SWORD 47

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Les fouilles avaient duré plus longtemps que prévu, pour une femme coupée du reste du monde, exilée pour avoir tenté de tuer le prince héritier, elle avait accumulé beaucoup d'affaires qui étaient resté sur place après son retour.

L'Impératrice avait même délaissé des bijoux dont les pierres précieuses pourraient combler les dettes de toute une région, nourrir les paysans de ces terres pour plusieurs années et peut être acheter la foi de certains temples.

Le plus intéressant restait le journal à l'écriture cursive élégante et soignée. Mais les dernières pages avaient été traité avec moins de délicatesse.

" Il est venu déposer ma ration pour la semaine, j'ai l'impression qu'elle diminue avec le temps, est-ce qu'il cherche à m'affamer ? N'a t'il pas des ordres ? Je reste l'Impératrice, il devrait au moins me saluer avec les règles d'étiquette de base. Tout le monde chuchotait avec crainte le nom du Duc de Borée mais son jeune frère est bien plus imposant. Je ne sais pas comment il se repère jusqu'ici sans périr avec des yeux aveugles. Ses orbes sont d'un bleu presque aussi blanc que le paysage. Il ne parle pas et parfois j'ai l'impression qu'il m'épie "

" C'est un mage. Il n'a jamais été connu par la famille impériale que les Hemera possédait des capacités de ce genre. Ils étaient déjà connu pour leur compétence indéniable à l'épée. Posséder les deux seraient un risque bien trop grand pour notre position. Je dois avertir mon époux. " 

" Il refuse mes lettres, tout ça pour me punir alors qu'il est celui en tort.  Il a osé me ramener un bâtard, sorti des bois. Cet enfant sale prend la place du mien. De mon fils qui m'a été enlevé. Ce souillon mange, bois et respire sans impunité alors qu'il n'a aucun droit. J'aurais dû me douter que ce queutard  finirait par avoir un marmot avec l'une de ces catins prêtes à s'allonger pour tenter d'attirer dans leur bras l'Empereur. En vu de quoi ? Devenir une concubine ? Ou les plus téméraires souhaitent ma couronne. Jamais ! J'ai bien trop sacrifié pour arriver à cette place, je suis née pour être une régente. J'ai grandi pour être la compagne de l'Empereur. Je gouvernerai peu importe comment, par quels moyens et pour quelles finalités. Je ne laisserai pas un badinage, une amourette ou peu importe ce que c'est, ruiner ma position. Je suis certes temporairement parti de mon trône mais j'en ai tous les droits. Il semble oublier, que sans moi, sans ma présence, sans mon travail, il ne serait pas le bien aimé du peuple. Et que m'a t'il rendu ? Rien. Je l'empoissonnerai, je le regarderai périr à petit feu après lui avoir enlevé son rejeton. Mon enfant aurait dû obtenir ce titre. Mon doux et petit, que je n'ai pas pu tenir contre mon coeur. J'aurais fait de lui un homme marquant l'histoire. J'aurais pu tuer l'imposteur sans inquiétude. Il n'aurait même pas osé le ramener. "

" Ce n'est pas un mage, Karon Hemera n'est en rien un sorcier, un être humain ou quoi que ce soit que nous connaissons en ce bas monde. Une étrange aura prune et noire se dégageait de lui, sentant comme la mort, il est venu avec des loups couverts de sang, la gueule fumante. Cherche-t-il à me dissuader de m'aventurer dans le désert de glaces ? Je ne comptais pas me laisser souffrir dans la poudreuse et me perdre. J'attends le moment où je retrouverai ma juste place. "

" Le Duc est venu, avec ses gardes ils ont relevé l'état des lieux et de ma personne, traitée comme une prisonnière, ils me regardent de haut. Je leur ferai payer, je reste leur supérieur mais ils se permettent de me questionner telle une vulgaire gueuse. Ils oublient bien rapidement que je récupérerai mes droits. Ils oublient que le Duc Hemera était autre fois un homme qui m'a courtisé."

" Karon Hemera s'est assis, en face de moi, son épée sale était ostentatoirement posée contre son flanc. Il n'a pas parlé. Il s'est contenté d'être là alors que divisais mes denrées pour tenir jusqu'à la prochaine provision. Est-il venu pour se moquer de moi ? Je pensais que oui, qu'il était ce genre de sadique sans âme humaine. Mais au bout d'un certain temps, il a sorti un sac en toile, où des plantes avaient été entreposées. J'ai reconnu des végétaux comestibles et aussi des boutures que je pourrais replanter si je pouvais trouver de la terre aussi dur les pierres à cause de ce froid. "

" Cherche-t-il à m'amadouer ? J'ai trouvé ce matin, une peau de bête dans la hall. Autrefois, elle avait dû appartenir à un loup noir, un de ceux que j'ai pu voir rôder dans les environs. La fourrure avait été nettoyée mais des traces grossières résidaient encore sur les poils. Elle n'avait pas été traité par un grand couturier ou un expert dans le traitement d'une telle pièce. Mais le monstre qu'il est, avait relevé l'isolation médiocre de l'endroit. L'Empereur ne se préoccupe plus de moi. Sinon il aurait envoyé quelque chose de plus faste.A-t-il trouvé une maîtresse qui réchauffe son lit ? Elle ne sera jamais à ma hauteur. "

Des pages ont été arrachées en plein milieux et je me doute qu'à son départ, même si elle n'a pas pris la peine d'emmener une richesse nationale, elle s'est donnée le temps d'effacer quelques traces dans un lieu où nul ne met les pieds. Elle a quelque chose à cacher.

" Mon doux enfant, pourquoi n'es tu pas né avant ? Tu aurais pu revendiquer le trône, tu aurais pu t'aligner dans la succession de la couronne. J'ai fauté, à te donner un avenir. Mon regret est de te laisser, mais pas dans les griffes de ces fous d'Hemera. Non, tu seras à l'abri protégé par Eole. Quel âge as-tu maintenant ? Je t'ai laissé avant d'être si loin de tout."

L'Impératrice aurait donc eu un enfant avec un autre homme que son mari, elle pourrait être condamnée pour ça. Cependant l'Empereur ayant lui même ramené un enfant illégitime, ce serait aussi avouer ses torts. Alors les secrets ont été cachés dans ces terres sans âme qui vive.

- Avez-vous appris des choses intéressantes votre Grâce ?

L'appellation était dit  comme si mon titre était une blague, le sourire hautain du mage me narguait et je ferma le journal, le jetant dans le foyer de l'âtre nous permettant de nous réchauffer un tant soit peu ici.

Elle a abandonné sa descendance, soit disant pour son bien. Je dirais plutôt par lâcheté.

- Que l'humain s'attache bien plus à une position qu'à ses paires.

- Rien de bien nouveau alors.

BUILD A VILLAIN - ENCOURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant