SWORD 41

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Les gens font de rien un drame, Chioni s'est précipitée à côté de moi, m'inspectant tout en posant quelques questions précises pour déterminer l'origine du sang qui couvre le revers de ma manche :

- Où vous êtes vous blessez Madame ? 

- Ether, qu'est-ce qu'il s'est passé ? 

- Maître ! 

Dire que pour si peu de sang ils s'affolent, heureusement qu'ils ne m'ont pas vu cracher les caillots de sang, j'ai pu me rincer la main et essuyer le coin de ma bouche carmin avant de descendre dans le salon principal. 

- Ce n'est rien, cessez de vous affoler comme des cochons à l'abattoir. 

- Madame, veuillez me laisser au moins nettoyer vos vêtements. 

Je n'avais pas le temps de contester que la bonne avait trempé un tissu d'eau pour estomper la tâche rougeâtre de ma chemise. 

Alastor balaya l'inquiétude rapidement alors qu'Evan avait toujours l'air contrit, ce que remarqua aussi le mage :

- Si vous ne savez faire que vous inquiéter, je ne vois pas votre utilité ici. Ne devriez pas rentrer chez vous ? 

- Je dois régler les détails pour être transféré à votre service Maître. Je reviendrai rapidement. 

Il avait délibérément ignoré Alastor et s'était adressé à moi en sa qualité de chevalier ayant juré allégeance à ma personne, ce que j'ai encore du mal à croire. Je ne comprends pas quel est son intérêt ici. 

- Vous avez prêté serment ? Alors que vous êtes le Général de l'Armée de l'Empire, j'espère que ce n'est qu'une vaste blague ! 

L'être surhumain fulminait, il s'approcha dangereusement de Evan et ce dernier, non pas inconscient de l'animosité brute du mage, sortit son épée, ce qui provoqua le rire condescendant d'Alastor. 

- Je vais adorer vous torturer !

- Madame que faisons-nous ?, couina la servante. 

Malgré sa peur devant la tension et le combat imminent, elle s'était placée devant moi comme si elle pouvait faire quoi que ce soit pour me "protéger". 

- Vous n'êtes qu'une enflure !

- Oh regardez le chien de la garde impériale aboyer ! 

- Il suffit, Alastor. 

Il pencha la tête sur le côté, m'observant avec une moue attristée d'avoir été interrompue dans sa soif de combat, il rangea ses mains derrière son dos comme un enfant pris en pleine bêtise. Se balançant d'un pied à l'autre, il minauda : 

- Mais Ether, je n'allais pas vraiment lui faire du mal, après tout, il a choisi ton parti. 

Evan ne baissa pas sa garde, mais il relâcha légèrement sa prise autour de son arme devant l'air faussement innocent de son ennemi. 

- Evan, réglez vos affaires. Et je vous prie de revenir sous les bonnes couleurs. 

- Je connais quelques soldats qui sont prêts à vous suivre, je peux les convaincre de venir à Borée. 

- Faîtes comme bon vous semble. 

- Je partirais à l'aube. 

Il s'inclina et accorda un dernier regard sombre à Alastor avant de quitter la pièce, il était à peine arrivé qu'il devait se préparer à reprendre une longue route. Les nuits avaient été courtes et peu reposantes sur le chemin aller. 

- Ether, vous vous fiez à lui ? 

- Autant qu'à vous. Chioni, allez chercher du thé je vous prie. 

Elle partit rapidement et prit soin de fermer les lourdes portes derrière elle, comprenant qu'elle devait faire preuve de discrétion. 

- Il pourra vous trahir, qu'est-ce qui vous garanti que dès son arrivée à la capitale, il ne déclare pas la guerre à Borée, sous le drapeau de l'Empire ? Qu'il n'a fait tout ça, seulement pour connaître vos faiblesses ? 

- Et vous ? Qu'est-ce qui me garantit que vous ne m'utilisez pas pour régler vos comptes avec Erebe ? Vous vous détestez et j'ai servi d'arme une fois, alors qu'est ce que ça changerait de l'être une deuxième fois ? 

- Ether, je suis navré de ne pas avoir pu apaiser vos craintes. Mais si vous le désirez, je peux enchaîner une promesse à mon coeur, car rien ne m'est plus précieux que vous. Traitez moi de menteur si vous le souhaitez, ne partagez pas vos émotions et vos volontés, annihilez moi, faîtes de moi un gâchis,  peu importe. Tant que c'est ce que vous souhaitez. Je ferais tout pour que vous ayez quiétude et paix. 

- Les mots sont faibles, la confiance n'amène qu'à la trahison. Nous ne sommes jamais meurtri par nos ennemis, du moins pas moi. 

Il fit apparaître un pentacle rouge sur le dos de sa main, il posa sa paume contre son torse, là où se cachait son organe vital :

- Alastor, maître de la Tour de Magie, jure de protéger la Duchesse Ether Hemera. 

- Alastor, arrêtez !

- Si elle advient à perdre la vie, alors il en sera de même de ma personne et de ce monde. Que mon existence ne soit que souffrance et douleur si elle me juge inutile et me demande de partir, je renoncerai à mes pouvoirs et les scellerai tant que je ne trouverai pas grâce à ses yeux et ses voeux. 

Mais quel idiot ! La promesse scellée d'un mage est plus cruel que celle d'un chevalier qui ne salit "que son honneur" dans le processus, ici c'est comme enchaîner son être aux conditions citées. La magie joue le rôle de juge en cas de non respect de celui qui prononce son serment. Et ce clown est en train d'enchaîner sa vie à la mienne alors que j'ai déjà démontré que mon espérance de vie n'était pas des plus longues. 

Je me me précipite vers lui et j'ai presque envie de lui trancher le visage pour qu'il arrête d'aborder ce sourire stupide, il ouvre sa chemise et je peux y voir, comme une gravure dans le marbre, des symboles étrange en haut de son pectoral gauche. 

- Vous êtes complètement cinglé ! 

Je tenais les pans de son col, observant le pacte luire doucement avant de se fondre dans sa peau. 

- Madame, ... Oh ! Eole, pardon, je ne vous dérangerais pas. 

Chioni en fait presque tomber son plateau de thé, s'échappant rapidement. Quel genre de malentendu va naître ici ? 

Alastor rit et ses mains se posent contre la surface moelleuse du sofa, écartant encore un peu les jambes alors que je suis entre elles, penchée au-dessus de lui, le tissu froissé de sa chemise dans sa poigne. 

- Fermez la Alastor. 

- Oh ne me jetez pas maintenant Ether. Quoi que vous êtes si belle en colère. 

- Je vais te battre à mort Alastor ! 

- Cela serait utiliser votre énergie à mauvais escient, il suffit que vous disiez ces mots pour que ma vie soit plus sombre que l'arrêt de celle-ci: Alastor, vous ne me servirez plus, je romps votre parole. 

- Arrêtez de jouer. 

- Mais Ether, depuis le début, avec vous, je ne joue pas. Parce que je vous estime. 

- Comment pouvez-vous dire ça ? Je ne suis pas cette Cyra dont vous semblez vous rappeler, je ne suis plus le Corbeau Noir et Ether Hemera est un masque sans âme. 

- Vous vous trompez, c'est une page vierge dont vous pouvez écrire l'histoire. Alors dîtes moi, souhaitez vous être une victime ou une survivante ? 

BUILD A VILLAIN - ENCOURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant