SWORD 50

21 3 0
                                    

Je suis surprise de sentir ses bras m'enlaçaient comme si j'étais précieuse à ses yeux, son nez froid touche la peau de mon cou et je sens un léger tremblement dans sa voix lorsqu'il murmure :

- Vous êtes partie sans rien dire, j'ai eu peur que quelque chose vous soit arrivé.

Je suis sûrement sale et mon odeur corporelle ne doit pas être des plus ravissante, mon état ne doit pas être présentable mais à peine, ai-je passer les frontières du Duché que je me suis retrouvée entourer de la présence du mage. Ce fou ressemble plutôt à un chien saluant son maître, peu importe la durée de l'absence, il me gratifie de salutation comme si j'avais disparu pour un temps éternel à ses yeux.

Je le repousse et souffle :

- Tenez vous Alastor.

- Avez-vous obtenu ce que vous souhaitez ?

- Je n'ai fait qu'annoncer mes projets au Prince.

- Et avez-vous appris qu'il fait organiser de multiples fêtes, de ballets et de banquets pour distraire ce monde que tout va mal. Les terres sont endommagées, la famine va guetter les plus pauvres et finalement le trésor national se tarit comme l'eau des ruisseaux.

- Avez-vous un lien avec cela ?

- Tout empire connaît des heures sombres, les Nychta n'ont fait que prendre des décisions douteuses depuis un moment. L'Empereur n'en est déjà plus un, sa femme est une folle instable et le Prince est un enfant perdu dont la Sainte tente de garder les apparences.

- Pourquoi vous ne me dites jamais tout ?

- Parce que vos questions sont imprécises Duchesse.

- J'ai l'impression que vous n'êtes pas réellement de mon côté. 

- Pourtant, vous n'aurez jamais plus fidèle que moi. Je suis dévoué au point de vous supplier de me laisser respirer assez près de vous.  Et si cela est trop demandé, je pourrais me passer d'oxygène pour ne pas vous déranger. Alors Ether, ne doutez pas du seul allié que vous avez. Car au delà de la vengeance et de tout ce que je vous ai promis sans jamais faillir à l'un de mes serments, je vous ai offert mon coeur.

Le froid mord mes os à travers mes vêtements et la blancheur de la neige pourrait m'éblouir si le temps n'était pas maussade. Alastor ressemble à ces renards qui se fondent dans ce paysage sans couleur. ses yeux brillants sont remplis de sincérité mais ceux qui le sont, en réalité, ne sont que des menteurs.

- Un jour, je le briserai.

- Je le sais Ether, et j'attends ce jour avec impatience car cela signifiera que j'ai rempli ma mission, que vous aurez obtenu tout ce que vous souhaitez.

- C'est ridicule. Vous êtes un fou qui réalise des choses stupides pour une femme qui ne vous reconnaitra probablement jamais.

- Je ne fais pas les choses pour moi mais pour vous.

Il me tend sa main pour que je la saisisse, je ressens la solitude de cet endroit comme si c'était la mienne. Pourtant, je ressens de la chaleur dans son regard, dans sa gestuelle et dans tout son être. J'ai la sensation que si je prends son aide et que j'arrête de me poser des questions, il se chargera de tout.

Mes doigts gelés se posent dans le creux de sa paume. Je ne ressens plus la fatigue et la douleur de mes muscles. C'est chaud, c'est agréable.

Il me sourit et un pentacle se met à luire sur le dessus de sa main.

- Ether, vous êtes celle que je choisissais hier, celle que je choisis aujourd'hui et celle que je choisirai demain.

- Soyez moins beau parleur dans vos répliques de séducteur et soyez plus précis dans vos réponses.

- Ether, certes je m'amuse de beaucoup de choses mais pas de qui pourrait vous blesser. Laissez-moi me ramener chez vous.

Une forte bourrasque me force à fermer les yeux et quand je ne le ressens plus, je me retrouve dans la serre protégée du manoir. De ce lieu qui ne m'appartient pas. Mais que j'ai revendiqué sur un mensonge.

Chiori qui était en train de nettoyer sursaute et manque de renverser les vases qu'elle tenait dans les mains. Elle tente de s'incliner maladroitement et bafouille :

- Votre Grâce ! Que ... enfin ... Je ... Vous ...

- C'est bon, vous pouvez disposez et faîtes venir Evan Anemoi.

Je me doutais que le mage le plus puissant de ce monde pouvait se téléporter mais j'en ai maintenant la confirmation. Il est déjà occupé à contempler un papillon qui s'est posé sur une des fleurs de l'endroit factice. Je me demande comment une bestiole a réussi à s'établir ici.

- Vous m'avez fait appelé ?

L'air stoïque du Général désormais sous l'emblème des Hemera, se présente et son regard dur se pose sur l'être étrange qu'est Alastor avant de se porter vers moi :

- Duchesse, vous m'avez demandé ?

- Voici les informations que j'ai eu de la capitale et comme vous vous en doutez si je reviens avec une missive de l'empire c'est que les duchés sont demandés. Savez-vous quelque chose de la part de votre famille.

Je vois un instant de doute passer, sa mâchoire se crispe légèrement avant de se détendre comme s'il ne réfrénait pas une impulsion.

- Comme vous devez le savoir, je ne suis pas en bon terme avec mes ... mes parents et ma fratrie.

- Oh des family issues cher duc ?

Évidemment Alastor ne pouvait pas se retenir de venir taquiner les nerfs d'autrui. Cependant le chevalier ne daigna plus lui accorder d'attention et se focalisa seulement sur ma personne. Je lui tendis les documents froissés qui étaient dans la poche intérieure de ma veste épaisse.

Il parcourt les documents et je perçois son affolement :

- Que comptez vous faire ?

- Être le héro de ce peuple pour être le méchant d'un seul homme.

- Maître, j'aimerais que vous m'expliquiez ce que vous attendez de moi. Car vous avez volontairement massacré des gens prêts à vous servir.

- Evan, on ne gagne pas une guerre sans sacrifice. Je l'ai appris à mes dépends.

- Je vous trouve horrible.

- Je le suis.

BUILD A VILLAIN - ENCOURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant