SWORD 48

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Quand je regarde ces êtres futiles, je les trouve répugnant. Et je ne comprends pas pourquoi je devais les protéger, qu'est ce que leur vie peut bien apporter à ce monde ? Qu'est ce que leur âme cupide et vile peut bien valoir ? pourquoi Erebe s'attache t-il à sauver ces gens qu'il ne connaît pas ? Je ne comprends pas l'intérêt de poursuivre une quête de pérennité pour quelque chose d'aussi fragile et sans sens.

Ils se tiennent là, alignés, attendant une sentence de ma part. Ceux qui ont désobéis à un ordre, ne souhaitant pas infliger une blessure qui ne visait pas à tuer mais seulement à faire souffrir. Mais qu'est-ce que la peine de perdre un pied ou une main quand toute son existence n'a aucun but ? 

Bayu a proposé de leur prendre une oreille mais après mure réflexion je trouve cela barbare.  Je ne sortirai pas mon épée pour découper une lamelle de peau aussi petite. Bien trop d'effort pour ce que c'est. 

Leurs camarades sont sortis, pour venir observer la mesure disciplinaire. Malgré le froid et la neige qui ne cessait de tomber sur ces landes figées dans le temps. Je me trouve stupide que de m'être un jour trouvée à leur place, attendant quelque chose, de quelqu'un qui se croyait supérieur à moi, qui pensait que ces motivations étaient plus légitimes que celles d'une tierce personne.

- Votre Grâce, ces soldats vous demandent pardon pour l'affront et accepteront la sanction avec humilité.

- A quoi bon ça servirait de vous donner une leçon de morale ? 

Je me tourna vers leurs collègues, amis qui avaient suivi le chemin de Evan jusqu'à mon duché, en pensant trouver une noble à servir. Sauf que je ne suis en rien une Duchesse ou une femme en quête de délicatesse, de paresse ou de paix. Je ne suis en rien une humaine dont la peine est vaine. Je suis un oiseau que l'on a voulu abattre, je suis le signe avant coureur de l'horreur.

Alors je serais l'enfer d'un cauchemar.

- Messieurs puisque vous vouliez savoir ce que serait les réprimandes, sortez vos lames.

Avec hésitation, appréhension, les chevaliers daignèrent sortir leurs épées de leur fourreau. Des regards remplis de suspicion et de peur furent échanger.

- Veuillez prendre le coeur de ceux qui ne savent pas prouver leur loyauté.

Le silence étouffait par le manteau hivernal éternel semblait oppresser toutes les personnes ici. Et l'atmosphère s'était figée dans une apesanteur irréelle. Soudainement, brisée par l'avancée d'un de ces hommes. Il s'approcha et leva le fer, l'abattit directement dans le torse de son ancien allié.

Le sang gicla, éclaboussant la zone pourtant immaculée. Son corps s'affaissa jusqu'à la lame et Bayu eu du mal à retirer son arme du torse du cadavre livide aux tâches carmins.

Je crois que certains se mirent à crier, à s'agiter. Certains refusèrent et lâchèrent leur seul moyen d'attaque et de défense. 

- Vous croyez que sur un champs de bataille vous aurez le choix ? Vous êtes déjà morts.

Les loups jusque là tapis dans l'ombre, hors du périmètre de vision des humains se montrèrent, affamés que de dévorer la chaire tendre présentent, leur gueule bavante saliver du repas.

- Des monstres !

- Duchesse !

- Profitez de votre repas.

Je tourna les talons me préoccupant seulement des traces de pas que je laissais alors que le désespoir résonna dans la clairière. Qu'ils se débattent autant qu'ils voudront, ils n'échapperont pas aux bêtes démoniaques. Je leur ai offert à manger.

Parmi les hurlements et le son des crocs contre les os, des foulées précipitées arrivèrent à mon niveau, je ne daigna pas accorder d'attention à celui qui souhaitait rester à mes côtés, surement pour éviter une mort digne d'une proie sans défense.

- Duchesse, vous pouvez vraiment contrôler les bêtes ? Je suis impressionné mais ce n'est pas étonnant venant de vous.

Sans surprise Bayu s'est sorti du piège monstrueux. Il s'incline légèrement tout en calant ses pas sur les miens. Plus je le regarde moins je me sens à l'aise avec ce jeune homme. Quelque chose de sombre semble habiter le fond de son âme.

- Qu'est ce qu'il se passe ?!

Evan vient d'arriver, son souffle court crée de petit nuages, les décorations de l'armée trônant fièrement sur son poitrail retenait sa cape épaisse en fourrure. Il était inquiet pour les hommes qu'il avait ramené, ces jeunots à peine sortis de formation, des vies sans expérience. Car personne d'assez réfléchi et sensé ne quitterait les hauts rangs de l'Empire pour un duché reclus de tout, sans réel prestige et dont la famille entière vient de décéder. En tout cas jusqu'à ce que l'imposture que je suis n'apparaisse.

- Regrettes-tu ? Je ne suis pas celle que tu crois. Et j'abandonnerai les gens qui croient en moi tout comme ceux qui doutent. Je n'ai besoin des autres que rarement et je m'en débarrasse s'ils ne sont pas utiles.

- Vous ne m'avez pas enseigné ça.

Ses traits sont tirés par l'inquiétude et je le sens tiraillé par l'envie de se jeter dans cette survie perdue d'avance. Il tient à ses troupes, car il s'en sent responsable. Mais je n'ai pas la nécessité de le garder pour priver de la famille Nychta tout ce qu'ils protègent. Car je veux que ce soit mes propres mains qui baignent dans leurs larmes, leur sang et leur sueur. Je les priverai de ce pourquoi ils m'ont créé et sacrifié.

Bayu semblait ricaner, prendre de haut son supérieur mais ce n'était que mon intuition qui m'avertissait car rien ne laissait deviner la moindre trace de moquerie chez lui.

- Je ne suis pas d'accord.

Je lui donna une légère tape dans le dos pour le pousser vers l'odeur puante du destin funeste :

- Alors sauve les.

Il fut tétanisé sur place alors que je continuais mon chemin. Peu m'importe qu'il galope vers sa mort, ou qu'il abandonne les choses en lesquelles il croyait. Ce monde ne sera plus que cendres à la fin. De toute manière l'Empire est fragilisé, ils n'ont gagné la guerre que par chance, pas par une réelle puissance. Je ferais quelque chose de plus grand pour qu'ils se rendent tous compte d'à quel point tout ça était ridicule.

- Ether ! Vous n'êtes pas le Corbeau Noir, vous êtes ... Qu'est ce que vous êtes ?!

- La Mort.

BUILD A VILLAIN - ENCOURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant