mains, amusé de voir son meilleur ami entraîner contre son gré, dans ce qu'il détestait le plus sur cette terre.

Ay'nia laissait porter sa voix au loin, tapant sur le tronc d'arbre sous elle.

Elle était, en plus d'être une très bonne pêcheuse, une excellente chanteuse.

Alors, quand elle soutenait mon regard, m'encourageant à la suivre, je souris sans m'en rendre compte. C'était si naturel, comme si elle tentait de me faire passer un message.

Celui que notre relation lui manquait.

Comme à l'ancien temps, nous laissions nos voix honorer un chamt traditionnel, rendant hommages à tout ce qu'Eywa a pu nous offrir. Nous permettre de voir dans nos vies.
Et puis un autre, célébrant l'évolution d'un enfant de l'ile. Celle de Ao'nung.

Tsireya riait tant elle était heureuse, d'avoir enfin fait danser son frère. Nous n'étions encore que des enfants, et un jour nos responsabilités nous empêcheraient de vivre ce genre de moment dans une totale insouciance.

Alors, nous en profitions comme si c'était la dernière fois.
Et je devais l'admettre, agir comme je le faisais, comme au bon vieux temps où nous étions tous un groupe soudé, m'avait terriblement manqué.

Cette pensée se renforçait quand Aang daignait enfin me considérer, après de longues semaines. Il m'offrait un sourire, tapant en rythme sur le tissu tendu, relié au bois.

-Tu n'y échapperas pas !

Mon frère attrapait ma main, me faisant tourner sur moi-même quand il m'aidait à me relever.

Je riais comme je ne l'avais pas fait depuis longtemps en leur compagnie, accordant mes pas à ceux de Tsireya. Encerclés par nos amis, nous suivions le rythme.

Les danses traditionnelles s'apprenaient dès le plus jeune âge. C'était les préférés de Ao'nung, car pour lui, elles avaient toutes une signification qui se transmettait suivant les générations.
Il tenait à nos traditions.

Le don d'Eywa | NETEYAMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant