SWORD 40

33 6 0
                                    

Les lieux sont étrangement lumineux, de grandes fenêtres permettent au manoir  d'être éclairé naturellement, tout est décoré avec goût et de manière a accordé une certaine harmonie dans les lieux. Ce qui me change du palais où tout était trop opulent, étouffant. 

Je ne pensais pas avoir des critères en matières de logement, mais je me sens plus à l'aise ici, où en réalité l'espace est beaucoup plus dégagé, je peux facilement voir les coins des pièces, rien ne permet de se tapir dans l'ombre. 

- Venez voir Ether, j'ai réhabilité la serre du dernier étage. 

Une serre ? A l'étage ? Je pensais pour une fois qu'il était un homme de bon sens dans l'architecture et la gestion du manoir mais je m'étais lourdement trompée. 

Il me guide rapidement jusqu'au 3ème étage, où dès le pallier de l'escalier, de grands vitraux donnent vu sur un espace arboré et fleuri. C'est comme s'il avait simplement "posé" un jardin d'hiver ici. Le toit en verre et tout ses murs, me laissait voir la neige et les terres que je possédais désormais. 

Il ouvrit la porte et m'intima de le suivre. 

- Tout l'endroit est couvert d'un sort de protection, ainsi que d'un sort qui vous permet de voir l'extérieur mais l'intérieur ne l'est pas de dehors. Autant je n'aime pas la neige, mais j'ai remarqué que vous regardiez souvent le ciel. Je suppose que passer votre temps dehors vous rend anxieuse quand vous n'avez qu'une visibilité réduite des environs et des cieux. 

- Je ne l'avais même pas remarqué. 

- Quand nous étions à l'orphelinat, vous ne dormiez que peu et vous vous retrouviez toujours à la fenêtre de la chambre à observer les astres. 

- Alastor, je veux bien croire que vous ne me voulez aucun mal mais dans tout ça, vous avez bien une motivation ? Autre que de l'altruisme. Car vous même n'y croyez pas. 

- Vos doutes persistent n'est-ce pas ? Je ne suis pas un chevalier donc je ne peux pas dédier un serment éternel à une dame. Mais Ether, je le dirai autant de fois qu'il le faudra pour que ça s'imprime dans l'histoire de nos vies, je ploierai les genoux et ceux des autres pour vous, je décimerai l'entièreté de ce monde si vous me le demandiez, sans poser de question, et tout autant je l'épargnerai.  Vous êtes celle en qui je crois, et celle en qui je place ma vie. Si vous le souhaitez je serai à vous. 

Il semblait sincère et je ne pouvais pas déterminer les parties de l'histoire qu'il me cachait, il avait toujours été honnête dans ses réponses, cependant je sais aussi qu'il ne répond qu'à sa manière et si la formulation de l'interrogation est incomplète, la réponse le sera aussi. Il ne se précipitera pas pour combler les zones de floues et d'ombre. 

Alors je ne peux pas dire que je peux totalement m'appuyer sur l'aide qu'il m'offre. Même si je dois admettre que je serais morte sans ses interventions. 

- Madame. 

Chioni venait d'arriver, elle s'inclina et présenta d'une voix calme même si le doute grattait le fond de son ton : 

- Je viens de prendre possession de ma chambre et je souhaite vous remercier pour votre générosité. 

- Ce n'est pas de la générosité. Je vous emploie car je n'ai personne, vous avez besoin d'argent. C'est un équilibre des choses. 

Elle réprime un sourire et me sert une révérence maladroite :

- Je tâcherai d'être à la hauteur. Le Général a fini de s'occuper de son cheval, dois-je le conduire à la chambre d'ami ? 

Alastor abordait cet air hautain :

- Je vais m'en occuper, après tout, Ether, vous souhaitez que je m'entende avec ce type. Regardez je fais le premier pas vers lui. 

A croire qu'il veut que je le félicite d'avoir fait un effort qui n'en est même pas un.  Je me contente de le chasser d'un geste de la main, lui faisant signe de déguerpir rapidement. Ce qu'il fait en sifflotant un air sombre qui je pense doit être joué pendant des marches macabres. 

- Chioni, je n'attends pas grand chose. Faîtes ce qu'il faut pour que la maison soit entretenue. Oh et les temps à venir seront compliqués. Si vous songez qu'il est préférable de partir, je ne vous retiendrez pas. 

- Madame, je ne penserai jamais à quitter vos côtés, vous m'offrez une opportunité que je n'aurais pas pu imaginer. 

- Allez voir s'il y a quelque chose en cuisine, si c'est le cas, en attendant que j'engage un cuisinier, vous devrez vous en occuper. Je rétablirai rapidement la situation. Cela sera tout. 

- Bien Madame. 

Elle part, prenant soin de refermer derrière elle. Je me retrouve seule dans un  paysage de printemps dans un hiver éternel dans la région. Les fleurs blanches rappellent le manteau extérieur et les arbres élégants sont taillés parfaitement pour ne pas absorber et diminuer la luminosité. 

Je m'assois sur un banc et lève le nez vers le plafond transparent, regardant les flocons se déposer doucement et fondre au contact du verre. 

Le gris du ciel envahi toute la voute. 

" Cyra ! Cyra ! Tu saignes ! Vite, nous devons retourner auprès de Soeur Rosalia ! "

Des tâches rouge couvraient la neige, la salissant, je devrais nettoyer ce gâchis au milieu de ce monde sans couleur. 

" Où est Tsillah ? "

" Cyra ! " 

Est-ce un bout de souvenir qui revient ? Mes yeux me brûlent et une chaleur désagréable s'est propagée sur mon visage. Je ferme les yeux en espérant que la sensation de tournis se dissipe rapidement. 

" Cyra, tu as promis de jouer avec moi, oublie Alastor, il est méchant avec tout le monde. " 

" Cyra ! Tu m'a promis de ne jamais me jeter !"

" Alastor a tué un chat !"

" Tsillah s'est battu avec les autres enfants, viens voir ! Ils pleurent comme des mauviettes, c'est trop drôle. "

" Ces enfants n'ont aucune empathie envers les autres" 

" Encore Tsillah semble plus doux que Cyra et Alastor. Ces deux là sont étranges, la première a l'air apathique de tout et le second rigole lorsque quelqu'un se blesse. " 

" Tsillah ! Dénonce toi à ma place ." 

Mes intestins  se retournent et la brûlure dans ma trachée me  secoue, il fait chaud, beaucoup trop chaud pour que ce soit normal. Mais mon dos semble se geler. Plus les souvenirs se battent pour remonter à la surface, moins mon corps le tolère. 

Qu'est-ce qu'il vient de se passer, la chaleur baigne ma main alors qu'il flaque de sang inonde cette dernière, penchée en avant, je viens de cracher du sang. 

Merde, ça serait ironique qu'à force d'être trouée, j'ai une fuite. 

BUILD A VILLAIN - ENCOURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant