SWORD 32

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Elle aurait voulu qu'on lui tienne la main, elle aurait voulu qu'un adulte la regarde sans aucune trace de dégoût, d'horreur ou de peur, elle aurait voulu retourner à l'orphelinat quand tout était plus simple, avant que tout ne devienne un cauchemar où même les larmes ne pouvaient laver le sang et la crasse.

Elle avait vu le château et elle y était entrée par une porte dérobée, escortée par plusieurs gardes impériaux dont la cape bleue semblait voler au vent comme un étendard, annonciateur de grandes choses.

La jeune fille qu'elle était ressemblé plus à un guerrier sauvage qu'à une enfant. Les représentants de l'ordre avaient fait irruption dans les bidonvilles dans la nuit, saisissant toutes les affaires illégales de l'endroit, stoppant les combats de rues et l'écoulement de boissons et de drogues.

Les malheureux esclaves servant de divertissements avaient tous été embarqués dans plusieurs calèches de fortunes pour les mieux lotis, les autres avaient dû marcher, les chaînes à leurs pieds et à leurs mains les ralentissant fortement.

- On en a combien ?

- D'après les registres, on a le lot 426, on devrait compter 15 garçons et 3 filles.

- Tu connais la procédure pour les garçons, je m'occupe des filles.

Le trio avait été aligné à l'arrière d'une cour d'entraînement déserte. Un petit noble aux cheveux comme l'or était arrivé pour observer celles qui avaient été disposées tels des objets en vitrine.

- Sa Majesté, le Prince Erebe Nychta !

Elle fut surprise de reconnaître un ancien visage de l'institution où elle avait séjourné un temps avant d'être vendue.

- Tsillah ?

- Comment oses-tu t'adresser au Prince !

Elle fut envoyée à terre avant de comprendre ce qui se passait, elle voulait simplement s'assurer avoir reconnu quelqu'un, quelqu'un qu'elle avait chéri, mais elle se retrouvait tête contre terre, la pression d'une main sur sa nuque et ses genoux saignants sur la terre sèche.

- Lâchez-la !

- Mais Votre Altesse ... Elle allait ...

- C'est un ordre.

Elle ne sentit plus le poids à l'arrière de son corps et elle pu se relever afin de rencontrer le visage inquiet d'un camarade de jeu disparu, elle le prit dans ses bras sans se soucier des indignations autour.

- Tsillah !

- Cyra, je t'ai enfin trouvé !

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Le matin se levait à peine dans la campagne perdue de l'Empire, pourtant à l'extérieur d'une bâtisse vieillissante, des gardes et une femme aux allures austères discutaient avec le directeur de l'établissement, un prêtre âgé dont le visage impassible ne trahissait aucunement l'objet de la discussion.

Un enfant blond fut amené par une nonne, encore endormie, l'air hagard, il se frottait les yeux et baillait grandement lorsqu'il fut remis entre les bras d'un homme en armure dont les insignes et les couleurs ne laissaient aucun doute à son appartenance.

- Non !

Il se débâtit, pensant être vendu ou emmené pour d'obscures raisons. Car c'est ce qu'il se passait de plus en plus récemment ici. Car de moins en moins de couples venaient adopter d'enfants, et de manière générale, ils préféraient toujours les nourrissons peu importe à quels points les enfants faisaient de leur mieux pour paraître être le meilleur choix.

- Votre Majesté, je vous prie de m'excuser de vous avoir touché sans votre consentement, mais je vous prie d'endurer mon contact le temps de vous transporter jusqu'à la calèche.

Il arrêta tout mouvement, ne comprenant pas pourquoi l'homme qui le tenait s'adressait à lui de manière si élégante, si distinguée, comme s'il était quelqu'un d'important.

- L'Empereur, devait-il vraiment confier à ce couvent la gestion de son fils ?

- Tu n'es pas au courant ? L'impératrice a intenté à sa vie plusieurs fois lorsqu'il est né. Elle était furieuse, elle a fait assassiner toutes les servantes qu'elle soupçonnait d'être la mère ou une partisane de celle-ci.

- Pourquoi le faire revenir maintenant ?

- Aucun héritier n'est né. L'impératrice a été exilée après les tentatives de meurtres, elle est seule dans le nord, au-delà des terres de Borée. Afin d'assurer la stabilité de la famille, il est important que l'héritier soit présenté.

- Il y a des rumeurs disant que l'Impératrice était en réalité une magicienne, elle aurait maudit les terres. Car c'est au moment de son exil que les monstres ont commencé à apparaître.

- J'ai entendu qu'elle aurait trouvé un amant.

- Tu rigoles ? Elle est seule, enfermée dans une tour. Comment veux-tu qu'elle trouve un réconfort ?

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Il n'avait pas le choix, c'est ce que son tuteur lui répétait alors qu'un magicien se concentrait sur le pentacle lumineux qui était apparu au-dessus du front de la jeune fille qui avait placé sa confiance en son ami.

- Votre Altesse, nous scellons ses souvenirs avant son arrivée ici. Elle se rappellera seulement qu'elle vous connaît et les sentiments à votre égard sans savoir l'origine de tout cela. Il est important que personne ne sache vos origines.

- Mais les gardes qui sont venus ...

- Je m'en suis occupé. Un secret ne peut être gardé que lorsque le silence est couvert par les morts Votre Altesse. Tout cela, est pour vous, pour que vous puissiez être le parfait héritier de cette nation. Car s'il vous arrivait malheur, si vous n'êtes pas à la hauteur, si vous faiblissez, si vous ne pouvez supporter l'espoir du peuple, alors vous périrez. Et tout cet empire avec vous. Elle ne souffrira pas, elle est mieux ici que dans les bas-fonds, n'est-ce pas Votre Altesse ?

Il hocha la tête lentement, son esprit cheminant pour donner raison à l'adulte qui était en charge de l'enfant.

- Cyra ira bien, c'est le mieux, comme ça, elle restera à mes côtés.

- Elle ne sera plus votre amie, mais vous saurez qu'elle vit bien mieux que là où elle était. C'est très altruiste de votre part de l'avoir amenée ici. Mais rappelez-vous, elle devra remplir son rôle, et pour cela, vous ne pourrez plus être de son côté, elle sera du vôtre.

Il ne comprenait pas vraiment le sens de ces paroles, il se contenta d'acquiescer silencieusement.

- De plus, mon Prince, ne l'appelez plus par son prénom. Oubliez-le.

Ce jour-là, beaucoup de choses sombrèrent dans l'oubli, des personnes en ayant trop vu, des personnes qui avaient vu le petit soleil de l'empire, d'autres qui avaient eu le malheur d'être missionnés dans un projet où aucun témoin n'était admis. Des noms, des visages, furent brûlés, des registres, des portraits. Une bâtisse délabrée perdue dans les champs, dont le symbole anémo sombra sous les flammes. Et qu'Eole pardonne les pêcheurs d'être faibles.

BUILD A VILLAIN - ENCOURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant