SWORD 44

43 3 3
                                    

- Je vous en supplie Monseigneur, nous mourrons de faim ... 

- Cessez de geindre, vous êtes agaçants. 

- S'il vous plaît, nous travaillerons et ... 

- Fermez là bande de mioches ! Parasites !

- Mais vous pouvez nous aider ! 

- Je n'en ai pas envie, quel serait mon profit hein ? Allez dégager, vous faîtes fuir les clients ... Oh ! Monsieur Rochester, comment allez vous ? 

Le pain frais passa des mains du boulanger à l'homme élégamment habillé, il ne nous regarda pas, bien trop occupé à compter la monnaie rendue. Tsillah dû s'écarter du passage, sans quoi le client lui aurait marché dessus. 

Les hommes du village étaient à ma porte, après une énième attaque ravageuse des bêtes démoniaques. Quémandant nourriture et eau, surement quelques affaires de survie aussi.

- Madame, que devons-nous faire ?

Chioni tenait la lanterne éclairant le perron, là où quelques personnes se tenaient à genoux, priant pour recevoir de l'aide.

- Il s'agissait des tiens, veux-tu les aider ?

Elle semblait prise dans un dilemme interne, coupé par l'arrivé d'une petite trouve de cavaliers sans étendard et sans couleur. Mise à part un bout de tissu coupé à la hâte, d'une teinte verdâtre et noué autour du bras du meneur.

Alors il était vraiment revenu, Evan Anemoi. Et mieux que cela, il avait convaincu certains de le suivre dans des terres mortes où l'hiver semblait éternel.

- Duchesse Hemera, excusez mon retour tardif. Qui sont ces gens ?

- Des parasites.

Un se releva vivement, outré :

- Comment pouvez-vous être sans coeur ?!

Bayu donna un coup à l'arrière de ces genoux, le forçant à retomber au sol. Alors comme ça, il était venu. Je doute de ses intentions mais il faut savoir garder ses ennemis près de soit.

- Montre un peu de respect paysan.

- Débarrassez moi d'eux.

Je vis le doute traverser le maigre rang. S'ils n'étaient pas capable de secouer quelques innocents qui ne le sont pas tant que ça, alors ils ne me suivront jamais dans la chute de cet Empire. Mais seul un fou le ferait. Et en parlant de l'animal, on en voit le bout de la queue. Puisqu'en levant la tête, je perçois le regard moqueur et perçant du mage. Penché à la fenêtre de l'étage, il observe l'agitation tardive.

Evan sort son épée et ordonne fortement :

- Veuillez partir ou nous procéderons de force à votre départ.

Ses hommes posèrent une main sur leur arme, prêt à suivre le mouvement de leur leader ou du moins à riposter si les demandeurs deviennent des contestataires.

- Vous êtes horrible !

- Pire que les bêtes présentes ici !

- Elle ne peut être qu'un monstre !

Il est aisé de mordre la main qui refuse de nourrir, là est la nature des êtres humains. Que je leur offre une accalmie dans leur vie ou que je ne fasse rien, ils finissent par me maudire. Qu'ils périssent, ils troublent la fausse quiétude des lieux qui sont désormais mon foyer.

Je pourrais peut être juste demander aux loups de les dévorer vivants mais ça serait avoir grâce d'eux. Ils vont mourir bien rapidement sans connaître les supplices des handicaps. Ou peut être que leur existence est déjà misérable, se disant qu'ils n'ont rien à perdre, leur égoïsme hideux se présente sans aucune humilité.

Je pourrais espérer que leur tendre la main changerait le cours du destin. Mais je ne crois pas en ces sottises.

- Coupez les jambes aux hommes et une main aux femmes.

Des cris d'indignation s'élevèrent dans la nuit sombre et je vis ce jeune garçon vaillant mais profondément stupide se jeter sur moi. J'allais seulement l'esquiver mais le petit apprenti que je soupçonne a planté, sans sourciller, son épée en travers de son torse.

Le sang.

Encore et toujours des flots de sang.

- Fuyez !

- C'est le diable !

Dans le chahut, le désespoir, le chaos, certains poussèrent les autres. Chacun méprisant le sort d'autrui.

Et d'un geste de tête, acquiesça silencieusement à sa demande. Je ne prononce pas de paroles en l'air, après tout c'est comme des promesses. 

Evan confirma ma requête : 

- La duchesse s'est exprimé, que sa volonté soit faîte. 

Même si je connaissais les doutes de mon ancien élève, il ne laissa rien transparaître. Il était un homme ayant connu la guerre, il avait conscience d'avoir pris des âmes qui méritaient un meilleur sort, alors qu'il s'agisse du camps ennemi ou de cet empire, le résultat était le même. Nous étions des tueurs. Peut être pour permettre à quelques rêveurs de prospérer. Quoi que mon objectif diffère quelque peu depuis un certain temps.  Je veux que le cauchemar soit la seule finalité pour ces terres.

L'hésitation aurait déjà tué les soldats qui laissèrent filer quelques gueux.

- Vous n'êtes en rien obligé de couvrir vos mains de saleté, mais si vous n'en êtes pas capable, ne prétendez pas être prêt à vous engager pour Borée.

Mes propos résonnèrent plus fort que le désespoir des couards.

- Vous devenez une vrai méchante.

- Est-ce que cela vous divertit suffisamment Alastor ?

- La question qui me turlupine plutôt, chère duchesse, prenez-vous goût à la peur ? 

- Peut-on asservir l'humanité à l'énergie démoniaque ?

Il était descendu de son perchoir, pour me tenir compagnie alors que le ballet sans rythme et sans sens esthétique se déroulait devant nous. Il se balança doucement d'avant en arrière :

- Peut être. Nous pouvons essayer.

Chioni posa un châle sur mes épaules :

- Madame, vous devriez rentrer vous reposer.



BUILD A VILLAIN - ENCOURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant