Chapitre 10 : Un rayon d'espoir

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Deux jours passèrent à se nourrir de framboises. Aucune trace d'urbanisation. Leur corps avait considérablement maigri. Leurs habits étaient à présent remplis de taches vertes provenant de l'herbe. Et leur ventre ne s'arrêtait jamais de crier ô famine. Sans compter l'odeur qui émanait d'elles et qu'elles ne sentaient plus.

Des arbres, des buissons et des arbres. Aucune pancarte à l'horizon. Elles perdaient espoir de trouver une ville pour enfin se remplir convenablement l'estomac, jusqu'à ce que...

Biip biip biip... dans tous les sens, ce son résonnait. La première fois depuis des jours qu'elles entendaient ce son. Cela ressemblait à des klaxons de voitures.

Emilie et Thaïs coururent vers ce bruit, malgré leurs faibles membres.

Des voitures ! Une route ! Des panneaux ! Des gens !

Les fillettes sortaient enfin de ce calvaire verdoyant ! Elles passèrent ainsi de l'herbe verte à un trottoir gris et terne donnant sur une route embouteillée où les klaxons grondaient de toute part.

Malgré le monde, elles réussirent à se frayer un chemin pour rejoindre l'autre côté de la route.

- Là, un supermarché, dit Emilie en montrant du doigt un bâtiment industriel.

- Mais, on n'a pas d'argent... dit Thaïs.

Emilie ne prêta pas attention à ses paroles et se dirigea, le ventre grognant, vers le magasin. Thaïs la suivit.

Elles traversèrent la route sur le passage piéton à vingt mètres d'elles. Les conducteurs et les passants ne semblaient pas les voir, ni même remarquer leurs tenues souillées par leur séjour en forêt. Sans doute les prenaient-elles pour des mendiantes.

Un vigil était posté à l'entrée du bâtiment. Lunettes noires, costume noir... les jeunes amies le regardèrent de travers du fait de sa ressemblance avec les mafieux, eux aussi habillés de cette même façon. En passant devant lui, elles se serrèrent l'une contre l'autre et avancèrent rapidement, de peur qu'il les reconnaisse. Puis, à l'intérieur, elles se dirigèrent vers le rayon de fruits et légumes.

- Tu veux quoi ?

- Euh... mais je te répète qu'on n'a pas d'argent... chuchotait Thaïs pour ne pas se faire entendre par les hommes de la sécurité.

Emilie lança des regards à droite et à gauche avant de se retourner sur les grappes de raisins et d'en détacher quelques grains pour aussitôt les avaler. Thaïs se tut un instant. Elle voulait bien répliquer, lui dire que ce n'était pas bien de voler, mais son estomac avait si faim et ne tenant plus, elle détacha à son tour plusieurs grains de raisins.

- Techniquement, comme ils ne sortent pas du magasin, on ne peut pas dire qu'on les vole, chuchota la maligne tête brune. Tiens, tu veux du pain ?

Cette dernière empoigna une baguette, lui en arracha deux bons morceaux puis discrètement en tendit un à son amie.

Toutes deux visitèrent le reste des rayons du supermarché en mangeant leur bout de pain.

Le pain terminé, les plateaux de dégustations et quelques bonbons engloutis, elles quittèrent le restaurant.

- Ça te dit de se promener un peu en ville ? proposa Thaïs.  

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