SWORD 56

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Il m'est peu habituel de me promener au milieux des allées, il m'est peu habituel de me promener sous le soleil, il m'est peu habituel de me promener en signalant ma présence, il m'est peu habituel de me promener en tant que lady, en tant qu'invité. Il m'est peu habituel de vivre au lieu de survivre. 

Pourtant les vieilles habitudes restent, car je me retrouve souvent à frôler les murs et l'ombre qu'ils procurent, j'oublie parfois que je dois donner les ordres et non pas les recevoir. 

Alors sous le saule pleureur du grand parc du domaine Anemoi, je vois les silhouettes d'une femme et d'un homme se disputant. Sans mal, je reconnais celui que j'ai entraîné et sa soeur. Il m'avait pourtant assuré qu'elle ne viendrait pas ici mais je suppose qu'il n'a pas le contrôle des choses autant qu'il ne le pense. 

Ils ne m'ont pas remarqué et je peux entendre les supplications de la brune dont des griffures de serres sont visibles sur sa peau. 

- Pourquoi prends tu son parti ? Tu cherches à te venger de père et mère ? Evan, tu ne prends pas le bon chemin. Je te le demande en tant que ta petite soeur, l'unique que tu as ... 

- Cesse cette comédie Séléné, je t'en prie. Je n'ai pas la patience de t'écouter. Va voir notre frère aîné et demande lui de m'expulser de la famille, mais il devra le faire en me coupant la tête. 

- Ne dis pas de telles horreurs ! C'est à cause de cette femme que tu es devenu ainsi ?! Elle est un monstre, tout ce qu'elle a en commun avec l'humanité, c'est son enveloppe charnelle. 

- Non ce qu'elle a en commun avec l'humanité c'est la rage de vivre. Tu ne comprends pas mes choix, parce que tu ne m'as jamais réellement connu Séléné. 

Elle tenta d'attraper l'une de ses mains entre les siennes mais il se recula, comme si le moindre contact avec elle pouvait le brûler. Elle avait l'air de l'implorer tandis qu'il voulait seulement qu'elle parte. 

- Je suis ta soeur ! Comment peux tu préférer cette chose ! A moi ?! Je suis la Sainte de cette nation ! Alors si tu ne le fais pas pour notre famille, je te le demande en tant que voix d'Eole. 

- Ne me fais pas rire. Tu n'es ma soeur que par notre lien de sang. Mais toi et notre frère n'avaient jamais considéré ma personne comme l'un des vôtres. Père me battait et me trouvait inutile. Sais-tu pourquoi il m'a envoyé dans les rangs des soldats à un si jeune âge ? Il espérait que j'y meurs ! Pour toucher la compensation versée par l'Empire aux familles endeuillées ! Pour que je serve à quelque chose ! 

- Je ... Quoi ? Non, père n'aurait jamais fait ça. Nous sommes une famille ... Tu dois faire erreur. 

- Et par pitié arrête d'utiliser ton titre comme moyen de pression. Le fait que tu sois obligée de le rappeler, rend ton rang ridicule. 

Je m'approcha suffisamment pour que de leur champs de vision, ils soient alertés de ma présence. Ecrasant l'herbe sous mes pieds, et réduisant la distance qui me séparent d'eux, je fixe mon regard sur les doigts gracieux de cette noble jeune femme qui n'a jamais pris un couteau, un bâton de bois ou encore un linge sale entre ces derniers. Alors brandir une épée ? Et pourtant sur le dos de cette fragile main s'est dessiné un pentacle. Prouvant une certaine compétence mais aussi force. Mon soucis ? La mascarade autour de ses pouvoirs divins inexistants. 

- Surtout lorsque l'on usurpe sa position, Sainte Séléné ou devrais-je vous qualifier de mage. 

- Mensonge ! De quoi vous m'accuser ?! Vous n'êtes pas la vraie Ether Hemera ! Vous n'êtes qu'une hérétique ! Bon sang mais pourquoi Erebe ne s'est il pas assuré que votre cadavre soit au fond d'un lac ! 

Evan a sorti son épée, pointant la lame vers la gorge de sa soeur, la menaçant de ne pas s'approcher de moi. Ses yeux écarquillés et son corps tremblant témoignèrent de sa surprise et de sa peur que d'être mise face à une arme. 

- Evan ... 

- N'insulte pas sa Grâce aussi aisément. Je suis à son service, et toute imprudence se paie. 

Sa voix chevrotante ne trouva pas de mot, seulement des onomatopées sortirent de ses lèvres alors qu'elle fixait le fer blanc. Avait-elle arrêté de respirer ? Je ne voyais plus de mouvement le prouvant. 

Du plat de ma main, j'appuya contre cette menace, faisant baisser sa garde à mon soldat dévoué : 

- Séléné, vous voulez être une sainte ? Voici ce qu'Eole ne vous a pas dit : Le corbeau n'était qu'un présage, arrachez lui son bec pour qu'il ne puisse plus croasser les malheurs qui arriveront, qu'importe. L'horreur de cet acte ne fait qu'accélèrera la perte de cette nation. Les monstres se cachent à découverts et les victimes portent un masque. Mais qui suis-je pour interpréter une prophétie ? Je ne suis qu'une voleuse d'identité. Et vous ? Pourrez vous l'interpréter ? 

Elle tomba au sol, ses jupons autour d'elle et son regard rivé vers un point lointain que je ne discerne pas. Que c'est dramatique. 

Je tapote le dessus de sa tête : 

- Vous et moi sommes si différentes. Et pourtant nous sommes toutes deux des menteuses. 

- Je ... je ne mens pas. Je ne mens pas. je suis la Sainte. Je dois être la Sainte. Moi seule, je dois. Je ne mens pas. 

Quelle pitoyable petite créature. 

- Elle est là ! 

- Fichtre, Séléné a dû prévenir sanctus que nous étions ici ! 

Effectivement le bruit assourdissant d'une petite troupe d'hommes arrivent, vêtus d'armure et de bouclier arrivèrent. L'homme à la tête de se détachement ressemblait beaucoup à Evan, mise à part le fait qu'il paraissait bien plus âgé et plus expressif. Evan n'avait laissé aucune émotion transparaître depuis le début, et cela ne changea pas avec l'arrivée imprévue de l'individu. 

- Duchesse Ether Hemera, et Evan Anemoi ! En tant que noble de cet empire, je me dois de vous livrer à la justice suite au mandat d'arrêt établi pr la cour ! Rendez-vous ! 

Parce qu'il se pense impressionnant ? Il a si confiance en ses soldats pour n'amener que ça ? C'est hautain de sa part de penser que cela suffirait. 

Evan me tend son épée, j'en saisis la garde et la fait légèrement esquisser quelques arabesques pour en mesurer la portée. 

- Vous aggravez votre charge retenue en prenant en otage la Sainte ! Ma soeur je viens te sauver !

- Mais quel héros nous avons là. Je n'ai pas besoin de captive pour vous dérouter. Ne pleurez pas vos morts alors ... 

Ma garde en avant je plongea sur les premiers inconscients obésissant à des ordres les dépassant. 

Leur casque avait une faiblesse terrible, les yeux. 

Le premier tomba alors que le sang éclaboussait la verdure si chatoyante, une rotation me permit d'esquiver un coup et de ramasser l'arme lâchée par ma victime précédente. 

Et que l'herbe de se teinte de rouge, jusqu'au jour où le ciel sera pourpre. 

BUILD A VILLAIN - ENCOURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant