SWORD 49

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Après avoir massacré mes propres hommes, j'ai pris une monture et chevauché sans répit vers la capitale. Arrivant en pleine nuit au palais je n'ai pas eu besoin de convaincre qui que ce soit de mon droit d'arpenter l'endroit comme si j'en étais la propriétaire. Les gardes me saluèrent et les domestiques s'inclinaient tout en évitant soigneusement ma route, comme des rats fuyant devant un chat mais prenant de temps de montrer leur respect afin d'éviter d'être dévorer dans le cas où leur manque d'étiquettes puisse me contrarier.

Mes bottes claquent contre le marbre du sol recouvert d'un tapis bleu nuit. Dégoutant. Je ferais tout retirer lorsque je posséderai les lieux.

En m'approchant des quartiers de celui que je suis venu voir, je peux entendre une discussion privée :

- Organisez encore plus de ballets s'il le faut, offrez les entrées et divertissez tout le monde.

- Mais Votre Altesse, la situation ne peut perdurer en l'état. La nation a besoin d'une vrai solution. Vous ne faîtes que repousser l'échéance d'une déchéance si vous ne faîtes rien.

- Vous croyez que montrer aux gens que l'Empire sombre est une solution ?! Par Eole ! Réfléchissez, si tout est révélé, les nobles se rebelleront, le peuple tourneront leur fourche contre leur propre voisin et les autres royaumes repartiront dans une guerre meurtrière contre nous ! Je vais trouver une voie qui ne nous mènera pas à la faillite mais j'ai besoin de temps, j'ai besoin que tout le monde reste calme et pour ça je mentirai, je mentirai au point d'en arracher les dents de ceux qui oseront émettre l'idée que nous sommes en déperdition. Est-ce clair ?

- Comme vous le souhaitez Votre Altesse. Après tout vous avez la Sainte avec vous. Eole vous a béni.

- Suffit de ces courbettes. Je ne vous paie pas pour être complimenté mais pour exécuter mes ordres.

Un dirigeant qui commence à perdre pied, qui se retrouve à réagir au lieu d'agir. Il n'est pas en position de force actuellement. Et je suis le Corbeau qui vient voler dans les plumes de son maître. Quoi que la métaphore n'est pas de bon goût puisque je dois renoncer à ce que j'ai pu être. Mais avant, je veux que la souffrance de cet homme, soit ma pitance.

Je m'appuie contre l'embrasure de la porte et toque du dos de ma main contre le bois décoré de dorure fine et pourtant que je trouve grossière comme toute cette comédie qui se déroule depuis notre naissance et qui s'est enraciné bien avant. Car nous payons tous les erreurs de nos prédécesseurs.

Le prince héritier se tourne vers la source du bruit ainsi que son secrétaire, surpris d'être interrompus dans leur échange.

- Qui l'a laissé entrer ? Depuis quand est-ce qu'elle est là ?!

Il pose des questions dans le vide, puisque tout le personnel était assez éloigné de cette aile et il avait sûrement expressément demandé à ne pas être dérangé pour tenir le sujet de la conversation secret.

- Votre Altesse. Je vous dérange ? Je l'espère.

Le pauvre employé trouva rapidement une excuse pour partir. Nous laissant l'un face à l'autre. La tension étouffait l'air et pourrait faire suffoquer n'importe qui.

- Que fais tu là ?

- Toujours aussi impoli votre Grâce mais ça ne fait que refléter vos sentiments à mon égard.

- Tu as choisi l'ennemi. je ne peux pas te traîner à l'échafaud en public surtout pas quand j'ai besoin des duchés à l'heure actuelle mais bordel tu as choisi Alastor !

- Je n'ai choisi personne. Il est venu lorsque tu m'as utilisé comme sacrifice mais je ne vais pas t'expliquer une histoire que tu connais déjà. A moins que tu aimes les contes pour enfant, où la méchante meurt à la fin sans que personne ne se soucie de ses motivations.

- Par pitié Cyra arrête ce cirque. Tu sais bien que je n'avais pas le choix. Tu connaissais ton rôle alors accepte le. Je l'ai accepté moi.

- Facile à dire quand tu n'es pas celui qui doit mourir.

- C'était ça ou nous allions tous périr !

- Le cheminement pour me vendre à une contrée est floue. Tu le sais. Tu es en tort. Tu agis comme un lâche et tu te victimises.

- Tu ne sais pas ce qu'est le poids de la couronne !

- J'aimerais avoir de la peine pour toi mais elle s'est perdu avec mon admiration sur le chemin de la trahison.

- J'essaie de sauver un peuple alors excuses moi de ne pas avoir pitié de toi. Tu n'es rien Cyra pour ce monde !

- Sauf que Cyra est Ether Hemera et tu auras besoin d'elle. Car elle ne sera pas un sacrifice anonyme et méprisée. Elle sera la seule à accueillir ceux que tu veux tant protéger, elle sera la seule capable de les laisser vivre. Et tu ne veux pas la contrarier. Tu ne veux pas me contrarier.

Je vis la fureur dans ses orbes, il avait envie d'attraper mon cou nu et de serrer ses doigts autour de ma trachée, je le sais que Erebe, derrière ses grands airs remplis de bienveillance, est un homme qui sans contrôle totale de la situation se sent débordé et peut perdre pied. C'est pour ça que le Corbeau était là. Je ne pouvais pas vivre sans mon maître mais lui est incapable de se diriger sans son oiseau.

Quelle relation dégoutante.

- Mensonges ! Il t'a vraiment pervertie ! 

J'ai envie de rire devant la fragilité évidente de sa santé mentale et de celle de cet empire que je me suis mise à détester car il ne m'a jamais rien apporté. Quoi que j'ai pu obtenir désolation, et perdition.

Je pose ma main contre mon coeur et m'incline devant un futur empereur destitué :

- On ne peut pas se venger des morts Votre Altesse, alors je vous garderai aussi longtemps en vie que nécessaire pour que ma soif s'étanche.

BUILD A VILLAIN - ENCOURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant