Chapitre 47 : Deux années de perdues

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Je prends une gorgée dans le verre à pied contenant du vin rouge hors de prix. Une main sur la barre du balcon d'un immeuble de LA. L'appartement surplombe toute la ville, évidemment quand on connaît le propriétaire, encore un fils de... Celui-là est le fils d'un designer très prisé dans le monde entier.
Deux ans se sont écoulés depuis ce fameux jour où mon père a pris le contrôle de ma vie entière. Ce vieux taré, m'a envoyé ici ce soir sans scrupule.

Ayant besoin d'un peu d'air, je suis venue sur le balcon. Je regarde le ciel, le soleil brûlant réchauffe ma peau, et le bruit de l'agitation de la ville m'apaise. Je me penche un peu au-dessus de la rambarde, si je saute maintenant, peu de chances que je survive. Je ne suis pas aussi désespérée pour sauter, mais quand je repense à ma vie ces deux dernière années, je n'en suis pas loin. Vraiment pas loin.

Je me redresse, bois une gorgée et je me reprends. J'ai un vol à prendre ce soir. Plus vite, j'ai fini avec ce fils de, plus vite, je serais libre. Avec un peu de chance, j'aurais même le temps de repasser par la maison pour me reposer un peu. Je rentre et dépose mon verre sur la table. La pièce de vie est épurée, très contemporaine. Le décor est si élaboré, on ne peut pas s'attendre à moins d'une famille de designer. L'appartement est rempli d'œuvres contemporaines hors de prix.

« Vous avez un très bel appartement. »

Je dis ça avec un sourire et une douceur qui sonne faux, mais ça seulement moi le sais. Je fais semblant de m'intéresser aux différentes œuvres, ce soudain intérêt me permet d'éviter son regard de pervers sur mon corps. Je souris à l'homme assis en face de moi. Mon apparence lors de ces rendez-vous est pensée jusqu'à la teinte du rouge à lèvre pour me rendre irrésistible pour ces stupides hommes. Mon père est calculateur, je ne comprenais pas vraiment comment il avait pu construire un tel empire si rapidement, mais maintenant que je le côtoie de si prêt, je comprends.

« Merci, j'ai supervisé moi-même la décoration. »

Super, est maintenant, tu attends que je te félicite ? Je lui souris faussement. Il a 26 ans, mère italienne, père anglais, blond aux yeux verts, il aime les filles douces avec des cheveux longs et bouclés. Mon père m'a envoyé tout un dossier pour que je le cerne avant de m'envoyer comme buffet pour ce type juste pour que nos familles s'associent. Je vais m'asseoir sur un fauteuil. Je lui montre alors les catalogues de nos différents produits, je lui demande son avis, faisant semblant de m'intéresser à ses remarques. Puis subtilement, je parle des possibilités pour que son père participe à notre nouveau projet.

Je sens alors sa main se déposer sur ma cuisse, je me retiens pour lever les yeux au ciel. Tellement prévisible que ça me donne envie de vomir.

« Vous êtes ravissante Mademoiselle Han Sarang. Puis je vous appelez comme ça ? »

Je souris timidement, et fais comme si j'étais gênée. J'écarte ma jambe afin que sa main ne me touche plus. Si seulement je pouvais lui donner une droite, mais je dois être douce et gentille, une bonne fifille. Je lui réponds qu'il peut évidemment.

« Quand j'étais en Allemagne, il y a quelques années, il y avait des rumeurs qui décrivaient la fille de la famille Han comme quelqu'un d'agressifs et violente. Maintenant, que j'ai l'occasion de vous rencontrer.


- Ne croyez pas toutes les rumeurs, il y en a toujours des invraisemblables.

- Vous avez raison. Dit il en souriant. Je m'excuse pour...

- Disons que votre main a dérapé ? »

Je lui lance un regard joueur.

Nous parlons pendant une trentaine de minutes, et arrive enfin, le moment ou je peux sortir de cet immeuble. Je tiens fermement mon sac, le contrat signé à l'intérieur. Je monte dans la voiture qui m'attend, et je fais signe à mon chauffeur américain d'y aller.

« On va au siège, je veux déposer ça à mon père. Je dois terminer un dossier avant de partir ce soir.

- Très bien mademoiselle. »

Je soupire, je suis fatiguée. Le monde des affaires est exactement comme l'océan. Les vagues viennent chacune après les autres, sans jamais s'interrompent, ceux qui survivent apprennent à surfer pour les maîtriser. Florence me regarde avec inquiétude.

« Iseul, voulez-vous manger avant ?

- Je mangerais dans l'avion.

- Votre frère a appelé durant votre entretien.

- Je le rappellerai plus tard. Je suis fatiguée. »

Je dois le rappeler depuis une semaine déjà. Sangie pensait que je ne tiendrais pas une semaine avec ce rythme, il n'avait pas tord. Travailler avec mon père est un calvaire, tout va très vite et me semble toujours hors de portée. Les voyages, les contrats, les faux-semblants... Tout ça est si loin de ce à quoi j'aspirais avant. Quand j'ai du temps libre, il faut que j'étudie les marchés, le cours de la bourse, et évidemment les cérémonies et évènements où j'ai l'obligation de me montrer et de nouer des liens. Au bout d'une semaine, je voulais tout arrêter, mais je ne l'ai pas fait. Je ne suis plus la petite fille qui s'énerve et qui abandonne tout dès que les choses ne vont pas comme elle veut. J'ai donné ma parole, et j'aime trop Sangie pour lui faire revivre tout ça. J'ai pris sur moi, et j'ai vécu ces deux années interminables, enfin vécu est un bien grand mot. Survécue, serait plus juste. 

En arrivant, je fonce dans le bureau de mon père, sans demander quoi que ce soit à cette foutue secrétaire. Je dépose brusquement le contrat signé sur tous les autres papiers que mon père était en train de lire.

« Voilà le contrat signé. Je pars pour Shanghai ce soir, pour l'ouverture de la succursale de...

- Non tu n'y pas plus.

- Comment ca je n'y vais plus ?

- J'ai un autre travail pour toi, je vais envoyer un représentant.

- Quel genre de travail.

- J'ai besoin que tu rencontres quelqu'un à ma place, une réunion inattendue s'est programmée le même jour que cette rencontre et je ne peux annuler ni l'une ni l'autre.

- C'est à propos de quoi ? Si c'est si important maman ne peut pas y aller ?

- Elle est déjà occupée.

- Okay. Dis-je en soufflant.

- Tiens le dossier »

Je repars de son bureau, je ne sais pas pourquoi j'ai un mauvais pressentiment, ce ne lui arrive jamais ce genre de choses. Enfin bref, j'aurais le temps de lire le dossier plus tard. Je m'installe à mon bureau et commence à travailler.

Mon dossier bouclé, je m'étire en baillant et attrape mon téléphone.

« Allo Sangie ?

- Oh Iseul ? Désolée... il s'est endormi dès qu'il est rentré.

- Ah ! Je sais que j'appelle tard. Est-ce que tu peux lui dire que j'ai appelé Seul Ah ?

- Oui sans aucun souci.

- Alors ? Il parait qu'il s'est enfin décidé pour te demander en mariage ?

- Iseul ! »

Je la taquine, je l'imagine toute rouge comme à chaque fois que lui reparle des fiançailles.

« Qu'est-ce qu'il attend ! Han Seul Ah ça sonne bien non ? »

Nous rigolons un moment, ils se sont fiancés l'année dernière. Mes parents ne s'y sont même pas opposés. J'ai failli tombé de ma chaise quand ils nous ont annoncé ça et qu'ils n'ont même pas eu l'air surpris. Évidemment ils étaient déjà au courant de l'existence de Seul ah, ces eux là ont passé des années ensemble en Corée à vivre sous le même toit. J'imagine que les parents étaient au courant depuis le début. Quand Seul Ah était enfin venue les rencontrer, elle était si mal à l'aise. Seule ma mère a fait l'effort de la mettre à l'aise, mon père avait gardé un visage figé ne laissant rien transparaître. Ils avaient alors donné leurs bénédictions. Mon père avait demandé à Sangie de réussir sa carrière avant de se marier. J'étais heureuse pour eux, sincèrement, après tout ce qui c'était passé. 


Dragon VS LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant