SWORD 36

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Je me laisse tomber sur mon lit, la nuit est installée depuis longtemps mais je n'ai pu retrouver mes quartiers que tardivement. J'ai même l'impression que me changer me demanderait trop d'énergie. 

- Vous n'allez pas être très à l'aise pour dormir avec ces vêtements. 

Je souffle et dirige mon attention vers cette voix agaçante, il se tient appuyé contre la fenêtre. A croire qu'il aime se mettre en scène puisque la lumière des rayons de la lune sur ses cheveux blancs et son visage fin le fait paraître encore plus irréel qu'il ne l'est déjà. Ses iris de chat luisent dans la demi pénombre, ses bras croisés contre sa chemise froissée, je pourrais douter qu'Erebe soit le propriétaire de ces lieux au vu des allers et venus d'Alastor au sein du Palais. 

- Je n'ai ni l'envie, ni la patience pour vous écouter. 

- Je viens terminer une conversation qui a été interrompue. Mais vous êtes fatiguée. 

Il s'approche suffisamment pour atteindre le côté du lit, se penchant au dessus de moi, il me sourit et ses mains viennent décrocher les broches et décorations qui ornent et parent mon costume. Sa voix se fait plus douce :

- Enlevez au moins vos apparats, vous pourriez vous blesser dans votre sommeil. 

Je souffle et le laisse faire alors qu'il défait à ma ceinture, l'attache du fourreau de mon arme, la posant par terre doucement : 

- Vraiment ? Vous comptiez coucher avec votre épée ? Vous ne voudrez pas plutôt avoir une présence plus vivante à vos côtés. 

J'eu un sourire narquois en lui répondant : 

- Vous avez raison, j'ai toujours voulu avoir un chat. 

- Vous êtes mauvaise avec moi Ether. 

- Dit l'homme que je laisse me déshabiller. 

Il exagéra son ton outré, allant jusqu'à poser une main contre son poitrail comme si je l'avais profondément offensé : 

- Ne rendez pas cela pervers. 

Il effleura ma joue alors qu'il ne me restait plus que les couches de tissu dénuées de bijoux : 

- Nous aurons une conversation plus tard Ether, reposez-vous. 

Le magicien me couvra d'un plaid et la chaleur confortable engourdissait mes sens, l'épuisement de ces jours où côtoyer tout ce monde en gardant la face a été trop éreintant. Il est plus simple de planter une dague dans le ventre de quelqu'un que d'écouter l'hypocrisie des autres. 

Il pourrait très bien me tuer maintenant, ou tenter du moins mais il n'a jamais montré aucune hostilité, il a eu beaucoup d'occasions pour trahir la maigre confiance que je lui ai accordé jusque là. Il allait quitter mes côtés quand j'attrapa le revers de sa manche : 

- Alastor ... étions nous amis ? 

L'homme s'arrêta et s'accroupit pour être à la hauteur du matelas et de mon visage : 

- Oui. Nous étions tous les trois amis. Malheureusement je suis le seul qui n'a pas su avancer. Finalement, nous devrions peut être concourir au plus pitoyable. Tsillah est passé d'un enfant bâtard à Erebe, le Prince et héros. Et vous Cyra, l'enfant esclave êtes devenue la magnifique Duchesse Hemera. Quant à moi, Alastor, je ne suis qu'un humble mage. Votre mémoire a été scellée à votre arrivée au Palais et il n'y a plus que moi pour conter un passé qu'Erebe a enterré. Mais je ne crois pas non plus qu'il voulait vous nuire. Tsillah était un enfant égoïste et nous nous battions souvent pour avoir l'attention de la seule camarade de jeux qui voulait bien nous côtoyer à l'orphelinat. 

BUILD A VILLAIN - ENCOURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant