SWORD 7

71 9 1
                                    

Il était désagréable, même inconfortable que de sentir la brise printanière sur mes joues découvertes de tout apparat

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Il était désagréable, même inconfortable que de sentir la brise printanière sur mes joues découvertes de tout apparat. La capuche de ma cape ne couvrant que très peu mon visage, j'avais revêtu ma tenue journalière, le pantalon en toile me permettant d'être plus à l'aise dans mes déplacements et d'accrocher les sangles me permettant de promener aisément mon épée et d'autres armes cachées dans mes habits.

Alastor m'avait conseillé d'aller me promener dans le village voisin, s'étant déclaré médecin, il avait affirmé que l'air frais extérieur allait m'être positif d'une manière ou d'une autre. Je pense plutôt qu'il me voit comme un chien se laissant mourir sans la présence de son maître. Mais puis-je lui donner tort quand je me suis contentée d'une apathie à son apogée en ne daignant ni boire, manger, parler et même respirer avait l'air de m'être superficiel.

Finalement, mon hôte m'avait contraint à perdre patience et je me retrouvais à observer ces ruelles de terres et de pavés, ces logis réparés à la va-vite pour se protéger un tant soit peu de la météo alors que la guerre avait détruit la majorité des constructions.

Je sentis un poids mollement tomber sur l'arrière de mes jambes et deux orbes châtains craintifs me firent face :

- Je suis désolée Madame !

Deux autres enfants s'arrêtèrent de courir brusquement, restant en retrait de la scène, laissant leur amie à mes pieds. Je me penchai pour m'accroupir afin de l'aider à se relever. Cependant, en tendant ma main, mon arme fut visible et elle se mit à reculer, agitant ses petits membres, rampant sur le sol sale.

- Par pitié, je suis vraiment désolée.

- Tu crois que c'est un chevalier de l'Empire ?

- Non, papa m'a dit qu'ils avaient une cape bleue. Peut-être un mercenaire ?

Voilà qui était ennuyeux, des yeux indiscrets se mettaient à me scruter, attendant de savoir si je comptais annoncer que l'enfant serait puni en place publique immédiatement.

- Est-ce que tu vas bien ?

Je m'étais agenouillée pour être à sa hauteur sans pour autant m'avancer, laissant cette distance nécessaire qui pouvait lui conférer l'illusion que je ne pouvais pas l'atteindre.

Elle bégaya quelques onomatopées sans sens avant de hocher la tête et de finalement saisir ma paume pour se redresser. Maladroitement, elle attrapa le pan déchiré du bas de sa tunique afin d'effectuer une révérence à peu près convenable. Mais plus qu'acceptable compte tenu de sa catégorie sociale.

- Merci pour ... votre ... euh ... gentillesse.

Elle cherchait ses mots, non pas parce qu'elle était intimidée, mais parce qu'elle cherchait les mots les plus soutenus qu'elle pouvait posséder dans son vocabulaire.

Ses camarades de jeu attrapèrent son bras pour la tirer, s'enfuyant rapidement dans le dédale des rues étroites. Dès qu'ils furent hors de vue, les adultes présents reprirent leurs activités, se détournant de l'attraction que j'avais été pendant quelques secondes.

Je me redresse et balaye les lieux du regard, me dirigeant vers un marchand tenant un stand de brochettes :

- Bonjour, combien ?

L'homme aux airs assez bourru me détaille, croisant ses bras contre son torse, il comptait me répondre sèchement mais une femme apparue derrière lui, assez petite, enfilant son tablier :

- Sois agréable avec la clientèle chéri ! Bonjour jeune dame ! Une pièce de cuivre pour une brochette et 5 pour 6 ! Êtes-vous de passage ?

Je sors de ma bourse, une pièce d'argent et la dépose dans le creux de la main de la vendeuse, surprise, elle cligne des yeux plusieurs fois :

- Nous n'avons pas la monnaie.

- Gardez-la.

Malgré la froideur dont je fais preuve, elle continue de me sourire et ose même fixer mes iris pâles. Pourtant les gens ont tendance à les éviter.

- Vous êtes peut-être une chevalière ? Ou une Lady ? Quoi que je n'ai jamais vu de dame noble avec une si jolie épée ! Chéri, fait lui cuire un lot.

Qui suis-je ? Une tueuse aurait été la bonne réponse. Devrais-je la modifier et affirmer que je suis un sacrifice raté ? Ou bien un animal pitoyablement abandonné ? Peut-être que cette dernière définition de moi-même est un peu mélodramatique.

Je ne suis pas vraiment apte à répondre à une question pourtant aussi banale car n'importe quel être est.

- Enfin, peu importe, appréciez-vous notre village ? Il est un peu rustique, mais ma foi grâce aux bonnes actions de notre Prince, nous avons pu rester ici et continuer à mener notre petite vie ! Il a tant fait pour notre contrée !

Je devrais me réjouir qu'Erebe soit aussi bien-aimé par son peuple, il est important pour un régent d'avoir le soutien de ceux qu'il guide, car la couronne va de paire avec des devoirs et il est mieux de gouverner quelque chose plutôt que des cendres froides.

Je sens ma mâchoire se crisper et mon corps se tendre comme s'il m'était difficile d'entendre des compliments concernant mon ancien employeur. Pourtant je reste là, à attendre que le mari de cette femme, veuille bien me servir mon repas.

- Il a été si généreux ! Savez-vous ce qui se dit ?

Pourquoi ai-je le malheur de ne rencontrer que des gens ayant trop pris à cœur la liberté d'expression que nous possédons ? Je me contente de ne pas l'interrompre, sa voix guillerette par-dessus les bruits ambiants.

- Il aurait sacrifié une femme, il devait la faire tuer par ses propres gardes devant les yeux des ennemis afin d'acter sa mort. Une triste tragédie pour cette pauvre Lady si on veut mon avis. D'autres disent qu'il s'agissait de son bras droit, de la plus grande maîtresse épéiste de notre Empire et qu'il la cachait sous le nom de Corbeau Noir. C'est une histoire passionnante ! Je pense à croire que c'était aussi son amante.

Mon souffle s'était coupé et mes phalanges avaient blanchi sous la pression que j'exerçais, abîmant ma chair de mes ongles alors que mes doigts s'étaient formés en un poing.

J'avais pourtant connaissance des rumeurs qui couraient, je le savais. Je savais déjà tout ça. Pourquoi mon coeur semblait s'être éveillé dernièrement ? J'étais en colère contre tout, je perdais la prise que j'avais sur le contrôle de mon être.

Être. Toujours ce même problème.

Tout cela est ridicule.

Détestable !

- Allez-vous bien Madame ? Oh. Vos brochettes sont prêtes.

Elle me tendit les petits pics de viandes d'une main. J'acceptai la marchandise et d'un signe de tête je la salua afin de prendre congé rapidement, ne voulant plus entendre les bavardages pourtant inoffensifs de la travailleuse.

- Non, s'il vous plaît ! Je vous en prie. Que quelqu'un m'aide !

La foule s'amasse autour d'une femme pleurant et suppliant un homme entièrement vêtu de noir, un masque couvrant le bas de son visage mais je pourrais reconnaître les pupilles ambrés à des kilomètres. Il se tient debout, de toute sa hauteur devant elle, sa main prête à saisir la tête de la présumée victime. Un pentacle étrange apparaissant sur le dos de sa main, rien de bon à venir en somme.

BUILD A VILLAIN - ENCOURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant