SWORD 1

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V1 : 07 mars 2023

Maj : 29 janv. 2024

Une fin pitoyable

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Une fin pitoyable.

Comme seule vision la terre boueuse et la poussière des décombres. J'aurais eu l'espoir risible que d'obtenir un meilleur cliché du dernier regard que j'allais porter à ce pauvre monde.

La mort est une chose inévitable, surtout lorsque l'on est un mercenaire. Mes nerfs ont cessé leur travail quand mes membres se sont retrouvés percés par les épées de mes anciens camarades, lorsque l'une d'entre elle s'est enfoncée dans mon dos pour me clouer à même le sol. Le moindre mouvement ne ferait qu'aggraver les hémorragies internes qui me gagnent. Ce qui me gêne le plus actuellement est le masque de corbeau, me donnant l'impression que toute sa texture fondait sur mon visage, m'irritant la peau. Assez ironique quand mon corps doit être plus troué que le gruyère.

Des bottes.

Des bottes de cuir apparaissent devant moi et une voix moqueuse brise le silence du lieu déserté :

- Le corbeau, a-t-il perdu ses ailes ? Très chère, devrais-je vous appeler le poulet noir maintenant ?

Est-ce un ennemi ? Ou l'un des hommes venus finir le travail ? Pourquoi ne pas simplement me trancher la gorge ? Je ne mérite probablement pas une mort rapide, mais ça serait bien plus efficace. Il se penche, fléchissant les genoux puisque je vois le poids de son corps basculer sur ses appuis, sa main se tend devant mon visage. Veut-il enlever mon masque ?

Il me brûle, j'aimerais l'arracher moi-même, mais il y a bien longtemps que mes muscles ne me répondent plus.

Je l'aurais abordé pendant de longues années. J'aimerais enfin me reposer. Je ferme les yeux et attends le moment où il m'achèvera. Cependant, aucune lame froide ne vient trouver mon cou, pourtant ça serait si facile de l'enfoncer directement en ligne droite dans cette zone si fragile.

- Voulez-vous que je vous sauve ?

Aucun sarcasme ne résonne dans un quelconque sous-entendu. Il me propose réellement de faire quelque chose pour moi. Je sais que ce n'est pas gratuit et je ne suis pas prête à m'engager avec un autre maître. Je ne suis pas désespérée à ce point.

Après tout, je ne suis personne.

Puis-je mourir ?

- Pas de réponse ?

Je n'ai pas d'existence propre, alors une volonté de poursuivre sur un chemin sans celui que je dois servir n'a aucun sens. Les désirs, les objectifs, les peurs, tous ces concepts n'ont pas de sens à mes yeux.

Je suis le bouclier de sa majesté. Et s'il me trouve désuet, alors je n'ai qu'à être remplacée tout simplement. Cependant, j'aurais préféré recevoir l'ordre direct de me suicider plutôt que d'être jetée de cette manière.

La douceur d'une brise et une voix enfantine m'interpelle. Je ne distingue pas son visage et je ne comprends pas ce qu'il tente de me dire pourtant j'ai ce sentiment que tout ira bien, que je ne suis pas en danger. Une autre présence se fait sentir, discrète et en même temps maladroite. Je ne me rappelle pas. Tout est flou, insaisissable.

- La Lady reprend connaissance.

- Bon retour parmi nous Lady.

Deux yeux dorés dont la pupille ressemble à celle d'un chat m'observent d'un air narquois, mon cœur se met à tambouriner contre ma poitrine et la sensation d'être complètement brisée m'envahit.

Respirer. J'ai besoin de respirer.

Pourquoi je n'y arrive pas ? Est-ce que j'ai été empoisonnée ? Pourquoi suis-je ici ? Tout mon corps semble hurler et prendre feu sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. Je suis si faible, si méprisable, mes mains se portent sur mon visage.

De la peau, il est nu. Je suis visible.

- Lady. Calmez-vous, je vous prie. Cela en serait presque indigne de vous. Je vous ai vu lever une épée avec un bras complètement démis et du sang plein la peau, et vous paniquez pour un masque qui ne couvre plus ?

Mon souffle effréné s'arrête brusquement, je tourne mon regard vers le visage félin de mon sauveur ou peut être de mon bourreau, je ne sais pas encore ce que je dois penser.

- Devrais-je me présenter ? Vous êtes sous la protection de la tour de magie maintenant, et j'en suis le propriétaire. En y mettant les formes, je devrais dire que je suis le Grand Maître de la Tour de Magie.

Mes côtes semblent piéger mes organes vitaux pour menacer de les transpercer. Dois-je bouger ? Dois-je hurler ?

Le responsable de cette folie, le responsable de cette guerre, se tient devant moi et prétend me sauver ? Je suis plutôt l'otage ou une marchandise de négociations. De plus, il me connaissait, il savait qui j'étais quand il est venu me tirer des décombres.

- Alastor. Ravie de rencontrer le Corbeau Noir. Je suis fasciné par votre légende.

- Suis-je ici en tant qu'invitée ou prisonnière ?

- Comme bon vous semble. Votre titre dépend de ce que vous souhaitez être.

Ce que je souhaite être ? Continuer ma mission, retourner auprès de sa majesté pour recevoir une quête qui justifierait un tant soit peu le fonctionnement de mon cœur.

Je suis ridicule.

Il passe sa main dans ses cheveux blancs, cet homme n'est pas humain et est même dangereux, il est celui qui a déclaré la scission entre l'Empire et les sorciers. Mettant fin au traité de paix qui existait jusqu'à aujourd'hui entre tous les Etats, puisque la Tour de Magie était la balance de ce monde.

Les anciens royaumes sous tutelles de l'Empire se sont rebellés et ont propagé le chaos. J'étais envoyée pour couper la tête de tous ceux levant leur drapeau contre celui de la famille Nychta. Et par la même occasion, si je le pouvais, ramener Alastor au château pour qu'il soit mis à genoux devant l'Empereur. Qu'il s'explique.

- Lady, avez-vous un nom par lequel je pourrais vous appeler ? Mais comme je vous l'ai dit, vous pouvez vous lever et partir. Vous êtes libre.

Je n'arrivais pas à croire ses propos car il y avait un reflet dans l'ambre de ses yeux moqueurs. Il était du genre à rire de tout, à se jouer de n'importe qui. Il ne semblait rien prendre au sérieux et même insolent. Après tout, il avait été nommé à son poste à seulement 11 ans, un prodige arrogant et dont l'égo l'avait poussé à déséquilibrer les règles de ce continent.

Ses mots suintent le mensonge.

Des milliers de questions se bousculent dans ma tête, il a l'air de connaître trop de choses, il a dû fouiller dans des affaires bien cachées. Et quel est son but ? Que veut-il ? Qu'attend-il ? A quoi bon m'utiliser ?

- Apportez du thé et des gâteaux. La Lady vient de se réveiller.

Le personnel présent s'agite, l'endroit est meublé par des bibliothèques qui menacent de s'effondrer sous le poids des livres, d'ailleurs des piles de documents obstruent tout l'endroit et la lumière est filtré par les grands carreaux de la pièce, à moitié recouverts par des documents accrochés dont des schémas complexes projetés leurs ombres.

- Le Corbeau. Je suis simplement le Corbeau.

- Même les oiseaux domestiques ont des noms Lady.

Il appuya sur le dernier mot, utilisant presque le terme honorifique comme une insulte.

BUILD A VILLAIN - ENCOURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant