SWORD 55

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L'envie de vomir était une sensation dérangeante et la moiteur de ma propre haleine était insoutenable. Est-ce que j'arrive à bouger mon bras ? Je me sens lourde, comme trop consciente de ma propre personne. Ironique quand je n'étais rien et trop peu occupée à m'interroger sur moi même.

- Ether, je vais commencer à croire que je ne puis vous laisser seule.

Alastor se penche au dessus de moi et pose sa main froide contre mon front, la sensation est désagréable au vu de la différence de température. Ses pupilles jaunes scrutent ma composition, cherchant à savoir comment je vais.

- Un mage soigneur est en route. Je suis vraiment navré de ne pas avoir pu vous soigner. Mais je résonne bien mieux avec les éléments liés à la destruction.

Il est rare de voir un air sérieux sur ses traits moqueurs. Je n'ai pas envie de le voir, fermant les yeux, j'essaie d'occulter sa présence. La sienne, et la mienne car finalement je me rends compte que j'emprunte une voie où je souffrirai indubitablement à vouloir me venger d'un passé dont je n'ai pas vraiment fait parti, d'un autre passé dont je ne me souviens pas. Je me sens volée et en même temps puis-je perdre tout raisonnement sur mon état quand je ne sais pas qui je suis ou ce que je suis. Est-ce que savoir me rendrait ce qui a été perdu ? C'est une illusion, on ne peut pas récupérer ce genre de choses. Et en même temps ne rien faire ? Ce serait bien trop doux, trop facile et je ne pourrais pas faire semblant que je peux me contenter de passer outre. <<<et peut être, parce que justement je ne pourrais jamais posséder ma propre histoire, je dois arracher la sienne de sa voie toute tracée. Nous prenons tous des décisions qui impactent la vie des autres, nous nous ruinons entre nous car c'est tout ce que nous sommes capables de faire. Peu importe que cela soit par des volontés altruistes ou égoïstes car qui se rappelle de la cause ? Quand tout ce que l'on peut percevoir ce sont les conséquences.

- Ether, je me doute qu'il est compliqué pour vous actuellement de m'écouter. Je ne vous parlerai plus de ce qui s'est passé quand nous étions jeunes. Je vois bien que cela détériore votre esprit.

- Fermez la Alastor.

- Je maintiens que peu importe vos choix, qu'ils soient contradictoires ou qu'ils semblent sans sens, que si vous voulez changer d'avis, que vous voulez arrêter, continuer ou simplement prendre le temps d'y réfléchir, je m'y plierais Ether.

- Arrêtez de me faire croire que vous êtes un domestique, un espèce d'animal de compagnie prêt à tout pour avoir l'honneur d'avoir une petite tape sur la tête.

- Êtes-vous en pleine prise de pitié ? Car vous voyez votre ancien vous en moi ? A servir ? Sans rien attendre ? Sans faire de compromis car simplement je me plie à tout. Parce que vous avez donné votre âme à un maître qui ne s'est jamais retourné pour regarder si vous le suiviez car ... Simplement il savait que vous n'oseriez pas vous éloigner d'un seul pas. Vous n'aviez aucune laisse, mais vous êtes restée.

- Il suffit ! Vous me dégoutez.

- Non. La seule chose qui vous insupporte actuellement c'est vous même. Vous prenez conscience de votre état pitoyable et vous voulez vous venger. Mais est-ce réellement de Erebe ce petit connard imbu de lui même ou de vous ? Car vous vous êtes laissée faire, vous n'avez jamais tourner votre regard ailleurs que son dos, son dos vêtu de la cape bleu impériale. Vous êtes une victime. Vous devez choisir si vous en restez une ou si vous vous en relevez pour être une battante. Mais sachez que les faibles, j'en ai pitié et je les achève. Vous êtes l'exception Ether.

Mes mains autour de sa trachée, je sens sous ma paume le battement cardiaque de son pouls et son sourire stupide accroché à ses lippes me donne envie de lui arracher le visage. Il s'est laissé faire, sur le sol de cette chambre, ses cheveux blanc l'entourent comme un halo trompeur. Ses iris brillent de malice et je ressers ma prise. Je veux entendre ses os craquer pendant que je lui prive tout accès à l'oxygène.

Sa voix se meurt mais je peux encore l'entendre :

- Étrangle-moi, j'adore ça 

Quel détraqué ! Je suis a califourchon sur lui, mes cuisses encadrants son torse et mes ongles grattant l'épiderme pour lui faire mal.  Je n'ai pas tenté de l'immobiliser complètement car finalement je sais qu'il ne tenterait même pas de renverser la situation. Il se laisserait totalement faire et ça m'agace. Je le lâche et le regarde le souffle court et toussant pour reprendre une respiration normale. Son corps est soumis à quelques tremblements sous moi. Il vient masser sa gorge sans me quitter des yeux :

- Tu aurais pu continuer Cyra, pulchra avis mea. Mais la prochaine fois, Ether, vous pouvez me menacer avec une lame, ça m'excitera bien plus.

- Vous ne savez pas vous arrêter, n'est-ce pas ?

Il se contenta de hausse les épaules, il vint poser une main dans le bas de mon dos et se redressa pour venir murmurer à mon oreille :

- Vous aimez ce coté de moi, autant que vous aimez savoir que vous n'êtes pas seule. Parce que pour la première fois de votre vie, vous êtes le centre de l'attention.

- C'est faux.

- Le centre de mon attention Ether.

Je le repoussa et me leva, la pièce semblait tanguer après ces efforts soudain, la sensation de se battre pour la survie, parce que je dois tenir a occulté les vertiges et mes muscles engourdis. Je deviens faible. Je ne peux pas l'être car ça reviendrait à admettre que je suis dénuée de sens.

- Dites moi plutôt ce qui s'est passé avant que je ne perde connaissance.

- Le sort qui scelle votre mémoire est plus fort que je ne pensais, et plus nous cherchons à évoquer des choses oubliées, plus les réactions seront violentes. Quant à notre départ j'ai dû utiliser un sort puissant. Normalement je ne peux pas déplacer une autre personne avec moi. Enfin ça demande une appétence que je n'ai pas. Vous savez le mana est différent chez tout le monde.

- Et où sommes-nous ? Et bien j'ai quelques contacts dans la capitale. Nous nous trouvons chez un ami.

- Je ne dirais pas que nous sommes amis Alastor.

Je me tourna vers la voix froide et rencontra le visage familier du général ayant quitté sa position pour me suivre dans le nord. Evan s'appuie contre le battant de la porte :

- Nous sommes à la résidence secondaire de ma famille. Ne vous en faîtes pas Séléné vit au château et mes parents n'ont cure de cet endroit et préfère leur manoir principal sur leur terre. J'ai dit à Alastor de vous emmener ici lorsque vous avez sombré.

- Merci Evan.

- Que comptez-vous faire ?

- Je maintiens ce que j'ai dit. Borée déclare son indépendance, car un jour je dévorerai l'Empire Nychta dans mes ténèbres.

BUILD A VILLAIN - ENCOURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant